mercredi 3 avril 2024

3 avril 2024 : le poème du mois, une fable de Karak

 

méfiez-vous de la liberté que vous offre la vie car elle n’est pas grande.

(Stig Dagerman, La dictature du chagrin et autres écrits amers, 1945-1953, trad. Philippe Bouquet, 2009)

J’ai hésité cette fois-ci entre un poème moderne, un poème classique, et une galéjade, ce qu’est cette fable cruelle de Karak publiée sur son blog (http://karak.over-blog.com) que je suis régulièrement, et qui propose le plus souvent des dessins d’humour et d’humeur et quelquefois des textes du même tabac. Comme ma lecture en EHPAD s’est révélée salutaire pour moi, en voyant que les personnes très âgées préfèrent les vers avec rimes et bien rythmés par un nombre de syllabes normé, je vous propose cette fable de Karak… La chute en est effectivement cruelle. Pas facile de s’en sortir quand on a affaire au diable, ce qu’on voit effectivement actuellement aussi bien à Gaza qu’en Ukraine,

                                                                Dessin de Karak


Karak, Fable cruelle



Le diable et le manant

 

Sieur Gobevin, manant de son état

Criait avec force sa misère

En sa modeste chaumière

Devenue sinistre galetas.


Entouré de ses pouilleux enfants

De sa femme famélique

Il s’en prenait au tout puissant

De manière peu biblique :


« Dieu ! qu’ai-je donc fait

pour autan de malheur mériter ?

Je t’ai prié mille fois, en vain,

Aussi me voilà obligé d’invoquer le malin ! »


A peine ces mots prononcés

La pièce s’emplit de fumée

Belzébuth était là, cornes sur tête

Et queue fourchue en trompette :


«Pauvre vilain, avec moi, je vais te donner

Ce que tu voudras

Mais ton voisin mal aimé

Le double recevra »


Gobevin rêvait de tout, vaches, génisse,

Cochons, mais ne pouvait supporter

Que son prochain puisse

Jouir de sa double propriété.


Alors après mûre réflexion il réclama

Qu’un œil on lui creva.

                                                        Autre dessin de Karak
 

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