c’est
même une preuve de salubrité intellectuelle d’être en colère
contre l’état du monde.
(Serge
Perrin, La
décroissance N° 157,
mars 2019)
Au
moment où le développement humain déraisonnable (la "religion"
de la croissance infinie et du toujours plus dans un monde pourtant
bel et bien fini) a réussi le prodige de faire disparaître de plus
en plus d’insectes (pauvres apiculteurs et leurs ruches victimes
des pesticides) et d’oiseaux (mon amie Odile n’a pas vu cet hiver
une seule mésange venir grignoter la boule de graisse qu’elle
avait mise comme d’habitude sur sa fenêtre), je vous propose ce
texte tiré du recueil de Ingela Strandberg, poète suédoise, Le
Royaume des bois d’élans,
traduit par Virginie
Büschel, paru
chez Agone en 1999.
Regard
de buse
Sa
Majesté la buse trône
sur
la branche la plus basse du chêne,
n’a
pas d’autre vision du monde
que
ce royaume qui lui appartient.
Le
vent et la neige
s’engouffrent
et tourbillonnent
dans
ses plumes.
Je
suis ravie par son regard,
ce
gouffre noir, comme le charbon sur
la
robe de neige que j’enfile
à
l’extérieur de ma demeure.
Ma
vie entière
dépend
de son regard.
Quand
il décolle c’est ma vie
qu’il
emporte dans la forêt
peu
importe le lieu où je suis
d’ici
je sais
que
je pourrai voler.
1 commentaire:
Merci pour ce poeme....
Enregistrer un commentaire