Je
suis venue là pour rêver
ne
rien faire
mains
ouvertes
pour
ne rien prendre
rien
blesser
parce
que rien ne m'appartient
ni
le monde
ni
moi-même.
(Bernadette
Throo, Le
cristal des heures,
Sac à mots, 2014)
Mathieu et moi sommes allés sur la tombe de Claire ce matin ; nous y avons déposé le poème qui suit :
je voudrais te donner cinq goyaviers en fleurs
sept sapotilliers aux fragrances subtiles
neuf hibiscus vibrant aux alizés
une île qui danse au son du gwo-ka
et mon cœur enraciné dans ton âme en errance
maintenant l’éternité te livre son secret
et je manque de mots et je manque d’images
et je me sens perdu dans un temps incertain
impuissant devant l'immensité de ce monde-océan
que Dieu a déserté
ô la force des arbres à pain sous ton regard
les
lianes à l'assaut des arbres emmêlés
et
le regain du soir toujours recommencé
on n'avait pourtant rien vu encorele volcan se taisait
l'aimais-tu donc cette île d'Amérique
avec son sable gris et ses fortins
et sa langue et ses lieux qui criaient dans la nuit créole
où parfois tu tremblais
elle t'a fait créer des figurines
maintenant me voici dans l'intranquillité de la terre immobile
(et pourtant elle tourne)
armé de solitude et d'amitié farouche
criant ma colère dans l'ombre sourde du volcan-maladie
où l'abîme funèbre t'a endormie
1 commentaire:
Bel hommage, très touchant.
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