Je dois rester dans le « maintenant », me nourrir de chaque instant, de chaque sourire, faire de chaque moment une éternité. Je dois être là. L’après me rattrapera bien un jour. Mais pas tout de suite… pas aujourd’hui.
(Rachid Benzine, Ainsi parlait ma mère, Seuil, 2020)
Eh bien, me voilà de retour ! J’étais de nouveau en train de vagabonder : les 6 et 7 avril à Poitiers (déplacement en train), du 9 au 11 avril en Bretagne et du 13 au 15 à Toulouse (déplacement en bus dans ces deux cas). Une sorte de vadrouille, en quelque sorte, pour voir des amis (Poitiers et Bretagne) et de la famille (Toulouse). Si je parle de vadrouille, c’est que les voyages en bus ne sont pas aussi pépères que le train.
Mais commençons par Poitiers. Ou plutôt par Saint-Georges les Baillargeaux, où Corine (un seul "n", elle y tient) et Francis habitent dans une grande maison, entourée d’un jardin potager, royaume de Francis et des serres à cactées que Corine cultive avec passion. J’ai été magnifiquement reçu le vendredi 6, on ne s’était pas vus depuis deux ou trois ans, et j’ai fort bien dormi à l’étage. Nous nous sommes promenés dans le village et avons fait une petite visite à la mère de Corine, encore bon pied non œil à plus de 85 ans. Le lendemain, ils m’ont emmené à Poitiers, aux Couronneries, où habitent Frédéric (42 ans) et sa mère sourde. C’est toujours émouvant pour moi d’être accueilli chez eux par leur chien Othello. J’ai connu Fred à la salle de sports que je fréquentais pendant la maladie de Claire il y a dix-huit ans. J’ai tout de suite sympathisé avec lui, car c’était très rare de rencontrer un jeune qui n’a pas fait d’études être à la fois amateur de littérature et un grand cinéphile. Notre amitié s’est fondée sur nos conversations littéraires et cinéphiles que nous approfondissons à chaque rencontre autour d’un repas préparé par leurs soins.
De là, je suis parti en bus vers Vannes, où Christine (amie depuis 1982 et la Guadeloupe) m’attendait à la gare routière. Dans le bus, le jeune homme à côté de moi de Nantes à Vannes m’a raconté qu’il ne peut pas prendre l’avion (il a eu une crise de panique la première fois, ce qui s'est produit sur son siège avant le départ, l’équipage a dû appeler le SAMU) ni conduire une auto (lors du permis, il a heurté la bordure d’un trottoir et failli blesser une vieille dame, panique à nouveau, il n’a plus voulu repasser le permis). Christine m’a emmené chez elle avec le bus urbain, à Plescop, banlieue de Vannes. Le lendemain matin, nous avons visité l’exposition de ses photos programmée dans la jolie bibliothèque de Peillac ; je connaissais déjà ses photos, mais elles étaient bien présentées et éclairées, et on a pu discuter avec les bibliothécaires.
la bibliothèque de Peilhac et l'expo sur les murs (photo Christine Mehring
L'après-midi, nous sommes allés à la "Cohue", en plein centre ville de Vannes, visiter le Musée des Beaux-arts de Vannes et l’exposition qui y était. Une salle du Musée est consacrée à Geneviève Asse (1923-2021), qui a fait don d’une partie de son œuvre à la ville de Vannes. Cette artiste du XX et XXIèmes siècles est mondialement connue par le bleu "asse" qu’elle a utilisé dans de nombreux monochromes. Puis nous avons regardé l’exposition des installations de Salomé Fauc, des arbres peints sur des lés verticaux géants allant du sol au plafond, de dominante bleue en hommage à Geneviève Asse, l'ensemble donnant l'impression qu'on se promène en forêt. Tout bonnement splendide autant qu’étonnant. Christine m’a, comme toujours, très bien accueilli. J’ai la chance d’avoir des ami.e.s magnifiques. Mais comme tout le monde le sait, j’étais né pour l’amitié !les lés de Salomé Fauc (photo Christine Mehring)
Au retour, le bus de Nantes à Bordeaux avait des hoquets : le chauffeur espagnol (le bus devait rallier San Sebastian), qui ne parlait pas un mot de français nous fit savoir que le problème venait de la boîte de vitesse, difficile de passer en seconde. Sur l’autoroute, ça allait, une fois qu’il avait atteint la troisième, il montait en cinquième sans problèmes. Mais pour sortir des ville ou y entrer (Nantes, Niort, Bordeaux), il galérait. Résultat : 2 heures de retard à l’arrivée ! Heureusement, trois jeunes filles sont montées à Niort et placées près de moi. Comme je les entendais parler anglais, je me suis immiscé dans la conversation : elles étaient "lectrices d’anglais" à Niort, l’une dans le primaire, la seconde en collège, la dernière en lycée. Je les ai poussées à avoir deux heures de conversation française avec moi ; elles étaient ravies et ont appris quelques tournures de la langue parlée.
À suivre...le bleu de Geneviève Asse
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