Un poème glissé sous la terre
peut faire beaucoup de bruit
(Odile Caradec, Le ciel, le cœur, En forêt, 2011)
Je reviens de Poitiers (la ville était quasiment morte en ce week-end de Pâques) où je rendais visite à ma vieille amie poète, Odile Caradec, 96 ans et qui fait l’objet en ce moment à la Médiathèque municipale d’une magnifique exposition autour de son œuvre et de sa correspondance littéraire avec des poètes et artistes. Cet hommage, "composé d’imprimés, d’articles, d’hommages, de critiques et de photographies", fait à partir du don de la poète de ses archives littéraires, "apporte un éclairage intime et privilégié" sur son activité créatrice et sur ses "relations amicales entretenues au fil des ans avec des éditeurs, poètes et artistes". On y remarque une importante collection d’enveloppes illustrées par des peintres, ainsi que la part importante de la musique dans sa vie.
Plus connue en Allemagne qu’en France, grâce à son traducteur et éditeur Rüdiger Fischer, elle y a fait l’objet aussi d’un livre d’artiste d’Angela J.A Kallen, qui a illustré certains de ses poèmes que la Médiathèque a acheté et que l’exposition présente. C’est très beau et visible jusqu'en juillet ! Odile fera aussi l’objet de la nuit de la lecture le 12 juin prochain, lors d’une soirée également musicale prévue (sous réserves d'autorisation d'accueillir du public) à la Médiathèque de Poitiers. Cette manifestation sera de toute façon filmée et visible sur le site de la Médiathèque.
Voici donc un poème extrait de Le ciel, le cœur, paru en Allemagne en édition bilingue :
Avant de trépasser je lancerai sur les murs
des fresques grandissantes
Nul ne voudra dormir dans des murs élastiques
Chez moi l’idée de mort a forme de vitrail
elle bouge avec la lumières
La mort est extensible
Il serait trop injuste que tout homme
ou noir ou jaune ou blanc et surtout pauvre
n’ait au dernier instant une vision kaléidoscopique
de son monde intérieur
Le dernier souffle, le dernier battement de cil
doit être chatoyant
pour compenser toutes grisailles de la terre
toutes douleurs, l’absence de musique
tout, le gris, tout le noir
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