Cinq heures du matin / Ils viennent expulser les sans-papiers / Dans la ville grise le petit jour est poignardé
(Élisabeth Pelloquin, Tout amour est douleur de n'être pas plus grand, Ex Æquo, 2024)
Sous ce très beau titre, Élisabeth Pelloquin a publié un magnique recueil de poèmes, chez cet éditeur vosgien né en 2009. Outre le court poème militant cité en exergue, j'ai retenu le poème Ferveur que vous allez pouvoir apprécier.
FERVEUR
Mon poème s'est perdu
dans la corbeille à linge
au fond du panier de courses
Il a disparu
sous le feu des marmites
dans la cuisine à laver
Il s'est égaré
dans la maison à ranger
sous les draps de l'enfant malde
Il s'est évanoui
Dans les peines à porter
Dans les corps à consoler
Mon poème s'est perdu
dans la nuit aussi longue que le jour
Vide
Pierres noires et nues sous les gifles des vagues
Vertige
et puis tout doucement
dans mon lit de fatuqgue
Il a retrouvé le chemin de mon corps
Il a déposé sur mes épaules
son écharpe de mots balancelles
allumé dans mon ventre ses braises d'étoiles et de prairies
Il a glissé enfin son sang
dans mes veines
Jusqu'à ce que je devienne, à l'aube, son essence même :
n'être plus que ferveur
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