N’est-ce pas curieux que le monde empire si vite, mais qu’il soit si long à s’améliorer ?
(Tiago Rodrigues, Caterina et la beauté de tuer des fascistes, trad. Thomas Resendes, Les solitaires intempestifs, 2020)
Après deux années d'intense intoxication par les propagandes d’État anti-gilets jaunes puis anticovid relayées à outrance par les infos des médias, nous sommes à présent obligés de supporter la propagande binaire anti-Poutine / pro-Ukraine.
Personnellement, je commence à en avoir assez de toutes ces injonctions, interdictions et obligations si faciles à imposer ; et je suis sidéré qu'il y ait si peu d'opposition. Peu à peu, les QR codes et le numérique ont pris le relais des anciennes bureaucraties (déjà bien pénibles, cf le va-et-vient infernal pour obtenir un titre de séjour quand on est immigré) et finissent, si vous ne vous y pliez pas, par vous empêcher quasiment d’exister. Et par écraser les gens les plus démunis !
Le monde va devoir faire des choix drastiques dans l’aide humanitaire : on va se focaliser sur les Ukrainiens, et ça va se faire au détriment des autres victimes de guerres civiles ou non (Syrie, Yemen, Congo, Afghanistan, etc.), de catastrophes naturelles et/ou climatiques (Haïti, etc.) qu’on accueillait ou secourait déjà fort mal et qui vont être délaissées. Sans compter les conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur la production des céréales, ce qui va accroître le nombre des migrants économiques.
Et quelles réponses apporte-t-on ? Des ventes d’armes à profusion, encore et toujours. À croire que le capitalisme a toujours besoin de prolonger les guerres. Et que les marchands d’armes sont aux commandes.
J’ai fini par voir le reportage documentaire français Donbass, réalisé en 2015 par Anne-Laure Bonnel (https://vimeo.com/202792798) qui montre que la population russophone y était clairement opprimée. On y voit Petro Porochenko, président de l’Ukraine à l’époque, qui claironne en 2014, « Nous aurons du travail et eux non, nous aurons des retraites et eux non, Nous aurons des avantages pour les retraités et les enfants et eux non, Nos enfants iront à l’école et à la garderie, leurs enfants resteront dans les caves, parce qu’ils ne savent rien faire, et c’est comme ça, précisément comme ça, que nous gagnerons cette guerre ! » Le désastre humanitaire était déjà évident pour les russophones du Donbass et n’a pas attendu 2022. Et on comprend que ces derniers aient plutôt bien accueilli les Russes. Ce qui repose, bien sûr, le problème des frontières (souvent artificielles) et des nationalismes.
Avant de se lancer dans cette guerre irréfléchie, Poutine aurait dû lire Les cercueils de zinc de Svetlana Alexievitch (Actes sud, 2018), car le désastre de la campagne d'Afghanistan a été une catastrophe pour l'armée russe. En sera-t-il de même cette fois-ci ?
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