Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille la peine d’être mené, ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison.
(Albert Camus)
Nous le constatons tous les jours : personne ne parle de paix sur notre planète, ne manifeste pour la paix, ce qui veut dire contre la guerre, le monde s’arme ou se réarme à grande vitesse, jamais on n’a autant préparé la guerre, avec des dépenses mondiales d’armement de plus en plus fortes. Avec en tête les USA, suivis de la Chine, l’Inde, le Royaume-Uni, la Russie et la France en sixième position. Alors qu’on dit que c’est la transition écologique et le changement climatique qui sont les vrais et gros problèmes, on fabrique de plus en plus de matériels destinés à être détruits : presque tous les objets technologiques, ou à détruire : tous les matériaux de guerre. Et dire qu’on nous culpabilise avec notre modeste CO2 !
(collection que sais-je, PUF, 2014 ; 3866)
Oui,
les dépenses militaires ne cessent de grimper, avec leur corollaire,
les ventes d’armes (dont nos hommes politiques se félicitent lors de leurs voyages internationaux, en oubliant qu'un jour, ça va nous retomber dessus) de plus en plus sophistiquées, qui parcourent
le monde à des vitesses hypersoniques et sont capables d’effacer peut-être dix villes comme Nagasaki. Des missiles, des canons, des drones, des
projectiles, des bombes, des fusils, tous de haute technologie, dans
une escalade d’innovation à couper le souffle ! Ah ! si on était capables d'autant d'innovation pour des œuvres de paix !
Pourtant l’Organisation des Nations unies (ONU) a été instituée en 1945 (elle remplace alors la Société des Nations - SDN), avec comme objectifs premiers le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Pour les accomplir, elle devait promouvoir la protection des droits de l’homme, la fourniture de l’aide humanitaire, le développement durable et la garantie du droit international. Avec à la clé des sanctions internationales et l’intervention militaire par les casques bleus.
On est en droit de se demander pourquoi le président ukrainien en appelle à l’OTAN et pas à l’ONU ? Les USA (qui sont derrière l’OTAN) n’agissent pas par bonté d’âme, pas plus que la Russie ou la Chine (ou la France en Afrique d’ailleurs) mais dans l’espoir de satisfaire leurs intérêts, notamment économiques. Par exemple : si aucun pays n’intervient au Yémen (martyrisé par l’Arabie saoudite) ou en Palestine (martyrisée par Israël), c’est qu’il n’y a rien à gagner : pas de métaux rares. Naguère, la France fit la guerre à Kadhafi alors que la Lybie ne menaçait nullement la France, et pour quel résultat : un pays détruit devenu le nid du terrorisme et du retour de l’esclavage. On est en présence d’une indignation sélective, comme on le voit avec un autre pays qui pratique depuis des années la même politique que Poutine. Il a annexé la Palestine, mis une partie de ses habitants dans un immense "camp de concentration" nommé Gaza, il étend ses colonies, il bombarde régulièrement ses voisins (Irak et Syrie). Il n’a jamais validé les résolutions votées par la majorité des pays de l’ONU qui lui demandent de mettre fin à son expansion coloniale depuis 50 années au moins. Tout cela dans notre indifférence générale, quand ce n’est pas dans une approbation de notre gouvernement, si prompt à vilipender la Russie, l’Iran ou le Vénézuela : toujours le "deux poids, deux mesures".
On peut s’interroger sur le rôle indécent de l’ONU dans les interventions récentes :
- en Irak (guerre faite pour en chasser le dictateur ; résultat : les Irakiens ne s’en sont toujours pas remis depuis 19 ans) ;
* en Afghanistan, où les talibans sont revenus en force après le départ des USA et de leurs alliés ;
* en Syrie, où les armées étrangères ont été incapables de chasser un dictateur, mais parfaitement capables de détruire le pays désormais partagé entre terroristes, factions diverses, et où règnent les règlements de comptes, et une catastrophe humanitaire de grande ampleur...
J’estime que vendre des armes aux Ukrainiens (seule solution de l’Occident) ne fera que prolonger la guerre et lui donner une raison. Pourquoi l’ONU n’intervient-elle pas pour pousser à la négociation ? Où va-t-on ? On n’a vu aucun mouvement pacifiste ou pour la paix organiser des manifs contre la guerre. La guerre est un crime, la guerre tue, mutile, assassine, torture, détruit. Les bas instincts ressurgissent. La Convention de Genève n’est jamais respectée. Les médias prédisent la guerre nucléaire, la fin de l’humanité, alors allons-y gaiement (comme on disait autrefois : "Ah ! Dieu, que la guerre est jolie !), ce n’est qu’un mauvais moment à passer, comme une opération chirurgicale.
À notre époque, intervenir si on est pacifiste et pour le droit de l’homme en général, est vu comme une faiblesse, peut-être même serai-je taxé de complotiste. Jean Giono, Louis Lecoin, s’ils vivaient encore, seraient vite emprisonnés. Doit-on se taire et laisser faire ? Il est sûrement plus dur de se battre contre la guerre que d’endosser un uniforme et de tirer. À quoi servent les médias hypernombreux, les réseaux sociaux tentaculaires, l’information (et la désinformation) instantanées, si on n’est plus capable de faire de la diplomatie mais seulement de subir la propagande éhontée des marchands d’armes et des va-t-en guerre de tout poil qui mettent en place les prémices d’une nouvelle guerre mondiale ?
Rappelons-nous le mot de Paul Valéry dans ses Cahiers : "La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas."
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