lundi 8 avril 2019

8 avril 2019 : escapade chez Albion


affronter les seuls faits essentiels de la vie, voir si je ne pouvais pas apprendre ce qu’elle avait à m’enseigner, et ne pas découvrir, au moment de mourir, que je n’avais pas vécu.
(Henry- David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, cité par Virginia Woolf, Thoreau in Les livres tiennent tout seuls sur leurs pieds, trad. Michel Venaille, Les Belles lettres, 2017 )

The hound of the Baskervilles (Musée Sherlock Holmes)

Avant de quitter Londres, et profitant de la matinée (Eurostar après 14 h), je fais un petit bilan.

écureuil londonien

Première impression : Londres est plus propre que Paris, il y a davantage de balayeurs de rue. Mais sur la distance, on s’aperçoit que, malgré tout, les mégots, les papiers, les canettes, et même les crottes de chien ne sont pas absents du panorama piétonnier. Sans doute une insuffisance du nombre de corbeilles ou poubelles publiques. Sinon, c’est très agréable de déambuler, avec un petit bémol : il y a rarement des bancs sur les trottoirs, souvent très larges, et donc reposer ses vieilles jambes nécessite de faire des arrêts-bistrots ou des arrêts-musées (les grands musées nationaux sont gratuits), arrêts rendus d’ailleurs obligatoires par l’absence quasi-totale de toilettes publiques visibles (une sanisette vue à Greenwich, deux urinoirs, l’un derrière Saint-Martin-in-the-Fields, l’autre à Paddington, maigre moisson en dix jours de promenades, sinon, il faut voir dans les gares)…

le tigre (douanier Rousseau), National gallery

les soeurs Brontë par leur frère Patrick (National Portrait gallery)

J’ai donc pas mal visité les principaux musées : National Gallery, à Trafalgar square, où je tenais à voir un Caravage, et où j’ai fait plusieurs visites, tant il y a à voir ; tout à côté, National portrait Gallery, étonnant musée consacré aux portraits des rois et reines, hommes et femmes politiques, artistes, savants et écrivains des deux sexes, enfin des hommes et femmes célèbres de la nation ; Tate modern, sur la rive sud de la Tamise, qui renferme des salles diverses consacrés à l’art du XXème siècle : de son dixième étage, on peut avoir une belle vue sur Londres ; Tate Britain, ma seule déception, consacré aux peintres britanniques de l’époque classique, beaucoup de Turner, mais bien mal présentés et éclairés, et j’espérais y voir des œuvres de Vanessa Bell et Duncan Grant, sœur et ami de Virginia Woolf (il y en a peut-être dans le Tate modern, dont je n’ai pas fait toutes les salles) ; National maritime museum, à Greenwich, consacré à la Royal navy, un peu pompeux, avec la redingote de Nelson présentant le trou de la balle qui le tua ; le British museum, mon préféré, avec des salles sur l’Antiquité fastueuses : l’Égypte pharaonique (la pierre de Rosette, nombreux sarcophages), l’Assyrie, la Grèce (les frises du Parthénon achetées à l’Empire ottoman et que la Grèce réclame depuis son indépendance), Rome, mais aussi l’Afrique, l’Asie, l’Amérique...

chat égyptien antique (British Museum)
                      le Globe theatre

Parmi les curiosités, quelques quartiers : Soho, Leicester square, Chinatown, Little Venice (les canaux de Londres), le Greenwich market... Le Musée Sherlock Holmes, à Baker street, of course. Des monuments : Buckingham Palace – la reine n’y était pas ; le Globe theatre, reproduction du théâtre de l’époque de Shakespeare ; l’Old royal naval college, où Lucile a pu tester un heaume et un gantelet métallique, et moi un costume d’élève-officier ; Big Ben, emmaillotée comme des vieux dans des maisons de retraite, et qui ne sonnera plus pendant quatre ans ; les grandioses Houses of Parliament ; de nombreuses églises, ma préférée étant Saint-Martin-in-the Fields, dans laquelle on peut assister l’après-midi aux répétitions des musiciens du concert du soir ; un obélisque rapporté d’Égypte (nettement plus petit que celui de Paris) placé au bord de la Tamise. Le Cutty sark, trois-mâts du XIXème siècle, symbolisant la maîtrise des mers par l’Empire britannique. Et bien sûr, les nombreux parcs, où je me suis assez peu promené, vu le temps qui s’est dégradé dans le seconde partie de mon séjour. Sans oublier les fameux bus à étage, dans lesquels j’ai sillonné Londres.

Saint-Martin-in-the-Fields : plafond et lustres
le Cutty sark
Une petite parenthèse pour voir mon amie (et ancienne chef de ma chorale) Venetia le week-end à Glastonbury aux portes de la Cornouaille, dans le Somerset. Voyage en autocar. Très bel accueil ; logement dans une chambre d’hôte un peu spéciale (un salon de méditation, des figurines asiatiques un peu partout), bon repas de saucisses au restaurant, promenade pour gravir la colline du Tor, visite au bourg voisin de West où se trouvait l‘usine Clarks (les célèbres chaussures) et visite de la ville et de ses passages, aux boutiques vintage et baba cool.

une des deux chattes de Venetia

Deux spectacles : le fameux « musical » Les Misérables, digest en musique du roman de Hugo, qui triomphe depuis vingt-cinq ans dans ce même théâtre, sorte d’opéra grandiloquent qui aurait peut-être plu à notre poète national. Et The magic flute, l’opéra de Mozart, chanté en anglais à l’English national opera. Nous l’avions vu, Claire et moi, lors de notre voyage de noces en 1979, dans ce même théâtre, mais dans une mise en scène plus traditionnelle. Ici, costumes modernes, décors projetés sur un rideau transparent, chanteurs placés sur un plateau mouvant ; pour moi, ça perdait un peu de sa magie et du côté féerique de l’histoire, mais la musique était là, le chant et l’humour (personnage de Papageno) aussi.

Chinatown

Donc séjour agréable, ponctué de repas de toute sorte : indien, anglais, italien, thaï, même si je comprends toujours aussi mal l’anglais parlé, surtout celui des garçons de café, qui avalent les mots comme si c’était des pintes de bière. J’ai eu moins de mal dans les musées où le personnel, habitué aux étrangers, s’efforce de parler avec plus de lenteur. Reviendrai-je encore : oui, si Lucile est toujours là, mais pas avant deux ans, donc mystère !

Little Venice

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