J’ai rêvé que la terreur de toute une vie
pouvait être épargnée par un jour heureux,
et que c’était peut-être aujourd’hui.
(Søren Ulrik Thomsen, Les arbres ne rêvent sans doute pas de moi, trad. Pierre Grouix, Cheyne, 2016)
Il fut un temps où j’adorais les chansons d’avant-guerre et même d’avant les deux guerres mondiales, en gros de 1840 à 1939. Il y avait parmi elles des chansons réalistes ou pseudo-réalistes, souvent un peu mélo, qui me donnaient le frisson. Parmi elles se trouvait L’Hirondelle du faubourg (chanson de 1912), que ma grand-mère fredonnait parfois. Il se trouve qu’on m’a offert pour Noël un livret de l’Opéra de Montpellier qui donne les textes d’un spectacle comprenant un opéra de Simon Laks, intitulé L’Hirondelle inattendue : le compositeur polonais s’inspire justement de cette chanson.
L'HIRONDELLE DU FAUBOURG
A
l'hôpital c'est l'heur' de la visite
L'méd'cin en chef passe
devant les lits :
"L'numéro treiz'qu'est c'qu'elle a
cett'petite ?"
"C'est la blessée qu'on am'na cette
nuit."
"N'ayez pas peur, faut que j'sond'vos
blessures,
Deux coups d'couteau... près du coeur... y'a plus
d'sang !
Non, pas perdue... à votre âge on est dure,
Seul'ment
tout d'mèm' faut prév'nir vos parents !"
Mais la mourante
alors a répondu :
Je suis tout' seul' depuis qu'maman n'est
plus.
Refrain
On
m'appell' l'Hirondell' du Faubourg.
Je ne suis qu'un' pauvre
fill' d'amour,
Née un jour d'la saison printanière,
D'un'
petite ouvrière
Comm' les autr's j'aurais p't'ètr' bien
tourné,
Si mon père au lieu d'm'abandonner,
Avait su
protéger de son aile,
L'Hirondelle.
L'docteur
reprit : "Vous portez un' médaille,
C'est un cadeau, sans
dout', de votre amant ?"
"Non c'est l'souv'nir de
l'homm', du rien qui vaille
De l'homm' sans coeur qui trompa ma
maman !"
"Laissez-moi lire : André,
Marie-Thérèse
Mais j'la r'connais cett' médaille en
argent,
Et cette date : Avril quatre vingt treize !
Laissez-moi
seul, j'veux guérir cette enfant
Vous m'regardez tous avec de
grands yeux
C'est mon devoir d'soigner les malheureux.
Refrain
On
l'appell' l'Hirondell' du Faubourg,
Ce n'est qu'une pauvre fill'
d'amour,
Née un jour d'la saison printanière,
D'un'
petite ouvrière
Comm' les autr's elle aurait bien tourné,
Si
son père au lieu d'l'abandonner,
Avait su protéger de son
aile,
L'Hirondelle.
L'numéro
treiz' toujours quarant' de fièvre,
Oui... ça n'va pas comm'
j'l'avais espéré,
Je vois la vie s'échapper de ses lèvres
Et
rien à fair'rien... pour l'en empêcher !
J'suis un savant,
j'en ai guéri des femmes
Mais c'est cell'-là qu'j'aurais voulu
sauver
La v'la qui passe... écout' retiens ton âme
Je
suis ton pèr' ma fille bien aimée
Je n'suis pas fou... je suis
un malheureux
Vous mes élèv's, écoutez... je le veux.
Refrain
On
l'app'lait l'Hirondell' du Faubourg,
C'était une pauvre fill'
d'amour,
Née un jour d'la saison printanière,
D'un'
petite ouvrière
Comm' les autr's elle aurait bien tourné,
Si
lâch'ment, au lieu d'l'abandonner,
J'avais
su protéger de mon aile,
L'Hirondelle.
https://www.youtube.com/watch?v=aGwGSC6NOLk
Je vous propose la version chantée par Jack Lantier, mais on trouve aussi celle de Lina Margy (que Mamie connaissait sans doute par la radio) et la reprise par Georgette Plana.
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