Qui
a raison ? Le moujik autarcique qui remet son âme au ciel mais ne
pénètre jamais dans un magasin ? Ou le moderne athée, affranchi de
tout corset spirituel, mais qui est contraint de téter les mamelles
du système et de se plier aux injonctions imposées par la vie en
société ? Faut-il tuer Dieu, mais se soumettre aux législateurs,
ou bien vivre libre dans les bois en continuant à craindre les
esprits ?
(Sylvain
Tesson, Dans les forêts de Sibérie,
Gallimard, 2011)
De
retour de La Rochelle, et sans encore avoir vu le film tiré du livre
de Sylvain Tesson, je me pose la même question. Hélas, j'ai été
confronté à La Rochelle, à bien des modernes athées, qui sont
parfaitement adaptés à la vie en société actuelle : non
seulement ils tètent les mamelles du système mais ils en
redemandent. Jamais vu – il est vrai que c'était aussi le période
des soldes et le début des vacances – autant de consommateurs en train d'adorer le veau
d'or !
Ceci
étant, le Festival de cinéma de La Rochelle était encore une fois
de grande qualité. Admirablement reçu chez mes amis
d'Angoulins-sur-Mer, et bien que restant cette fois un nombre
restreint de jours (quatre complets), j'ai pu voir quelques
classiques plus ou moins oubliés (Les Vitelloni de
Fellini, vu pour
la première fois sur grand écran, et Ordet
de Dreyer, jamais revu depuis cinquante ans, lors d'un ciné-club
étudiant : je l'ai comparé à la sortie, à "Notre-Dame
de Paris",
tant c'est un film exceptionnel, comparé aux films
récents ! Et le public
avait bien l'air d'être d'accord avec moi, qui a vigoureusement
applaudi à la fin de la projection).
Alberto Sordi (image Wikipedia)
L'hommage
à Alberto Sordi, acteur italien de qualité, (mais qui n'a jamais
atteint la notoriété d'un Marcello Mastroianni ou d'un Vittorio
Gassman, ou d'un Nino Manfredi, par exemple), sorte de Fernandel
italien, qui a, comme le nôtre, tourné dans un grand nombre de
navets, a été l'occasion pour moi de redécouvrir ce formidable
acteur comique, dans des films comme Mafioso
(d'Alberto Lattuada), Il boom (de
Vittorio De Sica), La plus belle soirée de ma vie
(d'Ettore Scola) ou Un héros de notre temps
(de Mario Monicelli), à l'époque de l'apogée de la comédie
italienne (1950-1980). Il interprète à la perfection l'homme ordinaire, un peu veule, un peu lâche, un peu obsédé par le sexe et l'argent, et chacun de nous peut se reconnaître en lui.
la Grosse horloge, près de laquelle se trouvent les cinémas de projection
Mais
j'ai vu aussi quelques inédits : un très bon film turc (La
tour de guet), un formidable film
portugais (Lettres de guerre, d'après un livre d'Antonio Lobo Antunes qu'il me tarde de lire)
et un film chilien plus moyen (Tout va bien).
Enfin, un film espagnol sur un cargo (Dead slow ahead :
pourquoi diantre donner des titres en anglais ???) : une sorte
d'essai poétique, qui m'a forcément parlé, moi, l'adepte des voyages en
cargo, et qui espère bien en faire un de plus en 2017 ou 2018 !
Mon
séjour à La Rochelle a été marqué par ma rencontre avec Claude
A., mon ami charentais, avec qui j'ai pu discuter de mes projets
futurs et surtout des siens. J'ai revu aussi Catherine L., qui m'a reparlé du Festival de Ouagadougou qui aura lieu l'an prochain.
J'ai également témoin d'un épisode qui ne m'a guère surpris : alors que je m'acheminais vers le cinéma Olympia pour voir un film, après avoir quitté Claude, j'ai été témoin de l'incident suivant : rue du Chaudrier, un homme en fauteuil roulant mécanique est tombé de son fauteuil, lors du croisement avec une rue. L'homme avait une jambe vide, il était particulièrement lourd, et il a fallu se mettre à quatre pour le soulever et le remettre dans son fauteuil. Un monsieur et moi l'avons poussé (en le maintenant assis) jusqu'à l'arrêt de bus, place de Verdun : il n'arrêtait pas de nous dire "Mais je vous fais perdre votre temps, je vous fais perdre votre temps". Nous l'avons même aidé à monter dans le bus, car nous voyions bien qu'il n'y arriverait pas tout seul !
Claude
J'ai également témoin d'un épisode qui ne m'a guère surpris : alors que je m'acheminais vers le cinéma Olympia pour voir un film, après avoir quitté Claude, j'ai été témoin de l'incident suivant : rue du Chaudrier, un homme en fauteuil roulant mécanique est tombé de son fauteuil, lors du croisement avec une rue. L'homme avait une jambe vide, il était particulièrement lourd, et il a fallu se mettre à quatre pour le soulever et le remettre dans son fauteuil. Un monsieur et moi l'avons poussé (en le maintenant assis) jusqu'à l'arrêt de bus, place de Verdun : il n'arrêtait pas de nous dire "Mais je vous fais perdre votre temps, je vous fais perdre votre temps". Nous l'avons même aidé à monter dans le bus, car nous voyions bien qu'il n'y arriverait pas tout seul !
J'ai
forcément pensé à Claire et à ces quelques mois en fauteuil
roulant en 2008-2009 et à la galère que c'était dans les rues de
Poitiers. Celles de La Rochelle ont l'air mieux adaptées, et
pourtant, aux croisements, inévitablement, les fauteuils roulants
coincent. Si personne ne tient le fauteuil et ne pousse, c'est
quasiment impossible de traverser seul les rues ! On a encore
beaucoup à faire et à améliorer en ce domaine...
les fameuses roses trémières d'Angoulins
Être
à vélo fait faire connaissance avec les autres cyclistes :
hier en rentrant sur Angoulins, j'ai rencontré Anatole, un
très jeune (18-20 ans ?) qui voulait rallier Royan, et aujourd'hui
dans le train est monté à Châtellaillon-Plage, en même temps que
moi, Jean-Gabriel, un autre cycliste qui venait de Roscoff et voulait rejoindre Périgueux : éclairagiste (statut d'intermittent du spectacle de son état). Ils ont ma
carte, vont-ils me contacter ? En tout cas, je les ai invités
à passer chez moi, si l'occasion se présentait !
sur la piste cyclable en revenant du Festival
Vivent
le vélo, le cinéma et l'amitié !
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