Août
1903 : Je
n'ai jamais pu passer devant une roulotte de bohémien sans brûler
d'envie de me trouver à l'intérieur. Une maison, sans attaches
fixes, qui se déplace dès que le cœur vous en dit, &
parfaitement autonome, voilà assurément le plus enviable des logis.
(Virginia
Woolf,
Journal d'adolescence, 1897-1909,
Stock, 2008)
non, je n'ai pas fait de vélo à Londres !!!
Rien
de tel pour être dans l’ambiance londonienne que de lire des
auteurs anglais. J’avais donc emporté un volume de Virginia Woolf,
un recueil de ses essais sur la littérature, Les
livres tiennent tout seuls sur leurs pieds
(traduit en français), et en anglais, un Conan Doyle (The
Hound of the Baskervilles)
et un Anthony Horowitz (Stormbreaker).
Je suis toujours enthousiasmé par Virginia (une des auteurs que je
nomme par son seul prénom, tant elle est devenue un pivot de mes
lectures depuis une dizaine d’années), et bien sûr j’ai relu
avec plaisir le Sherlock Holmes, premier roman que j’avais lu de
Conan Doyle vers mes quatorze ans, et découvert le premier volume de
la série "Alex Rider, l’espion malgré lui", imaginé par un Horowitz
en grande forme.
acrobate nu sur un crocodile, sculpture égyptienne (British Museum)
J’ai
trouvé Londres plus grand que Paris, on fait rapidement 5 ou 6 km à pied,
donc l’usage du bus (ou du bateau bus) est impérieuse. La
circulation est terrifiante – en dépit du fameux péage pour
pénétrer dans le cœur de ville, et je ne me suis pas risqué à
prendre un des vélos "Santander", le vélib londonien.
Car, se faufiler entre les bus et les taxis, sans oublier qu’en
plus ici on roule à gauche, relève quasiment de la
prestidigitation. Il y faut une souplesse et une présence d’esprit
qui ne sont plus de mon âge : et oui, soudain, on se sent
vieux ! Ou du moins, on s’aperçoit que l'âge est là.
le London eye (et au fond, à droite, Houses of Parliament et Big Ben)
Sinon,
Londres est une ville riche, des riches et pour les riches. Ce qui
n’empêche pas une pollution énorme (trop de circulation et de gaz
d’échappements, un bruit permanent auquel on finit par ne plus
faire attention), même si elle n’a plus rien à voir avec le
"smog" d’autrefois, des embouteillages monstres (selon
les heures le bus mettait 30 ou 50 minutes pour faire le même
trajet). Et
aussi de nombreux SDF : le libéralisme fait là aussi des
ravages, comme chez nous, et laisse sur ses franges de nombreux
exclus. Pierryl, le compagnon de Lucile, cherchant à changer
d’emploi, j’ai pu observer de près le parcours de combattant des
entretiens, des déplacements, des nombreux coups de téléphone et
messages électroniques qu’une telle démarche impose. Qu’en
est-il pour ceux qui n’ont pas d’ordiphone (il y a encore ici et
là des cabines téléphoniques qui marchent, et j’ai pu voir des
gens qui les utilisent), qui ne maîtrisent pas bien l’anglais ni
l’informatique, ils sont perdus. Au fond, le Londres de Dickens n’a
pas disparu, il s’est déplacé vers des banlieues lointaines où
les marchands de sommeil et propriétaires font la loi. Les loyers
sont exorbitants et on se demande comment on peut se loger !
dans certaines rues, on encourage les automobilistes à couper le moteur
quand ils sont à l'arrêt (pollution !!!)
Sans
doute les grands musées sont gratuits (d’ailleurs, ça explique
leurs statistiques pharamineuses, puisqu’en totalisant les entrées,
ils incluent ceux qui n’y sont entrés que pour aller aux
toilettes). On peut aussi manger pour pas très cher ici ou là,
notamment dans la chaîne "Prêt à manger". Mais le coût
de la vie est très élevé ; j’ai
vu des gens demander qu’on leur achète quelque chose à manger
dans le supermarché. Les cinémas, les restaurants normaux, les
déplacements, sont chers. Et je ne parle pas des expositions
temporaires (il y en avait une de Van Gogh à la Tate Britain (22 £
soit 25 €), une de Bonnard à la Tate modern
(17
£ soit 19 €), ni les visites un peu spéciales (monter au 72ème
étage du Shard, la plus haute tour d’Europe, 32 £ minimum ;
25
£ pour monter sur le London Eye, la grande roue haute de 135 m,
après avoir fait une queue interminable dans le froid des bords de
Tamise ; je me suis passé des deux, j’ai eu un beau panorama
de Londres du haut du 10ème étage de la Tate modern, et sans
payer).
le "Shard", 312 m de hauteur
Par
ailleurs, la quantité de boutiques, de rabatteurs pour entrer dans
certaines (les restaurants en particulier), le consumérisme effréné,
découragent le simple déambulateur avide de voir autre chose. Bref,
j’y ai passé dix jours que je ne regrette pas, mais je ne crois
pas que je pourrai y vivre. À côté, Bordeaux me semble avoir une
taille humaine, je m’y sens à hauteur d’homme. Là-bas, j’avais
l’impression d’être un extra-terrestre !
Antinoüs, le favori d'Hadrien (British Museum)
j'ai pensé à Marguerite Yourcenar et à son beau roman
Et
sur ce, au revoir, chers lecteurs. Je pars en Roumanie pour un voyage
littéraire "sur les traces de Panaït Istrati". Retour le
21 au soir à Bordeaux !
l'amie Venetia devant sa maison
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire