vendredi 1 décembre 2023

1er décembre 2023 : le poème du mois, ode à la pluie

 

Je me promets au nom des fleurs

et de ma mère

de rester toujours

- même à cent ans

en pleine crise d’adolescence

(James Noël, Le pyromane incandescent, Points, 2015)



J’ai plus que jamais besoin de poésie : l’actualité nationale et internationale en manque abominablement, ma santé s’est quand même fort dégradée. Heureusement, j’ai fouiné dans ma bibliothèque de poètes, et ai découvert pas mal de pépites, y compris dans les poètes traduits en français. Ainsi chez le poète danois Søren Ulrik Thomsen, dont le recueil Les arbres ne rêvent sans doute pas de moi traduit par Pierre Grouix, est paru chez Cheyne en 2016. Je rappelle que je suis allé deux fois au Festival Lectures sous l’arbre qui se passe en août au Chambon-sur-Lignon (lieu de l'éditeur) dans les années 2010, et j’y suis resté toute la semaine en août 2010 pour un stage de lecture à haute voix animé par Marc Roger (voir mon compte rendu sur ma page https://cyclo-lecteur.blogspot.com/2010/08/).

J’ai dû y aller une seconde fois (sans doute vers 2016, où j’ai acheté le recueil de ce Danois, inconnu de moi. Le festival m’avait tellement plus, tant et si bien que mon fils y est allé aussi avec une amie, et à vélo !

Vu le temps de mois de novembre si pluvieux, ce poème m’a bien plu et me paraît d’actualité :


Ode à la pluie


Parce que son écriture nerveuse

file sur les vitres de l’express


et parce que son voile translucide

tangue devant le mer de lumière verticale de la tour


parce qu’elle pleure à mon instar

ce que de toute façon je ne peux oublier


et parce qu’elle pointille son haïku automnal

même tout de suite effacé sur le pare-brise


parce que c’est une bénédiction

de s’endormir au son de son chant ruisselant


et féerique de se réveiller dans le noir

quand elle cogne contre le toit des voitures


parce qu’elle unit ciel et terre

dans un sacrement secret


et même parce que les femmes les plus belles

le deviennent encore plus

lorsqu’elle file à travers leur longue chevelure


parce qu’on a le droit de rester tranquille

jusqu’à ce que sa grande musique s’apaise


et parce que sa lumière liquide

est le négatif de ce poème :


voilà pourquoi j’aime la pluie


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