dimanche 17 mai 2020

17 mai 2020 : la répression continue


Les forces de l'ordre sont celles qui sont aux ordres de ceux qui les donnent.
(Pierre Dac, Les pensées, Cherche-Midi, 2015)


Le règne de la peur, c’est la grande leçon de la gestion de la crise du covid 19 : les médias nous serinaient à longueur de journée les nouvelles contraintes, nous infantilisant chaque jour davantage à force de répétition. Comme si tous, nous étions des enfants ou des imbéciles (ce qui d'ailleurs incite à désobéir). Résultat, on le voit bien : si par malheur, je me promène dehors sans masque, on s’écarte de moi de façon démesurée quand je suis amené à croiser un(e) quidam, comme si j’allais lui sauter dessus. Si au contraire, j’en porte un, on s’écarte pareillement, me soupçonnant d’être possiblement porteur du virus, ou d’être le virus soi-même. Sans parler de la surveillance policière accrue, devenant très clairement de la répression, sans doute pour nous habituer aux futures coercitions qui frapperont tous les mécontents, dissidents et rebelles. 

 
Car pour l’instant, le gouvernement joue sur du velours : l’état d’urgence prolongé, jusqu'à quand ? – sous un prétexte prétendument sanitaire – vise en fait à juguler toutes les colères, tous les mécontentements, qui vont être nombreux, n’en doutons pas. En effet, il n’y a pas le moindre changement de politique en vue, il s’agit toujours de soutenir les puissants de ce monde, les multinationales et la finance internationale, de s’attaquer encore davantage aux droits des travailleurs (on parle d’augmenter la durée du travail, alors qu’il va y avoir des millions de chômeurs !), et on matera davantage les récalcitrants, sous l’aboiement scélérat des médias écrits et audio-visuels, propriété des milliardaires.

Car la colère est palpable plus qu’on ne le croit : déjà les gilets jaunes ont commencé à relancer leur mouvement, toujours sous forte répression policière. Voici ce qui s’est passé hier à Angers (https://lecercle49.wordpress.com/2020/05/16/et-si-on-essayait-la-democratie-pour-voir/) :

« Samedi 16 mai à Angers, tout rassemblement « revendicatif » était interdit comme partout ailleurs… Le groupe Cité Jaune Angers avait appelé malgré tout à se rassembler par petits groupes sur les bancs du jardin du Mail, le lieu de rendez-vous habituel des Gilets jaunes. Avec l’idée d’écrire sur des feuilles les mots que chacun juge bon d’exprimer en cette période charnière de notre humanité puis d’aller les afficher sur les grilles du kiosque. Chaque manifestant s’appliquait pourtant à respecter les éternelles consignes sanitaires : petits groupes, distanciation, port du masque…
« Résultat : contrôle d’identité pour tout le monde avec en plus prise de photo de la carte ! Interdiction de porter le moindre signe jaune ! Interdiction de sortir la moindre pancarte ! Interdiction même de sortir un stylo pour écrire !!! Tout cela alors qu’au même moment des groupes de badauds se massaient devant les magasins des rues piétonnes, sur l’esplanade du Cœur de Maine ou dans le tramway sans être le moins du monde contrôlés, surveillés, réduits au silence… Deux poids , deux mesures ?
« Qui peut nous faire croire une seule seconde que cette pression policière n’a pas pour seul objet de faire taire la contestation ? Qu’elle n’est justifiée uniquement que par le souci de ne pas aggraver la situation sanitaire en risquant de propager le virus ?
« Non bien sûr, simple hypocrisie, l’air du temps est bel et bien au « Travaille, consomme et surtout, ferme ta gueule ». Qu’importe, nous serons encore au rendez-vous samedi prochain, nouvelle interdiction ou pas. Et cette fois-ci, nos chants de lutte ne resteront pas dans nos gorges, nos écrits de colère ne resteront pas dans nos poches. On lâche rien, nous comptons sur vous ! »

dessin de Karak sur son blog



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