dimanche 24 juin 2012

24 juin 2012 : présence


Tomber amoureux est facile. Rester amoureux est une autre affaire. Cela requiert de savoir faire vivre une flamme et pas seulement de s'enflammer.
(Bertrand Vergely, Petite philosophie pour jours tristes)


Trois ans, déjà... Claire est pourtant toujours vivante dans mon cœur, et je sens bien que c'est pour toujours. Et pourtant, comment aurais-je pu penser que ça m'arriverait un jour ? "Nos regards se croisèrent et ce fut comme si nous découvrions chacun que le vide qui bornait nos existences pouvait être comblé" (Didier Daeninckx, Le banquet des affamés), j'imagine que toutes les belles rencontres naissent un peu comme çà.


Didier Daeninckx, qui avait répondu à une lettre de Claire
Sans doute avons-nous su maintenir la flamme, ne l'avons-nous pas laissée s'éteindre, ce qui n'est pas si évident, si j'en juge autour de moi. Et nous avons maintenu aussi le respect mutuel, par-delà les vicissitudes de la vie et les coups durs, qui ne nous ont pas épargnés : "le respect de l'autre naît aisément dans le cœur de l'homme sincère, à condition qu'il accepte de regarder attentivement" (Jean Soublin, Le second regard : voyageurs et barbares en littérature). Avons-nous su donc nous regarder attentivement, et pas seulement regarder son propre reflet dans les yeux de l'autre ? Peut-être. Sans doute aussi n'avons-nous pas abusé des « Je t'aiême !... ». Louis-Ferdinand Céline, cité dans Stéphane Zagdanski, Autour du désir confie : "C'est un abominable mot, que pour ma part je n'ai jamais employé, car on ne l'exprime pas, ça se sent et puis c'est tout". Assez d'accord avec lui sur ce point. 
Il m'est arrivé aussi d'écrire des poèmes amoureux, une série de dix-neuf sonnets en particulier que je lui avais offerts pour ses 50 ans. Mais il n'y a rien de plus périlleux que les poèmes d'amour (avec la poésie sociale), et de plus ridicule aujourd'hui que les sonnets (si on n'est pas un immense poète), et je m'en voudrais de les divulguer sur le net. Aussi vais-je simplement déposer pour ce troisième anniversaire deux poèmes récents que je lui ai dédiés et qui expriment des états d'âme.

TENSION

Pour Claire

je voudrais bien te délivrer
le cœur est lourd qui s'attache à l'âme fuyante
et le baiser de l'algue à la marée

ô délire insensé à l'intérieur de moi
qui pourrait me sortir de ce coma ?
comme une huître je m'accroche au rocher

et dans les sables de l'oubli
il y a toi
les algues de tes mains tendues vers moi

je frémis sous ta paume
et comme l'espérance est encore brûlante
comme le soleil noir est impalpable

je frémis
oui
comme au commencement du monde

* * * *

BOUCHES

Pour Claire, de nouveau

ta bouche emplie de terre
s'époumone
terre confisquée cadenassée
écho de camp
fermé

ma bouche
à moi
hurle et invective
ma bouche comme en exil

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