J'anéantis les signes des prophètes de mensonge, Et je proclame insensés les devins ; Je fais reculer les sages, Et je tourne leur science en folie.
(Bible, Ésaïe, 44,25, trad. Louis Second)
Le commandant du cargo nommé covid (moi) se porte bien, il a a reçu en renfort un nouveau passager (Pierryl, le compagnon de Lucile) le 29 décembre et nous avons été contraints de changer à nouveau les projets : Lucile a reculé de huit jours son départ vers l’Angleterre où ils repartiront ensemble. Mon confinement-isolement aura donc duré deux semaines et cinq jours, jusqu’à leur départ samedi 8 janvier.
Ça m’a fait réfléchir sur cette maladie, ça m’a rendu plus tolérant (contrairement à notre président qui, comme un gamin, se permet d’insulter vulgairement une partie de la population). Alors qu’il aurait dû penser, comme moi, que, face à la vaccination, il y a eu trois positions :
- les pro-vaccins purs et durs, ceux qui détiennent la vérité, intolérants (comme tous ceux qui détiennent la vérité, cf les religieux de toute sorte) et avec qui il est difficile de discuter et qui ont vite fait d’accuser les anti d’incivisme, de danger pour les autres et pour eux-mêmes.
- les anti-vaccins purs et durs, qui ont leurs raisons, que les premiers n’arrivent pas à convaincre, et qui peuvent se montrer aussi durs que les pro, qu’ils accusent de tous les maux, de soumission aux diktats du pouvoir et des médias, dé véhiculer la peur à grande échelle, ce en quoi ils n’ont pas tout à fait tort.
– les innombrables vaccinés à contre-cœur (ceux qui ne veulent pas perdre leur travail, ceux qui, comme moi, veulent continuer à mener une vie à peu près normale), qui sont certainement les plus nombreux. Ils peinent à faire entendre la voix de la tolérance, et souvent se trouvent pris entre deux feux. Je vois très bien que la stratégie tout-vaccin a ses limites (autour de moi, tous les nouveaux contaminés que je vois sont vaccinés), qu’accuser les non-vaccinés d’engorger les hôpitaux me paraît déraisonnable (je ne crois pas une seconde aux statistiques officielles), que diaboliser toute une population est contre-productif et l’a toujours été dans l’Histoire.
Personnellement, je préfère ne plus parler de la pandémie, tant la mauvaise foi l’emporte de tous côtés. Je continuerai à fréquenter des non-vaccinés, à les aider dans la mesure de mes moyens contre les intolérants qui les menacent : c’est dire que le plus intolérant de tous, celui qui a tous les médias à sa botte et le pouvoir « d’emmerder les non-vaccinés » (à croire qu’il a des actions de Pfizer), n’aura ma voix ni au premier ni au second tour. J’espère même que les anti-passe continueront à manifester ; depuis le début, je suis contre le passe sanitaire obligatoire, je fais partie des 1 million deux cent cinquante mille personnes qui ont signé la pétition contre le passe vaccinal, je laisse pousser ma barbe en signe de protestation, et ne me sentirai vraiment libre que lorsque ce sésame aura disparu définitivement de la circulation.
Dessin de Karak
Il est vrai que sans le covid, que s’est-il passé cette année en ce qui me concerne ?
J’ai cessé de lire la grande presse (presque toute aux mains de nos milliardaires, bien souvent marchands d'armes), de regarder les infos télévisuelles (idem), d’écouter presque la radio, à force d’y entendre ressasser sans cesse des chiffres alarmants, des conseils se disant sanitaires. J’avais besoin d’air frais. Je ne l’ai trouvé que dans des revues et magazines indépendants, un peu rebelles et critiques, sans publicité, qui ne se contentent pas de rabâcher la propagande gouvernementale, tels que Siné mensuel, Fakir, La décroissance, L’âge de faire, Réforme...
Je n’ai fait que 2500 km à vélo, mais j’ai beaucoup marché et fait des exercices physiques chez le kiné. J’ai continué à lire beaucoup (des livres en provenance de 37 pays différents), achevé l’année sur un coup de maître, le prix Goncourt, et participé au Comité de lecture de la Bibliothèque de quartier de Bordeaux-Lac. J’ai vu près d’une centaine de films à L’Utopia, malgré la fermeture pendant plusieurs mois et les conditions de visionnement difficiles ensuite (masque obligatoire). Je suis allé avec plaisir aux festivals de cinéma de La Rochelle, Venise, Montpellier et Pessac. Je suis allé un peu au théâtre. J’ai continué à fréquenter mes amis vaccinés ou non, certains sont décédés (les plus anciens en âge, davantage de solitude affective que du covid) et j’ai pu organiser deux boucles pour rendre visite à ceux et celles que j’avais peu (ou pas) vus ces deux dernières années. J’essaierai d’aller voir les non-vus qui me restent cette année.
Bref, j’ai vécu, malgré les petits incidents de santé qui, somme toute, sont normaux à mon âge. On verra pour cette année 2022. Souhaitons-nous à toutes et tous (je n’arrive pas à écrire tou.s.tes que je trouve illisible) la vie la plus normale possible, compte tenu de nos âges et de nos capacités.
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