affronter
les seuls faits essentiels de la vie, voir si je ne pouvais pas
apprendre ce qu’elle avait à m’enseigner, et ne pas découvrir,
au moment de mourir, que je n’avais pas vécu.
(Henry-
David Thoreau, Walden ou la vie
dans les bois,
cité par Virginia Woolf, Thoreau
in Les livres tiennent tout seuls
sur leurs pieds,
trad. Michel Venaille, Les Belles lettres, 2017
)
The hound of the Baskervilles (Musée Sherlock Holmes)
Avant
de quitter Londres, et profitant de la matinée (Eurostar après 14
h), je fais un petit bilan.
écureuil londonien
Première
impression : Londres est plus propre que Paris, il y a davantage
de balayeurs de rue. Mais sur la distance, on s’aperçoit que,
malgré tout, les mégots, les papiers, les canettes, et même les
crottes de chien ne sont pas absents du panorama piétonnier. Sans
doute une insuffisance du nombre de corbeilles ou poubelles
publiques. Sinon, c’est très agréable de déambuler, avec un
petit bémol : il y a rarement des bancs sur les trottoirs, souvent
très larges, et donc reposer ses vieilles jambes nécessite de faire
des arrêts-bistrots
ou des arrêts-musées
(les grands musées nationaux sont gratuits), arrêts rendus d’ailleurs
obligatoires par l’absence quasi-totale de toilettes publiques
visibles (une sanisette vue à Greenwich, deux urinoirs, l’un
derrière Saint-Martin-in-the-Fields,
l’autre à Paddington, maigre moisson en dix jours de promenades,
sinon, il faut voir dans les gares)…
le tigre (douanier Rousseau), National gallery
les soeurs Brontë par leur frère Patrick (National Portrait gallery)
J’ai
donc pas mal visité les principaux musées : National
Gallery,
à Trafalgar square, où je tenais à voir un Caravage, et où j’ai
fait plusieurs visites, tant il y a à voir ; tout à côté,
National portrait Gallery,
étonnant musée consacré aux portraits des rois et reines, hommes
et femmes politiques, artistes, savants et écrivains des deux sexes,
enfin des hommes et femmes célèbres de la nation ; Tate
modern,
sur la rive sud de la Tamise, qui renferme des salles diverses
consacrés à l’art du XXème siècle : de son dixième étage,
on peut avoir une belle vue sur Londres ; Tate
Britain,
ma seule déception, consacré aux peintres britanniques de l’époque
classique, beaucoup de Turner, mais bien mal présentés et éclairés,
et j’espérais y voir des œuvres de Vanessa Bell et Duncan Grant,
sœur et ami de Virginia Woolf (il y en a peut-être dans le Tate
modern,
dont je n’ai pas fait toutes les salles) ; National
maritime museum,
à Greenwich, consacré à la Royal navy, un peu pompeux, avec la
redingote de Nelson présentant le trou de la balle qui le tua ;
le
British museum,
mon préféré, avec des salles sur l’Antiquité fastueuses :
l’Égypte pharaonique (la pierre de Rosette, nombreux sarcophages), l’Assyrie, la Grèce (les frises du
Parthénon achetées à l’Empire ottoman et que la Grèce réclame
depuis son indépendance), Rome, mais aussi l’Afrique, l’Asie,
l’Amérique...
chat égyptien antique (British Museum)
le Globe theatre
Parmi
les curiosités, quelques
quartiers : Soho, Leicester square, Chinatown, Little Venice
(les canaux de Londres), le Greenwich market... Le Musée
Sherlock Holmes,
à
Baker street, of course. Des
monuments : Buckingham
Palace
– la reine n’y était pas ; le Globe
theatre,
reproduction du théâtre de l’époque de Shakespeare ; l’Old
royal naval college,
où Lucile a pu tester un heaume et un gantelet métallique, et moi
un costume d’élève-officier ; Big
Ben,
emmaillotée comme des vieux dans des maisons de retraite, et qui ne
sonnera plus pendant quatre ans ; les grandioses Houses
of Parliament ;
de nombreuses églises, ma préférée étant Saint-Martin-in-the
Fields,
dans laquelle on peut assister l’après-midi aux répétitions des
musiciens du concert du soir ; un obélisque rapporté d’Égypte
(nettement plus petit que celui de Paris) placé au bord de la
Tamise. Le Cutty sark,
trois-mâts du XIXème siècle, symbolisant la maîtrise des mers par
l’Empire britannique. Et bien sûr, les nombreux parcs, où je me
suis assez peu promené, vu le temps qui s’est dégradé dans le
seconde partie de mon séjour. Sans oublier les fameux bus à étage,
dans lesquels j’ai sillonné Londres.
Saint-Martin-in-the-Fields : plafond et lustres
le Cutty sark
Une
petite parenthèse pour voir mon amie (et ancienne chef de ma
chorale) Venetia le week-end à Glastonbury aux
portes de la Cornouaille, dans le Somerset. Voyage en autocar. Très
bel accueil ; logement dans une chambre d’hôte un peu
spéciale (un salon de méditation, des figurines asiatiques un peu
partout), bon repas de saucisses au restaurant, promenade pour gravir
la colline du Tor, visite au bourg voisin de West où se trouvait
l‘usine Clarks (les célèbres chaussures) et visite de la ville et
de ses passages, aux boutiques vintage et baba cool.
une des deux chattes de Venetia
Deux
spectacles : le fameux « musical » Les
Misérables,
digest en musique du roman de Hugo, qui triomphe depuis vingt-cinq
ans dans ce même théâtre, sorte d’opéra grandiloquent qui
aurait peut-être plu à notre poète national. Et The
magic flute,
l’opéra de Mozart, chanté en anglais à l’English national
opera. Nous l’avions vu, Claire et moi, lors de notre voyage de
noces en 1979, dans ce même théâtre, mais dans une mise en scène
plus traditionnelle. Ici, costumes modernes, décors projetés sur un
rideau transparent, chanteurs placés sur un plateau mouvant ;
pour moi, ça perdait un peu de sa magie et du côté féerique de
l’histoire, mais la musique était là, le chant et l’humour
(personnage de Papageno) aussi.
Chinatown
Donc
séjour agréable, ponctué de repas de toute sorte : indien,
anglais, italien, thaï, même si je comprends toujours aussi mal
l’anglais parlé, surtout celui des garçons de café, qui avalent
les mots comme si c’était des pintes de bière. J’ai eu moins de
mal dans les musées où le personnel, habitué aux étrangers,
s’efforce de parler avec plus de lenteur. Reviendrai-je
encore : oui, si Lucile est toujours là, mais pas avant deux
ans, donc mystère !
Little Venice
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire