mardi 19 juillet 2016

19 juillet 2016 : deux sortes de bleu : le sublime et l'affligeant



ce bris des préjugés et des coutumes, qui est pour l'homme d'intelligence l'un des plus clairs profits du voyage...
(Marguerite Yourcenar, Le tour de la prison, Gallimard, 1991)

Par ces temps de canicule, rien de plus rafraîchissant que d'aller s'enfermer dans les salles obscures aux heures les plus chaudes le journée, c'est-à-dire l'après-midi. Ce que j'ai fait hier, pour deux films qui sentent bon les vacances, mais de qualité très différente.


Après avoir vu L'effet aquatique, je ne crois pas être prêt à partir pour l'Islande et ses piscines où de véritables dragons nous obligent à nous dévêtir entièrement pour passer sous la douche et vérifient si on s'est correctement lavé en suivant les instructions affichées : tête, aisselles, parties génitales, pieds... L'héroïne, Agathe, pourtant maître-nageuse à Montreuil, envoyée là-bas pour participer à un congrès international de maîtres-nageurs, doit s'y plier comme les autres, bien que n'ayant pas l'habitude du nudisme des autochtones. C'est pourtant dans ce pays froid qu'elle va se rendre compte qu'elle aime aussi Samir – son amoureux transi qui l'y a suivie. Comédie sentimentale donc, très drôle, avec des personnages truculents, tant à Montreuil (le directeur de la piscine joué par l'inénarrable Philippe Rebbot) qu'en Islande, où j'ai retrouvé avec plaisir des acteurs vus dans Sparrows, autre très bon film islandais. On passe du monde aquatique sophistiqué (les piscines publiques) au monde sauvage des lacs islandais d'eau naturellement chaude. L'effet aquatique reprend les personnages déjà vus dans deux des précédents films de Solveigh Anspach, dont celui-ci sera le dernier, puisqu'elle est morte récemment. J'ai toujours admiré ses films, cette manière de jouer avec les éléments, l'air (le personnage de Samir, grutier), l'eau, évidemment, thème du film, et la terre, avec cette magnificence des montagnes islandaises. L'effet aquatique est superbe. Un très bon moment.


Je n'en dirai pas autant de Camping 3 : le plus faible de la série, et pourtant je suis généreux d'habitude. Le choc des générations est certes assez bienvenu, le héros qui a embarqué trois jeunes co-voitureurs se trouve contraint de les accueillir aussi sous sa tente. Il est au chômage, mais une voyante lui a prédit une bonne nouvelle s'il faisait du bien : il va donc prendre en charge les trois minots, jusqu'à faire croire (contre toute évidence) lors d'une réception qu'il est le père de l'un des trois, Robert, celui qui est noir ! Patrick Chirac, c'est son nom (Franck Dubosc, un peu décati pour jouer les campeurs dragueurs) applique donc sans le savoir ce que conseillait Léon Tolstoï, dans une lettre à Romain Rolland, du 4 octobre 1887 : "La formule morale la plus simple et courte, c'est de se faire servir par les autres aussi peu que possible, et de servir les autres autant que possible. D'exiger des autres le moins possible et de leur donner le plus possible." Donc quelques bonnes choses tout de même. Mais la mise en scène est paresseuse et molle, et voir des acteurs vieillissants dans des rôles pitoyables (Gérard Jugnot, Claude Brasseur, Mylène Demongeot) fait regretter la grande époque du cinéma français et, par exemple La fin du jour de Duvivier, où tout de même Michel Simon, Louis Jouvet, Victor Francen, Gabrielle Dorziat et Sylvie étaient mémorables. Ici, le crépuscule de ces « vieux » est navrant, on a honte pour les acteurs. On va se hâter d'oublier ce film.

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