Mais alors que bien des pays pauvres recueillent tant bien que mal des migrations massives, les États-nations d’Europe préfèrent dire à la vie qu’elle ne saurait passer.
(Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Seuil, 2017)
Décidément notre cher Président a durci les consignes et les préfets sont en roue libre pour délivrer des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) assorties d’IRTF (Interdiction de Retour sur le Territoire Français), remplir les CRA (Centre de Rétention Administrative) et expulser à tout va, aux frais du contribuable. Comme souvent des pétitions circulent comme celle qui concernait Abakar : plus de 24000 signatures, dont la mienne.
Le président cajole ainsi les électeurs du RN (ex-FN), mais au contraire, il dégoûte les bienveillants qui ne voteront plus pour lui. Si encore ça concernait des terroristes, des criminels, des délinquants, des gens dangereux, mais il s’agit de jeunes qui ont acquis une qualification et qui seraient très utiles pour occuper des emplois dont les Français ne veulent plus.
Le Comité de soutien pour Abakar publie le texte suivant :
"Abakar, Guinéen orphelin de père a dû fuir la Guinée à 11 ans avec sa mère. Il a ensuite trouvé refuge à 14 ans en France et a été mis sous protection sur décision du procureur de la république de Montbéliard, de l'ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Puis fera des études de cuisinier et titulaire d'un CAP de Cuisinier, il commence un CAP de vente. Mais suite à sa demande de carte de séjour une fois majeur, le préfet du Doubs lui répond par une ordonnance d’OQTF.
"Après un mois de rétention administrative à Metz au CRA, Abakar est expulsé le jour de ses 20 ans le 1er Avril dernier du CRA. Il arrive dans la nuit à Conakry sans papier, sans effets personnels, sans argent, sans abonnement téléphonique, et surtout sans famille ou autres contacts… Un petit couple de Conakry a répondu spontanément à notre appel à la solidarité. Abakar sera logé et pourra reprendre un semblant de vie normal…
"À présent, son passeport biométrique (CEDEAO) en poche, Abakar est en mesure de pouvoir se déplacer sur le territoire de la CEDEAO (Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest). Les jeunes Guinéens qui l’ont accueilli et le soutiennent à Conakry, en contact régulier avec le Comité de Soutien, pensent qu'il sera plus en sécurité au Sénégal.
"Évoluer vers Dakar deviendra donc vite une évidence pour nous et surtout pour Abakar, pour plus de sécurité et un éventuel emploi dans l’attente de la levée de l’IRTF de 2 ans. Son accueil dès cette semaine à Dakar est possible et envisagé.
"Ce départ est en préparation, grâce au concours de la vice-présidente d'une association humanitaire Franco-Sénégalaise de Bretagne Tche Kanam et aussi une Conseillère Départementale et la présidente de l’Association Humanitaire Franco-Sénégalaise de Franche-Comté LAUNATHO. Ces associations officient en Afrique occidentale dans des dispensaires de lépreux, construction d'écoles, autres actions (acheminement matériel optique, etc…).
"TCHE KANAM a donc répondu aujourd'hui et s'organise pour accueillir Abakar. À sa descente de l’avion vendredi 16h30 un membre d'un groupe de percussion de Casamance l'accueillera et TCHE KANAM prendra le relais. Cette chaîne de solidarité quasi spontanée de belles personnes va permettre les premiers pas d’Abakar à Dakar, à l’image de ce qu’ont permis ces inconnus de Conakry qui sont devenus des guides, des camarades.
"Les membres du Comité d’Abakar tiennent à remercier les camarades de la Cgt Energies Lorraine qui se sont précipités au CRA de Metz dès notre appel pour permettre à Abakar de vivre dignement en rétention. Les volontaires de l'ASSFAM (Association Service Social Familial Migrants) au centre de rétention ont été une aide essentiel dans le maintien du moral d'Abakar par le lien qu'ils ont pu assurer avec le comité de soutien, nous les en remercions. Une attention particulière à ces jeunes Guinéens engagés qui ont répondu à notre appel à la solidarité émis depuis Audincourt, à l'association franco-sénégalaise bretonne TCHE KANAM, au groupe de percussionnistes de Casamance. Les mêmes remerciements sont adressés à notre élue du Département et la présidente de Launatho et un médecin de Dakar qui sera lui aussi relais si besoin. L’anonymat de ces acteurs apparaît essentiel par respect de la confidentialité et recherche d’efficacité dans leurs actions, et ce tant que la situation d’Abakar n’est pas complétement solutionnée, son retour en France en toute régularité. A la mairie d’Audincourt pour son baptême républicain, et à la presse qui a couvert les initiatives et assurée une veille aussi bienveillante que discrète.
"Loin de vouloir être exhaustif, une attention aussi au Sénateur qui a rendu visite à Abakar au CRA de Metz et à cet autre Sénateur qui a demandé un examen de la situation d’Abakar au Préfet du Doubs. Une mention toute particulière également à tous les soutiens discrets mais présents qui témoignent leurs encouragements et leurs soutiens financiers.
"Pour ce qui concerne la suite des décisions de justice : si le TA et la cour d'Appel Administrative ont considéré fondée la détention d'Abakar pouvant aller jusqu'à l'expulsion, faisant fi des éléments et arguments produits par le Cabinet de Maître CISSE qui assurait la défense d'Abakar, dont l'article 3115-2 et 3 du CESEDA. Ces décisions ont été confirmées par le Juge des libertés. Abakar est traduit ensuite devant le tribunal correctionnel pour refus de test PCR. Toujours assisté du Cabinet de Maître CISSE, le tribunal correctionnel a jugé légitime le refus de test PCR, en respect des arrêts de la cour d'appel de Colmar et de Metz. La demande d'asile à l'OFPRA a échoué pour des motifs surprenants, à savoir l'expression timorée d'Abakar… Les papiers de Guinée sont réputés systématiquement faux par les autorités françaises, même certifiés par l'Ambassade de Guinée en France…
"Abakar n'est pas un délinquant… Le prochain obstacle : la levée de l'IRTF. Simultanément à la recherche sur Dakar à titre de mesure d'attente, le Comité de Soutien a demandé une entrevue au directeur de Cabinet du Préfet Monsieur SETBON afin d'examiner la nécessité de lever l'IRTF de deux ans, contenue systématiquement dans toute OQTF. Les textes (en droit public) prévoient cette possibilité. Le préfet a ce pouvoir. À défaut nous serons obligés de passer à nouveau par le TA du Doubs. Une consultation avec un avocat en droit public est prévue prochainement.
"Dernière étape essentielle : Une carte de séjour/Un emploi pour Abakar. Le Comité Abakar se doit de permettre une intégration réussie, dans 2 ans dans le pire des cas, au mieux dès la levée de l’IRTF. L’étape à franchir comporte un col, l’obtention d’une carte de séjour salarié conditionnée à la demande d’un employeur sérieux et crédible face à la DRIEETS (direction régionale de l’emploi et des solidarités). Abakar que nous avons chaque jour au téléphone ne cesse de vous remercier de votre soutien…
Et moi, je dis bravo à tous ces bienveillants anonymes !
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