la main droite [de l’État] – celle qui punit – est plus agissante aujourd’hui.
(Bernard Legros, La Décroissance, N° 177, mars 2021)
Les policiers se suicident beaucoup, nous dit-on. Il faut voir ce qu’on leur ordonne de faire : taper sur des manifestants désarmés, leur lancer des armes offensives, des grenades lacrymogènes, utiliser des canons à eau, les encercler dans des nasses, les malmener et les maltraiter, voire dans certains cas les mutiler ou provoquer la mort. A-t-on le droit, oui ou non, de manifester, de refuser de se plier à des lois confuses, scélérates parfois, incomprises souvent et toujours destinées à protéger les puissants de ce monde et les plus riches qui, eux, peuvent frauder impunément, retirer leurs passeports à leurs esclaves domestiques (en plein Paris, pas seulement dans les émirats), acheter les politiques par un lobbying effréné, etc. ?
Et l’on s’étonne de constater que beaucoup de gens n’aiment pas la police, moi le premier ! Une bonne partie de la population affuble les policiers de noms communs désobligeants : les cognes dans Les misérables de Victor Hugo, les flics pour les anciennes générations ou les keufs pour les nouvelles. Sans compter les innombrables mots d’argot pour les désigner : bourres, bourrins, chtars, dékis, feukeus, flicards, guignols, lardus, pingouins, poulagas, la rousse, schmitts, vaches, volailles, et j’en passe… Ce n’est pas forcément la police que les gens n’aiment pas, mais ce qu’on lui fait faire, cette brutalité qui n’a d’égale que celle de la pègre.
Côté individus, ils peuvent être sympathiques. Avec mon voisin de Poitiers, qui était inspecteur, on avait de bonnes relations proches de l’amitié entre voisins. Mais quand je vois, à chaque fois que je manifeste, l’encadrement de robocops ultra-armés, le coût que ça doit représenter, la haine qu’ils ont l’air de porter sur eux en même temps que leur armement sophistiqué, je me dis que quelque chose ne tourne pas rond dans notre société : ceux qui sont censés nous protéger sont prêts, chauffés à blanc, à nous humilier, à nous tirer dessus, à nous matraquer, à nous piétiner…
L'horizon (le film est réalisé par Émilie Carpentier, une jeune réalisatrice), le film que je viens de voir avant-hier, hier, montre la violence avec laquelle la police protège des intérêts privés, ici la construction d’un immense parc d’attraction (style Disneyland) sur des terres agricoles que des zadistes veulent défendre ; un paysan du coin a hérité dix ans auparavant de la ferme de ses parents, et l’a transformée en dix ans par la permaculture bio, en un merveilleux marché de production locale. Et on veut l'exproprier au moment où il commence à réussir. En jeu, des intérêts financiers colossaux, et des hommes politiques locaux prêts à se vendre pour une poignée d’emplois précaires et à bas prix, et "attirer les touristes du monde entier" ! L’horizon (avec de jeunes acteurs inconnus, blacks, blancs, beurs) est un film qui m’a fait chaud au cœur, car bien sûr, je suis contre ces extensions d’aéroports, d’autoroutes, de centres commerciaux géants et de parcs de divertissement décervelant, etc. On voit dans le film le divorce des générations, les jeunes qui veulent sauver le climat par la relocalisation de l’agriculture, et les vieux encore dans un passé fait de voyages en avion, de divertissements minables et de surconsommation. Je me dis que je peux partir tranquille. Si on ne les empêche pas, nos jeunes sauveront peut-être un monde devenu fou.
Mais ne nous y trompons pas, ce rôle malsain de la police est joué de la même manière dans tous les pays du monde, en Chine contre les Ouïgours, en Israël contre les Palestiniens, en Birmanie contre les Rohyngias, au Chili contre les Mapuches, pour ne donner que quelques exemples... Et peu à peu, le monde perd son âme !
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