samedi 18 août 2012

18 août 2012 : la prostate sifflera trois fois


Novembre 1971 : Écrire, c'est vouloir donner un sens à notre souffrance.
(Alejandra Pizarnik, Journaux, 1959-1971)



Aussi étrange que cela paraisse, chaque fois qu'il m'arrive quelque chose de grave (et quoi de plus terrible que de ne plus pouvoir pisser, je ne souhaite ce malheur à personne), et vu mon âge, je pense que cette fois c'est la fin. Ou du moins le commencement de la fin ! Car n'en déplaise aux flatteurs qui, dans le tram (une femme il n'y a pas longtemps à Bordeaux) ou dans le train (un homme l'autre jour entre Bordeaux et Agen), j'ai bel et bien 66 ans et non pas 50 : dragueuse et flatteur, va !
Et si je veux encore pouvoir faire mon long voyage en cargo de janvier à mars prochain, il va me falloir faire réviser toute la machinerie, et en premier lieu les points faibles, la prostate et le colon. "Moi, mon colon, celle que je préfère, c'est la prostate de 14-18", comme pourrait chanter Brassens. Le plus curieux, c'est que j'avais parlé du problème cet été chez ma sœur Monique, et qu'on avait attrapé le fou-rire, quand j'avais commencé à parodier les titres de films avec La prostate sifflera trois fois. Je croyais pas si bien dire ! Depuis, j'ai augmenté mes parodies : le western américain, bien sûr, s'y prête bien : My darling prostate, L'homme qui tua la prostate, La prostate sauvage, 3 h 10 pour la prostate, La vengeance aux deux prostates, par exemple. Le film noir aussi : Le point de non prostate, La soif de la prostate, Les prostates ne dorment pas la nuit, La prostate ne renonce jamais, Pas de printemps pour la prostate, Enquête sur une prostate au-dessus de tout soupçon, La prostate était presque parfaite, Que la prostate meure, etc. Et le western italien donc : On l'appelle Prostate, Pour une poignée de prostates, Le bon, la brute et la prostate... il n'est pas jusqu'aux grands classiques de Charlie Chaplin (La ruée vers la prostate, Les lumières de la prostate, Monsieur Prostate), de Buster Keaton (La croisière de la prostate, Le mécano de la prostate), de Marcel Carné (Les visiteurs de la prostate, Les enfants de la prostate, Drôle de prostate) qui s'y prêtent aussi. Même Jean Renoir : Partie de prostate, La prostate humaine, La règle de la prostate, La prostate épinglée. Et les films dialogués par Audiard : La prostate flingueuse, le drapeau noir flotte sur la prostate, La prostate se rebiffe, les métamorphoses de la prostate. Je me marre et je suis sûr que les cinéphiles retrouveront les titres originaux. Même les comédies musicales pourraient traiter de la prostate : Chantons sous la prostate, Prostate side story, My fair prostate, La mélodie de la prostate, Les prostates de Rochefort... Sans parler de la science-fiction : 2001 l'Odyssée de la prostate, La guerre des prostates, et je ne parle pas des péplums, Les dix prostates, Samson et la prostate, Hercule contre la prostate, L'évangile selon sainte Prostate, La plus grande prostate jamais contée... ah ! Pasolini doit se retourner dans sa tombe, quoiqu'au fond, en mourant jeune, il ait échappé à ce fléau. Même le film social à l'italienne : Le voleur de prostate, Rocco et ses prostates, Main basse sur la prostate, Prostate, année zéro... ou à la John Ford : Les raisins de la prostate, Qu'elle était verte, ma prostate...
J'arrête, je rigole trop et ça me donne envie de pisser, et je pisse trois gouttes ! Après mon passage aux urgences ce matin (heureusement, c'est à deux pas de chez moi), où au bout de deux heures l'on m'a échographié (vessie pleine, inflammation de la prostate), sondé (et retiré 800 cl d'urine, pas étonnant que je souffrais le martyre cette nuit), ordonnancé (21 jours d'antibiotiques, ne pas s'exposer au soleil !), je suis rentré, mais je n'ose plus trop sortir. On verra si lundi je serai en état pour partir sur Poitiers. Georges et Odile m'attendent comme le messie, la librairie La belle aventure aussi, je m'étais engagé à participer au stand de livres des Journées d'été Europe-écologie-les Verts !
Bon, à ma dernière prostatite (en 2006 ???), c'était vite rentré dans l'ordre. On verra cette fois-ci, en attendant j'ai vieilli et ça ne doit pas arranger les choses. Surtout avec cette chaleur (ça n'est redescendu qu'à 25°5 ce matin, toutes fenêtres ouvertes et avec des courants d'air), là, il fait 28 ° tous volets et fenêtres fermés. Il faut que je boive, mais si je bois je remplis ma vessie et c'est encore douloureux de pisser. Cruel dilemme !
Quelqu'un a-t-il une solution ?

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