Novembre
1971 :
Écrire, c'est vouloir donner un sens à notre souffrance.
(Alejandra
Pizarnik, Journaux,
1959-1971)
Aussi
étrange que cela paraisse, chaque fois qu'il m'arrive quelque chose
de grave (et quoi de plus terrible que de ne plus pouvoir pisser, je
ne souhaite ce malheur à personne), et vu mon âge, je pense que
cette fois c'est la fin. Ou du moins le commencement de la fin !
Car n'en déplaise aux flatteurs qui, dans le tram (une femme il n'y
a pas longtemps à Bordeaux) ou dans le train (un homme l'autre jour
entre Bordeaux et Agen), j'ai bel et bien 66 ans et non pas 50 :
dragueuse et flatteur, va !
Et
si je veux encore pouvoir faire mon long voyage en cargo de janvier à
mars prochain, il va me falloir faire réviser toute la machinerie,
et en premier lieu les points faibles, la prostate et le colon. "Moi,
mon colon, celle que je préfère, c'est la prostate de 14-18",
comme pourrait chanter Brassens. Le plus curieux, c'est que j'avais
parlé du problème cet été chez ma sœur Monique, et qu'on avait
attrapé le fou-rire, quand j'avais commencé à parodier les titres
de films avec La
prostate sifflera trois fois.
Je croyais pas si bien dire ! Depuis, j'ai augmenté mes
parodies : le western américain, bien sûr, s'y prête bien :
My
darling prostate,
L'homme
qui tua la
prostate,
La
prostate sauvage,
3
h 10 pour la prostate,
La
vengeance aux deux prostates,
par exemple. Le film noir aussi : Le
point de non prostate,
La
soif de la prostate,
Les
prostates ne dorment pas la nuit,
La
prostate ne renonce jamais,
Pas
de printemps pour la prostate,
Enquête
sur une prostate au-dessus de tout soupçon,
La
prostate était presque parfaite,
Que
la prostate meure,
etc. Et le western italien donc : On
l'appelle Prostate,
Pour une poignée de prostates,
Le
bon, la brute et la prostate...
il n'est pas jusqu'aux grands classiques de Charlie Chaplin (La
ruée vers la prostate,
Les lumières de la prostate, Monsieur
Prostate),
de Buster Keaton (La
croisière de la prostate,
Le
mécano de la prostate),
de Marcel Carné (Les
visiteurs de la prostate,
Les
enfants de la prostate,
Drôle
de prostate)
qui s'y prêtent aussi. Même Jean Renoir : Partie
de prostate,
La
prostate humaine,
La
règle de la prostate,
La
prostate épinglée.
Et les films dialogués par Audiard : La
prostate flingueuse,
le
drapeau noir flotte sur la prostate,
La
prostate se rebiffe,
les
métamorphoses de la prostate.
Je me marre et je suis sûr que les cinéphiles retrouveront les
titres originaux. Même les comédies musicales pourraient traiter de la
prostate : Chantons
sous la prostate,
Prostate
side story,
My
fair prostate,
La
mélodie de la prostate, Les prostates de Rochefort...
Sans parler de la science-fiction : 2001
l'Odyssée de la prostate,
La
guerre des prostates,
et je ne parle pas des péplums, Les
dix prostates,
Samson
et la prostate,
Hercule
contre la prostate,
L'évangile
selon sainte Prostate,
La
plus grande prostate jamais contée...
ah ! Pasolini doit se retourner dans sa tombe, quoiqu'au fond,
en mourant jeune, il ait échappé à ce fléau. Même le film social à
l'italienne : Le
voleur de prostate,
Rocco
et ses prostates,
Main
basse sur la prostate,
Prostate,
année zéro...
ou à la John Ford : Les
raisins de la prostate,
Qu'elle
était verte, ma prostate...
J'arrête,
je rigole trop et ça me donne envie de pisser, et je pisse trois
gouttes ! Après mon passage aux urgences ce matin
(heureusement, c'est à deux pas de chez moi), où au bout de deux
heures l'on m'a échographié (vessie pleine, inflammation de la
prostate), sondé (et retiré 800 cl d'urine, pas étonnant que je
souffrais le martyre cette nuit), ordonnancé (21 jours
d'antibiotiques, ne pas s'exposer au soleil !), je suis rentré, mais
je n'ose plus trop sortir. On verra si lundi je serai en état pour
partir sur Poitiers. Georges et Odile m'attendent comme le messie, la
librairie La belle aventure aussi, je m'étais engagé à participer
au stand de livres des Journées d'été Europe-écologie-les Verts !
Bon,
à ma dernière prostatite (en 2006 ???), c'était vite rentré dans
l'ordre. On verra cette fois-ci, en attendant j'ai vieilli et ça ne
doit pas arranger les choses. Surtout avec cette chaleur (ça n'est
redescendu qu'à 25°5 ce matin, toutes fenêtres ouvertes et avec
des courants d'air), là, il fait 28 ° tous volets et fenêtres
fermés. Il faut que je boive, mais si je bois je remplis ma vessie
et c'est encore douloureux de pisser. Cruel dilemme !
Quelqu'un
a-t-il une solution ?
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