Jamais
je ne me suis laissé prendre au piège des magasins, des objets de
luxe. Je ne m’amusais qu’avec des petits riens, un peu
d’imagination, trois bouts de planche… un morceau de ferraille…
un vieux vélo… le bonheur on se le fait toujours plus ou moins
dans sa tête.
(Alphonse
Boudard, Mourir
d’enfance,
R. Laffont, 1995)
Et
voilà ; à peine sommes-nous sortis du confinement (pas
entièrement toutefois) que le consumérisme reprend tous ses droits
et que les foules se faufilent à la porte des magasins, non sans
essuyer des déconvenues, comme par exemple dans nombre de boutiques
de vêtements l’impossibilité d’y faire des essayages. Pour ma
part, je n’ai pas encore remis les pieds au centre ville.
Rocamadour 2014 : un vélo abandonné (?) sous le regards du chat
Je
n’ai jamais aimé la foule, sauf si elle a des intérêts communs
avec moi. Ainsi, j’aime bien les festivals de cinéma (Auch,
Douarnenez, La
Rochelle, Marrakech,
Montpellier,
Pézenas,
Venise,
par exemple), malgré la nécessité d’y faire la queue. C’est
une occasion de rencontrer des « fous de cinéma » dans
mon genre. Où
donc aurais-je pu parler avec des Italiens ou des Marocains
autrement ? Ou
bien j'aime aussi les salons du livre, cette fois pour les « fous de
littérature ». Occasion
d’ailleurs de parler avec des écrivains.
Ah ! la fraîcheur du Canal latéral à la Garonne (rando 2014)
Un
peu « fou de vélo » moi-même, j’avoue être allé plusieurs
fois regarder le Tour de France, souvent en montagne dans les
Pyrénées, à l’époque où j’habitais non loin de là. Mais
déjà, j’allais dans des coins où l’on n’était pas trop
agglutiné, dans
les montées du col du Tourmalet ou du Pla d’Adet, entre autres.
Dans
mes randonnées à vélo, il m’est arrivé, l’étape terminée,
par exemple à Mazamet en 2014, de m’attabler au bistrot pour
regarder sur l’écran de télé l’arrivée d’une étape de
montagne, en compagnie de trois autres « cyclos » qui,
eux aussi avaient achevé la leur, et de commenter ce que nous voyions
sur l’écran. On ne regrettait pas d’avoir fait la voie verte
(qui remplace l’ancienne voie ferrée) Bédarieux-Mazamet et
sirotions le repos du guerrier, en admirant les géants de la route,
nains que nous étions et cependant encore verts malgré notre soixantaine, septentaine et même octantaine pour le plus âgé des trois mousquetaires, comme je les
surnommai aussitôt.
sur la voie verte, un tunnel (rando 2014)
Car
j’ai repris le vélo, et cette fois pour autre chose que des
petites boucles dans mon rayon de
un km, qui
me laissaient sur ma faim.
J’ai
sillonné à pied avec mon amie F. (puis seul à vélo) le quartier de Bacalan, où F.
avait organisé un apéro mardi 19 à 18 h, et où elle propose aux
Amis de l’Utopia un déjeuner demain mardi à 12 h 30, sur une
place ombragée de ce quartier. Avec l'ami G., je suis allé à Mérignac
jusqu’à l’écosite du Bourgailh, que je ne connaissais pas, et qui
m’a emballé. Finalement l’agglomération de Bordeaux n’est pas
avare en lieux de verdure. Comme quoi l’amitié permet de s’écarter
de nos coins routiniers. Il faudrait aussi que j’aille visiter
Bruges, Le Haillan et autres communes juste au nord de chez moi. J’ai
de quoi faire. Et le vélo est idéal pour ça.
Vitrine à Rocamadour : un drôle de vélo
J’apprends
d’ailleurs avec plaisir que le commerce du vélo semble s’emballer.
Je ne me fais cependant pas trop d’illusions : j’ai vu dans
ma tour une dame qui a simplement troqué sa bicyclette contre une
électrique. Résultat, elle a peur qu’on la lui vole ou la lui
abîme dans le garage à vélo, et elle la monte dans l’ascenseur
jusqu’à son balcon. Je n’ai d’ailleurs jamais vu autant de
vélos qui empruntent l’ascenseur !
musiciens à Rocamadour : j'ai failli me mettre à chanter, j'aurais dû !
(cette fois la peur, imbécile aussi, du ridicule)
Comme
quoi nous sommes envahis par la PEUR : et dire qu’on se moque
volontiers du Moyen âge où la peur régnait dans les campagnes
comme dans les villes ! Quand on dit que l’être humain ne
s’est pas amélioré depuis les temps préhistoriques, on passe pour un hurluberlu, et
pourtant de
ce point de vue, il ne s’est pas vraiment civilisé. Je terminais
mon bref compte rendu de ma longue randonnée de 2014 par ces mots :
"Et
bien sûr, il ne faut pas avoir peur de la solitude, ni du contact
avec les inconnus. Tout simplement, il ne faut pas avoir peur. Mais
pourquoi avoir peur ?"
Oui,
je repose la question : Pourquoi
avoir peur ?
1 commentaire:
Bonjour
Pourquoi avoir peur ?
Tentons une réponse : parce que la peur est un gigantesque marché où se sont engouffrés les marchands soucieux de faire grossir le PIB et leur petit profit. C'est un marché très lucratif qui a un énorme avantage, il ne satisfait pas le besoin que vous éprouvez de combattre la peur. Au contraire il le nourrit, le fait grossir et vous transforme en consommateur compulsif de la foire à la sécurité.
J'en conclus : si vous ne souhaitez du bien ni au PIB ni à leur petit profit (à leur gros profit devrais-je dire), cessez d'avoir peur. Prenez votre vélo, ne voyagez pas masqué, tentez la rencontre et la découverte.
Bises interdites
Vincent
Facteur Humain
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