celui qui, sans protester, est le témoin d’un injustice ou d’atteintes portées à un principe fondamental fait tout ce qu’il peut, en ce qui le concerne, pour tuer par le silence la justice et l’idée d’opposition de façon générale.
(Stig Dagerman, La dictature du chagrin et autres écrits amers, 1945-1953, trad. Philippe Bouquet, 2009)
J'ai donc passé une bonne semaine à Montpellier, en voyant des membres de ma famille (ma sœur Monique et les siens, la fille de mon autre sœur, celle de Bordeaux, qui y a rejoint son amoureux), de ma belle-famille (des cousins germains par alliance donc), et mon ami Jean-Yves que je connais depuis les années 70. Tous et toutes ont été contents de me voir, et moi aussi. Je me suis montré le plus souriant possible. Mais je n'oubliais pas qu'à Gaza, à Jérusalem, en Cisjordanie, au Liban, Israël continuait les destructions, les bombardements, les assassinats, les exactions de toute sorte, et même d'organiser la famine. Et les pays occidentaux ne disent rien, même si une large part de leurs peuples n'en pense pas moins : c'est simple, leurs gouvernements m’écœurent, et le nôtre particulièrement. Passons, je n'attendais rien de lui.
Mais Montpellier, c'était aussi le Festival de cinéma méditerranéen, dit Cinémed, que je suis assez régulièrement depuis 2011 ou 12, je n'en ai parlé dans mon blog qu'à partir de 2013 ! Et cette année, il y a eu une rétrospective Luigi Commencini, avec quelques films inédits (pour moi du moins). J'ai donc vu trois de ses films des années 50 et 60 : un polar, La traite des blanches (1952) qui traite de la prostitution (avec Eleonore Rossi Drago et Vittorio Gassman), La ragazza (1963), beau film d'amour qui se passe juste après la guerre, entre une jeune fille de la campagne (Claudia Cardinale) et un "partisan" rentré du maquis, et Une fille qui mène une vie de garçon (1965), hilarante comédie dont l'héroïne (Catherine Spaak) partage sa vie entre deux amants. J'étais presque tout du long plié en deux et je pleurais de rire ! Et pour en achever avec le réalisateur, j'ai aussi revu une comédie Les surprises de l'amour (1959) et un drame, L'incompris (1967) peut-être son film le plus célèbre. Le festival était d'ailleurs très italien cette année.
Mais d'autres pays aussi étaient à l'honneur : le Maroc, dont j'ai vu deux films, la Palestine aussi : le film Vers un pays inconnu, du réalisateur exilé Mahdi Flaifel, montre deux migrants palestiniens déjà arrivés à Athènes et qui voudraient bien parvenir en Allemagne. Le film (coproduit avec plusieurs pays européens) a obtenu l'Antigone d'or, la plus haute récompense. Comme quoi le jury a tenu à féliciter la Palestine broyée et humiliée. Mais dans les films en compétition, j'avais aussi beaucoup aimé le film italien Vermiglio, de Mauro Delpero (encore un film qui se passe dans l'Italie de 1944) et surtout le film turc Hayat qui était mon favori. Ici, il est question de mariage arrangé auquel une jeune fille de la campagne tente de se soustraire en fuyant à Istanbul. Le film dure 3 h 15, mais il est palpitant, intelligent, subtil et je n'ai ni bâillé ni regardé ma montre.
On notera aussi en avant-première, les films de Robert Guédiguian, Costa-Gavras (à qui un hommage fut rendu) et de Reda Kateb, côté français. Il y a eu également un bel hommage à l'actrice italienne Alba Rohrwacher, que j'ai beaucoup aimée dans Troppa grazia, un film de Gianni Zanasi (2018) où elle joue le rôle d'une illuminée qui voit la Madone !
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