samedi 13 juillet 2013

13 juillet 2013 : Pologne, Compagnons, anniversaire


L'action se passe en Pologne, c'est-à-dire nulle part.
(Alfred Jarry, Ubu roi)


Il est probable que j'ai déjà proposé cet exergue pour une page de blog, mais il n'est pas inutile d'en remettre une couche, si ça peut inciter quelques-un(e)s à lire ou à relire la célébrissime pochade théâtrale de notre Jarry national, par ailleurs grand cycliste devant l'Éternel et qui, donc, ne peut que me plaire. Tous les tyrans anciens ou récents y sont montrés avec la plus grande exactitude, et on en rit ! Tant mieux !
J'ai donc emmené les Polonais jusqu'à la dune du Pyla, que nous avons gravie par l'escalier, puis comme ils avaient envie de tremper les pieds, descendue vers la mer (facile, quoique...), mais il a fallu ensuite remonter, et le plus fourbu, c'était moi, ils ont entre vingt et trente ans de moins, pardi. Je me dis que désormais, les randonnées en montagne, c'est quasiment fini. Mais c'est vrai que le temps passé au bas était un bonheur simple, loin de la horde qui s'agitait au sommet. Une fois remontés, nous avons pique-niqué près du parking, dans l'ombre agréable du sous-bois de pins, bercés par le chant des cigales, puis sommes allés à Arcachon nous balader et faire une petite sieste sur la plage, à l'ombre de la jetée du môle d'où partent les bateaux d'excursion. Le soleil était en effet ardent, et mes Polonaises ont tendance à rougir, malgré la crème solaire. Arcachon en été, à fuir ! Odeurs de crèmes solaires, étalages humains parfois insupportables (corps, voix, téléphones portables). Seuls les enfants de moins de dix ans trouvaient grâce à mes yeux...
La veille, ils s'étaient baladés tout seuls, comme aujourd'hui. Je les avais rejoints au Musée des Compagnons du Tour de France, rue Malbec. J'ignorais qu'un tel musée existât à Bordeaux (ben oui, de temps en temps, un petit imparfait du subjonctif, ça fait du bien). Le musée est situé à côté du bâtiment qui abrite les compagnons, lors de leur Tour de France, quand ils s'arrêtent, en général pour une durée d'un an, à Bordeaux. Car le compagnonnage, c'est un mode de vie, à base d'instruction professionnelle approfondie et d'assistance mutuelle, de solidarité et de vie communautaire, pendant le Tour de France qui dure de quatre à six ans. Les candidats nantis de leur diplôme professionnel (charpentier, maçon, ébéniste, serrurier...) passent un entretien avec un jury, des tests, et s'ils sont admis, sont accueillis dans un des sièges du Tour. Mais pour devenir compagnon, il faut se plier aux règles, notamment sur la vie en communauté (dans la Maison des Compagnons, la Mère reçoit les jeunes et assure la gestion du siège), mais aussi sacrifier une partie de son temps personnel à la formation professionnelle continuée : cours du soir assurés par des « anciens », apprendre à se prendre en charge, à changer chaque année d'environnement et de cadre de vie, s'adapter à des différents lieux de travail de tailles variées. Certains craquent au bout de deux semaines ou un mois. Mais s'il persiste, le jeune devient affilié en présentant au bout d'un an une première maquette. Au bout de quelques années, il est reçu compagnon, sur présentation d'un travail effectué en dehors de ses heures de travail et de cours. Ce sont quelques-uns de ces chefs-d’œuvre qui sont présentés ici. J'ai pu ainsi voir des maquettes en maçonnerie et en bois, souvent d'une grande beauté, dont voici quelques photographies :


 





 

Au fond, sans Krzysztof, Dorota, Anita et Renata, je n'aurais même pas eu connaissance de cet excellent petit musée. Vivent donc la Pologne et les Compagnons !
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27ème anniversaire de la naissance de Lucile. Je me souviens de sa venue au monde comme une fusée : ah ! elle avait hâte de venir, et elle s'est sentie tout de suite bien. Très rapidement, elle ne nous a plus réveillé la nuit, et même le matin, chose extraordinaire, elle attendait en gazouillant qu'on veuille bien la chercher pour son premier biberon... Quand je la vois, je pense à ces vers du poète Michel Dunand, dans Mourir d'aller : "Le bonheur me tient constamment la main. / Ne pas le saisir tient du sacrilège." C'est tout le mal que je lui souhaite !

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