Chacun devrait pourtant se définir d’abord et avant tout comme un individu au-dessus de toute appartenance. Je suis certes chinoise, je parle chinois, mais je ne voudrais pas qu’on me réduise à cela… Mon individualité est tout de même autre chose que ce qui est défini par le hasard de ma naissance.
(Akira Mizubayashi, Âme brisée, Gallimard, 2019)
Eh bien non, on ne s’habitue pas à tout. Une expulsion de plus, c’est une expulsion de trop, n’en déplaise aux adeptes – malheureusement de plus en plus nombreux – du RN. Je suis de plus en plus écœuré, non pas de la pandémie mais du fait que nos puissants d’aujourd’hui profitent d’elle pour assouvir leurs mauvais desseins. J’ai dû signer une bonne cinquantaine de pétitions concernant la clause horrible qui fait que les jeunes migrants sont expulsables le jour où ils fêtent leurs dix-huit ans, même s’ils sont parfaitement intégrés et s’apprêtent à devenir de bons citoyens, ont fait des études ou ont un métier, et sont arrivés ici parfois une dizaine d’année avant ou plus, et de ce fait ne connaissent plus rien de leur pays d’origine.
Honte à le République française, qui ne vaut pas mieux que l’État français, de sinistre mémoire. Honte à nous, qui devrions être des millions à signer ces pétitions et à manifester dans la rue, pandémie ou pas ! Quel exemple laissons-nous à nos enfants ?
Honneur au comité de soutien à Abakar et à tous ces groupes qui s’organisent, trouvent des avocats, protestent, font parfois la grève de la faim. Leur comportement est une joie pour les anciens Chrétiens que nous fûmes et que nous ne sommes plus.
Honneur à tous ces gens qui nous donnent l’espoir d’un lendemain lumineux, en ce temps où l’on commémore le cent cinquantenaire de la Commune de Paris, qui accueillait des étrangers en son sein et leur accordait la nationalité française, suivant l’exemple de notre grande Révolution de 1789.
Texte du comité de soutien à Abakar :
Après la mise en isolement d’Abakar hier, pour nouveau refus de test PCR, nous avons volontairement fait l’impasse d’une communication étendue.
Sans doute avons-nous imaginé une autre issue que l’expulsion d’aujourd’hui.
C’est alerté par l’Assfam (Association Service Social Familial Migrants) que nous avons appris ce matin qu’Abakar était prévu à l’expulsion et montait dans un bus, direction Roissy. Et Abakar est dans l’avion depuis 14h00 direction Conakry. Oui Abakar vient d’être expulsé vers la Guinée !
Abakar vient d’être renvoyé vers un pays où il n’a aucune attache, aucune connaissance, sans test PCR, sans ses affaires laissées à Bethoncourt à la résidence du CFA. Abakar a été reconduit hors du pays des Droits de l’Homme, sans avoir pu nous contacter au préalable, ou contacter son avocat. Son téléphone lui avait été retiré hier et ne lui a été restitué qu’une fois dans l’avion.
Le préfet du Doubs et ses acolytes ont atteint leur but : expulser un gosse soi-disant sans papier pour « faire du chiffre ». Le comité de Soutien engage, dès à présent, tout ce qui est possible pour optimiser l’accueil d’Abakar à Conakry jusqu’à son retour en France à Audincourt pour prendre son emploi et ses études dans les meilleurs délais.
Le directeur de Cabinet s’est par ailleurs engagé à annuler la clause des 2 ans… Est-ce qu’en matière d’humanité les promesses n’engagent que celles et ceux qui les écoutent ? Avec son avocat nous travaillons déjà à un retour conforme pour peu que les autorités françaises cessent d’instrumentaliser cette jeunesse qui ne saurait être considérée plus longtemps comme des esclaves des temps dit modernes. Nous saisirons la justice ad hoc pour permettre à Abakar de ne plus se heurter à l’arbitraire, celui qui fait considérer irrégulier les papiers Guinéens.
Ce 1er Avril, est la veille de l'expiration de sa période de rétention. Abakar a été embarqué de force dans un avion vers la Guinée. Alors qu'il avait réussi avec succès sa scolarité et son CAP de cuisinier, alors qu'il n'y a rien à lui reprocher sauf le fait d'être majeur, alors qu'il disposait d'une promesse d'emploi en CDI, alors que ces papiers avaient été certifiés par l'ambassade de Guinée, Abakar est expulsé après des années d'une intégration réussie en France. Embarqué dans l'avion sans test COVID, bien que ce soit la règle, mais l'Etat Français ne s'embarrasse pas de ce genre de détail. Débarqué à Conakry sans un sou, sans un endroit pour dormir, dans un pays où il n'a aucun soutien et qu'il a quitté quand il n'était qu'un enfant, mais l'Etat Français n'a pas ce genre d'état d'âme. Les représentants officiels de la France ne se grandissent pas en s'acharnant sur un gosse au mépris des valeurs affichées par la République. Dans l'immédiat, le Comité de soutien met tout en œuvre pour qu'il ne lui arrive pas plus de malheur. Une fois les dangers immédiats écartés, nous examinerons les voies permettant à Abakar de revenir exercer ici l'emploi qui l'attend.
Parce que c'est une honte, parce que nous n'acceptons pas que la France fasse cela en notre nom, parce que nous devons manifester notre colère, parce que cela ne doit pas arriver à d'autres Abakar, le Comité pour Abakar appelle à un rassemblement de toutes les personnes éprises de justice et de liberté, vendredi 2 avril à 17H devant la sous-préfecture de Montbéliard.
Le Comité de Soutien reste offensif et déterminé et surtout vous remercie de tous vos soutiens.
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