… le regret d’être parti sans me quitter tout à fait…
(Guy Goffette, L’Autre Verlaine)
Et je repars pour de nouvelles aventures : est-ce que le mot « aventure » convient vraiment à ma tournée, si bien organisée (on m’a même concocté un itinéraire, au cas où je ne saurais pas lire les cartes et où il me prendrait la fantaisie de prendre des raccourcis, c’est qu’on veille en haut lieu sur le développement harmonieux de ma musculature !), j’en doute un peu. D’ailleurs, Jacques Chauviré (Passage des émigrants) nous signale que « la véritable aventure consiste à assumer le quotidien. Je déteste les prouesses par lesquelles chacun essaie de se prouver à lui-même qu’il existe. Ce n’est que divertissement. » Prenons acte, je n’accomplis plus de prouesses, d’ailleurs, je n’ai plus Rossinante, et avec Pégase, c’est autre chose : si je rame dans les côtes, c’est en serrant les dents et en souriant intérieurement.
Donc, je reprends mon aventure cette fois assez tardivement, car j’ai laissé mon vélo à la bibliothèque, où Sabah me conduit à 10 h. Je m’élance assez fringant sur la route (j‘ai dormi comme un loir !), découvre avec assez d’étonnement un premier panneau 900 m, puis un deuxième 1000 m, alors que je pensais plutôt descendre. Je m’arrête pour vérifier, je me suis trompé de route, j’ai pris celle de la Suisse, et non pas celle du lac de Saint-Point (dit aussi de Malbuisson, situé sur l’autre rive, en face de Saint-Point), il ne me reste plus qu’à le rattraper par Saint-Antoine et, comme j’ai déjà dépassé le lac, faire un retour en arrière vers Saint-Point, car je veux le photographier, ce lac invisible ! Comme quoi, on peut toujours me fabriquer des itinéraires, à défaut de raccourci, je me débrouille pour prendre le chemin des écoliers évoqué hier. Coût musculaire de l’opération : 8,5 km supplémentaires.
Mais la route était de toute beauté, entourée de rocs et de hautes futaies, et la descente vers le lac, au milieu des prairies herbeuses, vertigineuse (j’ai approché 60 km/h). La suite de la route, par Vaux-et-Chantegrue, Bonnevaux, Frasne et ses étangs tourbiers, est magnifique aussi. Rien à regretter donc. Je déjeune à Frasne, cette fois une saucisse de Montbéliard, ça ressemble à celle de Morteau, mais c’est plus mince. En plus, on me rajeunit de dix ans ! Et on s’enquiert de ma petite santé : comme on me demande si je n’ai pas eu trop froid, on m’apprend qu’ici il n’y a que deux saisons, l’hiver et l’hiver (variante à Levier : l’hiver et le mois d’août), et que dans les maisons, il n’y a que deux mois où on a froid, c’est l’été, quand on coupe le chauffage.
Après, comme la route vers Levier est barrée, j’emprunte des chemins minuscules non prévus par les organisateurs. Vais-je donc disparaître corps et biens, faire l’objet d’une recherche par la gendarmerie, et obliger les bibliothécaires à annuler la prestation de ce soir ? Eh bien, non ! Ô surprise, je ne me perds pas, et arrive sain et sauf devant la bibliothèque de Levier où Fabienne, la bibliothécaire, qui devise sur le pas de la porte avec les animatrices du musée local (consacré au cheval de trait comtois et à la forêt), s’amuse à jouer les Stanley : « Jean-Pierre Brèthes, je présume ? » Je devais loger chez elle, mais, outre qu’elle habite à 20 km d’ici, elle est en formation demain matin à Besançon, et je suis censé repartir de Levier (toujours le fameux itinéraire des organisateurs) et non pas de son village éloigné.
Elle m’accompagne donc chez ma nouvelle hôtesse, Hélène, professeur de français dans un lycée agricole, qui habite un chalet tout en bois qui m’émerveille. Son mari s’occupe de zootechnie dans le même lycée, et est aussi spécialiste d'équidés. Le fils aîné est en Erasmus en Hongrie. Une fille est en stage « cheval » en Ardèche. L’autre fille, Astrid, est là et me salue timidement. Accueil sympathique. Je me repose d’abord, puis je retourne à la bibliothèque préparer la salle du musée où je vais lire, en profite pour jeter un œil sur les collections du musée, le bois, la forêt, des animaux naturalisés, le cheval de trait, c’est bien fait et très agréable. Je n’avais pas été sans remarquer qu’aux côtés des nombreux troupeaux de vaches, dans ce pays toujours vert (incroyablement vert, je crois revoir ma première directrice d‘Angers, toujours habillée de ce vert végétal), il y avait de temps en temps des chevaux, dont des chevaux assez lourds, de trait précisément, même si on ne les utilise plus guère pour ça aujourd’hui.
Et je fais ma lecture, devant un parterre assez nombreux, la Médiathèque départementale est venue en force (Christian, Yves et Valérie), sans doute pour vérifier si je ne me suis pas trompé de lieu de lecture !
Et je repars pour de nouvelles aventures : est-ce que le mot « aventure » convient vraiment à ma tournée, si bien organisée (on m’a même concocté un itinéraire, au cas où je ne saurais pas lire les cartes et où il me prendrait la fantaisie de prendre des raccourcis, c’est qu’on veille en haut lieu sur le développement harmonieux de ma musculature !), j’en doute un peu. D’ailleurs, Jacques Chauviré (Passage des émigrants) nous signale que « la véritable aventure consiste à assumer le quotidien. Je déteste les prouesses par lesquelles chacun essaie de se prouver à lui-même qu’il existe. Ce n’est que divertissement. » Prenons acte, je n’accomplis plus de prouesses, d’ailleurs, je n’ai plus Rossinante, et avec Pégase, c’est autre chose : si je rame dans les côtes, c’est en serrant les dents et en souriant intérieurement.
Donc, je reprends mon aventure cette fois assez tardivement, car j’ai laissé mon vélo à la bibliothèque, où Sabah me conduit à 10 h. Je m’élance assez fringant sur la route (j‘ai dormi comme un loir !), découvre avec assez d’étonnement un premier panneau 900 m, puis un deuxième 1000 m, alors que je pensais plutôt descendre. Je m’arrête pour vérifier, je me suis trompé de route, j’ai pris celle de la Suisse, et non pas celle du lac de Saint-Point (dit aussi de Malbuisson, situé sur l’autre rive, en face de Saint-Point), il ne me reste plus qu’à le rattraper par Saint-Antoine et, comme j’ai déjà dépassé le lac, faire un retour en arrière vers Saint-Point, car je veux le photographier, ce lac invisible ! Comme quoi, on peut toujours me fabriquer des itinéraires, à défaut de raccourci, je me débrouille pour prendre le chemin des écoliers évoqué hier. Coût musculaire de l’opération : 8,5 km supplémentaires.
Mais la route était de toute beauté, entourée de rocs et de hautes futaies, et la descente vers le lac, au milieu des prairies herbeuses, vertigineuse (j’ai approché 60 km/h). La suite de la route, par Vaux-et-Chantegrue, Bonnevaux, Frasne et ses étangs tourbiers, est magnifique aussi. Rien à regretter donc. Je déjeune à Frasne, cette fois une saucisse de Montbéliard, ça ressemble à celle de Morteau, mais c’est plus mince. En plus, on me rajeunit de dix ans ! Et on s’enquiert de ma petite santé : comme on me demande si je n’ai pas eu trop froid, on m’apprend qu’ici il n’y a que deux saisons, l’hiver et l’hiver (variante à Levier : l’hiver et le mois d’août), et que dans les maisons, il n’y a que deux mois où on a froid, c’est l’été, quand on coupe le chauffage.
Après, comme la route vers Levier est barrée, j’emprunte des chemins minuscules non prévus par les organisateurs. Vais-je donc disparaître corps et biens, faire l’objet d’une recherche par la gendarmerie, et obliger les bibliothécaires à annuler la prestation de ce soir ? Eh bien, non ! Ô surprise, je ne me perds pas, et arrive sain et sauf devant la bibliothèque de Levier où Fabienne, la bibliothécaire, qui devise sur le pas de la porte avec les animatrices du musée local (consacré au cheval de trait comtois et à la forêt), s’amuse à jouer les Stanley : « Jean-Pierre Brèthes, je présume ? » Je devais loger chez elle, mais, outre qu’elle habite à 20 km d’ici, elle est en formation demain matin à Besançon, et je suis censé repartir de Levier (toujours le fameux itinéraire des organisateurs) et non pas de son village éloigné.
Elle m’accompagne donc chez ma nouvelle hôtesse, Hélène, professeur de français dans un lycée agricole, qui habite un chalet tout en bois qui m’émerveille. Son mari s’occupe de zootechnie dans le même lycée, et est aussi spécialiste d'équidés. Le fils aîné est en Erasmus en Hongrie. Une fille est en stage « cheval » en Ardèche. L’autre fille, Astrid, est là et me salue timidement. Accueil sympathique. Je me repose d’abord, puis je retourne à la bibliothèque préparer la salle du musée où je vais lire, en profite pour jeter un œil sur les collections du musée, le bois, la forêt, des animaux naturalisés, le cheval de trait, c’est bien fait et très agréable. Je n’avais pas été sans remarquer qu’aux côtés des nombreux troupeaux de vaches, dans ce pays toujours vert (incroyablement vert, je crois revoir ma première directrice d‘Angers, toujours habillée de ce vert végétal), il y avait de temps en temps des chevaux, dont des chevaux assez lourds, de trait précisément, même si on ne les utilise plus guère pour ça aujourd’hui.
Et je fais ma lecture, devant un parterre assez nombreux, la Médiathèque départementale est venue en force (Christian, Yves et Valérie), sans doute pour vérifier si je ne me suis pas trompé de lieu de lecture !
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