ce
bris des préjugés et des coutumes, qui est pour l'homme
d'intelligence l'un des plus clairs profits du voyage...
(Marguerite
Yourcenar, Le
tour de la prison,
Gallimard, 1991)
Par
ces temps de canicule, rien de plus rafraîchissant que d'aller
s'enfermer dans les salles obscures aux heures les plus chaudes le
journée, c'est-à-dire l'après-midi. Ce que j'ai fait hier, pour
deux films qui sentent bon les vacances, mais de qualité très
différente.
Après
avoir vu L'effet aquatique,
je ne crois pas être prêt à partir pour l'Islande et ses piscines
où de véritables dragons nous obligent à nous dévêtir entièrement
pour passer sous la douche et vérifient si on s'est correctement
lavé en suivant les instructions affichées : tête, aisselles,
parties génitales, pieds... L'héroïne, Agathe, pourtant
maître-nageuse à Montreuil, envoyée là-bas pour participer à un
congrès international de maîtres-nageurs, doit s'y plier comme les
autres, bien que n'ayant pas l'habitude du nudisme des autochtones.
C'est pourtant dans ce pays froid qu'elle va se rendre compte qu'elle aime
aussi
Samir – son amoureux transi qui l'y a suivie. Comédie sentimentale donc, très drôle, avec des personnages
truculents, tant à Montreuil (le directeur de la piscine joué par
l'inénarrable Philippe Rebbot) qu'en Islande, où j'ai retrouvé
avec plaisir des acteurs vus dans Sparrows,
autre très bon film islandais. On passe du monde aquatique
sophistiqué (les piscines publiques) au monde sauvage des lacs
islandais d'eau naturellement chaude. L'effet aquatique reprend les personnages
déjà vus dans deux des précédents films de Solveigh Anspach, dont
celui-ci sera le dernier, puisqu'elle est morte récemment. J'ai
toujours admiré ses films, cette manière de jouer avec les
éléments, l'air (le personnage de Samir, grutier), l'eau,
évidemment, thème du film, et la terre, avec cette magnificence des
montagnes islandaises. L'effet aquatique
est superbe. Un très bon moment.
Je
n'en dirai pas autant de Camping 3 :
le plus faible de la série, et pourtant je suis généreux
d'habitude. Le choc des générations est certes assez bienvenu, le
héros qui a embarqué trois jeunes co-voitureurs se trouve contraint de les
accueillir aussi sous sa tente. Il est au chômage, mais une voyante
lui a prédit une bonne nouvelle s'il faisait du bien : il va
donc prendre en charge les trois minots, jusqu'à faire croire (contre toute évidence) lors
d'une réception qu'il est le père de l'un des trois, Robert, celui
qui est noir ! Patrick Chirac, c'est son nom (Franck Dubosc, un
peu décati pour jouer les campeurs dragueurs) applique donc sans le
savoir ce que conseillait Léon
Tolstoï, dans une lettre à Romain Rolland, du 4 octobre 1887 :
"La
formule morale la plus simple et courte, c'est de se faire servir par
les autres aussi peu que possible, et de servir les autres autant que
possible. D'exiger des autres le moins possible et de leur donner le
plus possible."
Donc quelques bonnes choses tout de même. Mais la mise en scène est
paresseuse et molle, et voir des acteurs vieillissants dans des rôles
pitoyables (Gérard Jugnot, Claude Brasseur, Mylène Demongeot) fait
regretter la grande époque du cinéma français et, par exemple La
fin du jour de
Duvivier, où tout de même Michel Simon, Louis Jouvet, Victor
Francen, Gabrielle Dorziat et Sylvie étaient mémorables. Ici, le
crépuscule de ces « vieux » est navrant, on a honte pour
les acteurs. On va se hâter d'oublier ce film.
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