méfiez-vous de la liberté que vous offre la vie car elle n’est pas grande.
(Stig
Dagerman, La
dictature du chagrin et autres écrits amers, 1945-1953,
trad. Philippe Bouquet, 2009)
J’ai
hésité
cette fois-ci entre un poème moderne, un poème classique, et une
galéjade, ce qu’est cette fable cruelle de Karak publiée sur son
blog (http://karak.over-blog.com)
que je suis régulièrement, et qui propose le plus souvent des
dessins d’humour et d’humeur et quelquefois des textes du même
tabac. Comme ma lecture en EHPAD s’est révélée salutaire pour
moi, en voyant que les personnes très âgées préfèrent les vers
avec rimes et bien rythmés par un nombre de syllabes normé, je vous
propose cette fable de Karak… La chute en est effectivement
cruelle. Pas facile de s’en sortir quand on a affaire au diable, ce
qu’on voit effectivement actuellement aussi bien à Gaza qu’en
Ukraine,
Karak, Fable cruelle
Le diable et le manant
Sieur Gobevin, manant de son état
Criait avec force sa misère
En sa modeste chaumière
Devenue sinistre galetas.
Entouré de ses pouilleux enfants
De sa femme famélique
Il s’en prenait au tout puissant
De manière peu biblique :
« Dieu ! qu’ai-je donc fait
pour autan de malheur mériter ?
Je t’ai prié mille fois, en vain,
Aussi me voilà obligé d’invoquer le malin ! »
A peine ces mots prononcés
La pièce s’emplit de fumée
Belzébuth était là, cornes sur tête
Et queue fourchue en trompette :
«Pauvre vilain, avec moi, je vais te donner
Ce que tu voudras
Mais ton voisin mal aimé
Le double recevra »
Gobevin rêvait de tout, vaches, génisse,
Cochons, mais ne pouvait supporter
Que son prochain puisse
Jouir de sa double propriété.
Alors après mûre réflexion il réclama
Qu’un œil on lui creva.
Autre dessin de Karak
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