Ensemble, on se rend à Saint-Sulpice. La surprise est totale, l’émotion violente ; ces merveilleuses compositions ont une force et un élan vital qui aspirent le spectateur dans leur propre espace.
(Marie-France Lavalade, George et Alexandre : portrait de George Sand, L’Harmattan, 2020)
Déjà presque quinze jour que je suis rentré de mon vagabondage vers le Nord-Ouest (Bretagne, Amiens, Paris) et je m’aperçois que je n’ai rien dit de Paris, vexant peut-être ma famille et mes amis parisiens. Je les rassure, j’y ai passé des moments très agréables et qu’il me plaît de relater maintenant.
Mes moments chez les cousins (en fait François, un cousin germain de Claire et sa femme prénommée aussi Claire, et leurs deux filles Ève et Lily qui sont passées dîner le dimanche soir) se sont passés dans une atmosphère familiale, je dois dire assez douillette. On a conversé longuement, j’ai découvert et lu dans leur bibliothèque le livre Ventes d’armes, une honte française, fraîchement sorti chez Le passager clandestin en septembre 2021. Les deux auteurs, Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle dressent le constat accablant du prétendu "pays des droits de l’homme" devenu le troisième exportateur mondial de ce commerce lucratif et mortifère. Les gouvernements, de droite comme de gauche, n’ont cessé depuis vingt ans de développer ce trafic tout aussi florissant qu’il est opaque. Or, ces armes tuent, et plus souvent des populations civiles (guerre du Yémen, révoltes populaires dans certains pays comme l’Égypte) que militaires. Et on s’en glorifie (cf les derniers voyages de Macron en Arabie saoudite et aux émirats) au nom de nos intérêts économiques.
Avec Claire, je suis allé voir deux films : la biographie filmée par Valérie Lemercier d’après la vie de Céline Dion, Aline, où Valérie joue avec brio le rôle principal, escortée d’une brochette de délicieux acteurs québécois. C’est plutôt réussi dans son genre. L’autre film fut le Lion d’or de Venise, L’événement, d’après le récit éponyme d’Annie Ernaux, que je n’ai pas eu le temps de relire avant la projection. On connaît ma prédilection pour cette écrivaine, principalement parce que je me reconnais dans son parcours (elle est passée du prolétariat à la classe moyenne intellectuelle, mais n’a rien oublié de ses origines) qu’elle a su décrire avec objectivité et finesse dans ses nombreux écrits à forte teneur autobiographique. Je serais même (d’après un libraire quelque peu macho) un des rares hommes à l’apprécier fortement, suffisamment pour me précipiter, acheter tous ses livres, les lire et parfois les relire. Le film est de la même qualité : un thème difficile, l’avortement, et qui ne va pas attirer les foules, la même sécheresse et absence de pathos dans la narration, et des actrices épatantes. Les hommes sont aussi vus de façon objective, et n’ont pas le beau rôle, surtout les médecins de l’époque. Je suis allé revoir le film à Bordeaux, et participer à l’animation qui a suivi, avec des jeunes, dont des étudiants (jeunes femmes et jeunes hommes) étrangers venus de pays où l’avortement est encore clandestin comme en France dans les années 50 et 60. Très bon film et film nécessaire. Et lisons Annie Ernaux !
J’ai revu Christine, ma condisciple de l’École des bibliothèques, comme à chaque visite à Paris. On se fait en général une exposition : cette fois c’était, au Musée du Luxembourg, l’expo de photos de Vivian Maier (1926-2009), photographe américaine de la vie quotidienne, principalement dans les rues, notamment de Chicago ou de New York. Après Anita Conti à Lorient, deuxième femme photographe découverte en peu de temps. Et toujours cette attention aux choses et aux êtres, teintée de mélancolie propre aux femmes. En sortant, nous sommes passés devant l’église Saint-Sulpice, et comme je lui avouai n’y être jamais entré, elle me proposa d’aller voir les Delacroix. J’avais déjà vu des reproductions de son Combat de Jacob avec l’Ange, mais le voir en vrai, c’est colossal, même si pas très bien éclairé (le temps, dehors, était gris). Et, comme en général, on se fait un restaurant aussi, Christine m’a proposé un bistrot parisien. Ce fut Rue de Rennes. Bien, mais on y était serrés comme des sardines !
Et le dimanche après-midi, j’ai retrouvé José-Luis, mon ami ex-ouvrier chez PSA, devenu gardien de musée au Musée Cernuschi (près du Parc Monceau), un des nombreux musées appartenant à la ville de Paris, et consacré à l’art asiatique. Il y avait une belle exposition de peintures chinoises anciennes sur rouleaux, principalement consacrées à des paysages de montagnes et torrents, sur lesquelles les hommes n’étaient guère plus grands que des fourmis. Le reste du Musée contient les collections permanentas, léguées avec le bâtiment par testament par Henri Cernuschi (1821-1896), Italien exilé en France après la révolution de 1848, et grand voyageur et collectionneur. On y trouve de l’art chinois (dont un très grand Bouddha), japonais, coréen et vietnamien. C’est magnifique. J’y reviendrai, car je n’ai pas pu détailler toutes les salles.
Et
je suis revenu ravi de mon périple vagabond. J’aurais beaucoup
marché aussi, n’ayant pris le métro que pour venir des gares ou y
aller pour repartir. Et j'apprends ce matin à la radio que les drones américains en Syrie censés faire des assassinats "ciblés" ont fait beaucoup de morts dans la population civile. Comme les drones israéliens à Gaza !
de très belles sculptures au Musée Cernuschi
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