samedi 13 janvier 2024

13 janvier : la chanson du mois, L'hirondelle du faubourg

 

J’ai rêvé que la terreur de toute une vie

pouvait être épargnée par un jour heureux,

et que c’était peut-être aujourd’hui.

(Søren Ulrik Thomsen, Les arbres ne rêvent sans doute pas de moi, trad. Pierre Grouix, Cheyne, 2016)





Il fut un temps où j’adorais les chansons d’avant-guerre et même d’avant les deux guerres mondiales, en gros de 1840 à 1939. Il y avait parmi elles des chansons réalistes ou pseudo-réalistes, souvent un peu mélo, qui me donnaient le frisson. Parmi elles se trouvait L’Hirondelle du faubourg (chanson de 1912), que ma grand-mère fredonnait parfois. Il se trouve qu’on m’a offert pour Noël un livret de l’Opéra de Montpellier qui donne les textes d’un spectacle comprenant un opéra de Simon Laks, intitulé L’Hirondelle inattendue : le compositeur polonais s’inspire justement de cette chanson.


L'HIRONDELLE DU FAUBOURG



A l'hôpital c'est l'heur' de la visite
L'méd'cin en chef passe devant les lits :
"L'numéro treiz'qu'est c'qu'elle a cett'petite ?"
"C'est la blessée qu'on am'na cette nuit."
"N'ayez pas peur, faut que j'sond'vos blessures,
Deux coups d'couteau... près du coeur... y'a plus d'sang !
Non, pas perdue... à votre âge on est dure,
Seul'ment tout d'mèm' faut prév'nir vos parents !"
Mais la mourante alors a répondu :
Je suis tout' seul' depuis qu'maman n'est plus.


Refrain

On m'appell' l'Hirondell' du Faubourg.
Je ne suis qu'un' pauvre fill' d'amour,
Née un jour d'la saison printanière,
D'un' petite ouvrière
Comm' les autr's j'aurais p't'ètr' bien tourné,
Si mon père au lieu d'm'abandonner,
Avait su protéger de son aile,
L'Hirondelle.


L'docteur reprit : "Vous portez un' médaille,
C'est un cadeau, sans dout', de votre amant ?"
"Non c'est l'souv'nir de l'homm', du rien qui vaille
De l'homm' sans coeur qui trompa ma maman !"
"Laissez-moi lire : André, Marie-Thérèse
Mais j'la r'connais cett' médaille en argent,
Et cette date : Avril quatre vingt treize !
Laissez-moi seul, j'veux guérir cette enfant
Vous m'regardez tous avec de grands yeux
C'est mon devoir d'soigner les malheureux.


Refrain

On l'appell' l'Hirondell' du Faubourg,
Ce n'est qu'une pauvre fill' d'amour,
Née un jour d'la saison printanière,
D'un' petite ouvrière
Comm' les autr's elle aurait bien tourné,
Si son père au lieu d'l'abandonner,
Avait su protéger de son aile,
L'Hirondelle.


L'numéro treiz' toujours quarant' de fièvre,
Oui... ça n'va pas comm' j'l'avais espéré,
Je vois la vie s'échapper de ses lèvres
Et rien à fair'rien... pour l'en empêcher !
J'suis un savant, j'en ai guéri des femmes
Mais c'est cell'-là qu'j'aurais voulu sauver
La v'la qui passe... écout' retiens ton âme
Je suis ton pèr' ma fille bien aimée
Je n'suis pas fou... je suis un malheureux
Vous mes élèv's, écoutez... je le veux.


Refrain

On l'app'lait l'Hirondell' du Faubourg,
C'était une pauvre fill' d'amour,
Née un jour d'la saison printanière,
D'un' petite ouvrière
Comm' les autr's elle aurait bien tourné,
Si lâch'ment, au lieu d'l'abandonner, 

J'avais su protéger de mon aile,
L'Hirondelle.


https://www.youtube.com/watch?v=aGwGSC6NOLk


Je vous propose la version chantée par Jack Lantier, mais on trouve aussi celle de Lina Margy (que Mamie connaissait sans doute par la radio) et la reprise par Georgette Plana.

 


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