D’ailleurs
rien ne sonne plus faux que la vérité aux oreilles de ceux qui ne
sont pas disposés à l’entendre.
(Armand
Gatti, L’enfant-rat,
in Œuvres théâtrales 1,
Verdier, 1991)
première page de l'édit de Fontainebleau (révocation de l'édit de Nantes)
Nous
autres, protestants, nous ne pouvons pas oublier l’histoire, et les
persécutions dont nous avons été victimes. Non seulement par la
Révocation de l’Édit de Nantes (une des grandes fautes de Louis
XIV) en 1685, mais déjà bien avant, sous Richelieu, avec la paix
d’Alès, qui, sous couvert de restaurer l’autorité royale,
préparait déjà la Révocation, au nom de la prétendue unité
nationale : peu après, il y eut interdiction pour les Réformés
d’exercer des charges publiques, avant les conversions forcées, puis l’interdiction pure et
simple de la RPR (Religion prétendue réformée).
Rappelons que si
la Révolution française, à laquelle adhérèrent fortement les
Protestants (et pour cause : reconnaissance de la liberté de
conscience) a accordé la liberté de culte aux diverses religions
autres que la catholique, le retour des Bourbons en 1815 s’est
accompagné de la Terreur blanche (curieusement on en parle beaucoup
moins que de la Terreur de 1793), avec notamment de graves massacres
de protestants dans le Gard en 1815, jusque dans les prisons où les
malheureux réformés avaient cru trouver un refuge. Rappelons enfin
que sous Pétain, les fonctionnaires juifs furent démis de leurs
fonctions, avant d’être persécutés, puis envoyés en Allemagne
vers les camps de la mort par les rafles opérées par la police
française, n’en déplaise à tous les Le Pen du monde.
Et
vous voudriez qu’on vote Le Pen ? Ou même que par notre
silence, nous lui apportions un pourcentage supplémentaire
significatif de voix ? Moi, je dis non, je ne peux admettre que
les ennemis de la liberté puissent aboyer encore longtemps !
Avec la complicité bienveillante des médias d’ailleurs qui, avant
le 1er tour, ont plus sonné l’hallali contre Mélenchon
que contre Le Pen. Imaginons une seconde que Mélenchon eut été présent
au second tour, qu’il ait réussi à enfermer Le Pen dans les
oubliettes de l’histoire. Il s’en est fallu de peu. Je suis à
peu près certain que la quasi-totalité des médias serait plus
féroce envers lui qu’ils ne le sont envers Le Pen. Et que le CAC 40 au lendemain du 27 avril au leiu de monter de 4 % aurait chuté.
Par
contre, bien sûr, il faudra être ferme avec le gouvernement Macron,
qu’il se préoccupe enfin de la question sociale, totalement
occultée pendant les dernières décennies de la politique française. Il
n’est pas normal que près de 10 millions de personnes vivent en
dessous du seuil de pauvreté, que près de 500 000 soient quasiment
sans abri, que les migrants soient persécutés autant chez nous (ou
presque) qu’ils l’étaient dans leurs pays d’origine, que les
personnes aidant les migrants soient jugées et parfois condamnées
par une justice qui par ailleurs oublie de s’attaquer à l’évasion
fiscale ou aux intérêts du grand capital (pourquoi Whirlpool
qui a touché de l’argent de l’État français n’est-il pas
condamné à le rembourser, ainsi que tous les autres délocalisateurs
?).
La neutralité nous mène au cataclysme, comme ce fut le cas en
Allemagne en 1933, car sitôt Le Pen élue, le grand patronat se
mettra aux ordres, comme ce fut le cas avec Hitler. N’oublions pas
que ceux qui sont censés nous protéger (police, militaires)
semblent fortement acquis aux idées du FN. "La police est par
définition compréhensive. Lorsqu’un régime change, les premiers
à s’adapter sont toujours les policiers", nous dit aussi Armand
Gatti. On l’a bien vu en France à la Libération, où l’épuration
a fort peu touché la police, ou en Russie, où Poutine, ancien du
KGB, est devenu le Patron.
Soyons
donc vigilants, et battons-nous pour qu’elle ne soit pas élue et
que le cataclysme FN ne donne qu’une infime minorité au Parlement
en juin !
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