mardi 28 décembre 2021

28.12.2021 : SOS Méditerranée toujours

 

Tout début décembre à Lesbos, le pape François n’a pas mis de guirlandes à son propos quand il a taxé l’Europe d’indifférence et dénoncé un "naufrage de civilisation" à l’œuvre en Méditerranée…

(Éric Fottorino, L’inacceptable, in Migrants : sommes nous encore humains ?, Le UN, 15 décembre 2021, n°377)


Pour compléter le magazine 1 de décembre et la nouvelle d’ Éric Fottorino qui y est incluse, voici un témoignage de SOS Méditerranée :



Je m’appelle Laurence, je suis chargée de communication pour SOS MEDITERRANEE et actuellement à bord de l’Ocean Viking. Alors que les 114 personnes secourues le 16 décembre ont enfin pu débarquer samedi dans le port de Trapani en Sicile, je voudrais vous raconter l’histoire de Sidiki*, un petit garçon rencontré en septembre lors de ma dernière mission.

Quand il est arrivé à bord de l’Ocean Viking, Sidiki semblait renfermé sur lui-même. Il ne souriait pas. Il parlait à peine, et quand il le faisait, c’était seulement en chuchotant. Puis il a commencé à s’ouvrir. Il s’est mis à jouer. Tout seul au début ; puis avec d’autres adultes autour de lui. Et finalement avec d’autres enfants. Après quelques jours, il a osé parler et être entendu. Il a commencé à poser des questions, à exprimer des désirs. À sourire. 

                                                        cliché SOS Méditerranée 

L’observer s’exprimer sur ce tableau noir était magnifique. Le voir dessiner une maison, c'était autre chose encore. Pour moi, il ne dessinait pas une maison comme le fait n’importe quel enfant, là d’où je viens. Il dessinait des murs solides et un toit robuste. Une maison avec des lits confortables. Cela symbolisait son besoin vital de sécurité, sa quête d’un refuge.

Nous recherchons pour secourir. Sidiki, lui, recherche la protection. Une quête qui l’a mené, comme toutes les personnes à qui nous avons porté secours, à courir le risque de disparaître en haute mer, sans témoin. On sait qu’au moins 1 506 femmes, enfants et hommes ont péri en Méditerranée centrale depuis le début de l’année. Sidiki n’est pas l’un d’eux. Il demeure un enfant, émouvant, en mouvement.

Pour continuer à sauver des vies, nous avons besoin de vous.

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