lundi 24 juin 2024

24 juin 2024 : 15 ans ont passé !

                     C'est l'héritage de ma mère. Elle l'aurait voulu. Elle nous a appris à aider ceux qui sont  dans le besoin. Elle s'y est employée toute sa vie.

                     (Alba Donati, La librairie sur la colline, trad. Nathalie Bauer, Globe, 2022)



            Eh oui, quinze ans depuis la terrible année 2009. Sans doute la plus terrible et la plus humaine de mon existence : l'apprivoisement de la mort. Celle où j'ai le mieux réussi à comprendre qu'il ne sert à rien d'avoir peur, que l'essentiel est de vivre jusqu'au bout, sans craindre les souffrances, les maladies, la mort qui approche. 

            Aussi, Claire, toi qui m'as appris tout cela, je tenais à te remercier du plus profond de mon cœur ; tu as enrichi mon âme, tu l'as peuplée d'une force incroyable, tu m'as "appris à aider ceux qui sont dans le besoin", à aimer les très vieux, les SDF, les sans-voix, les paumés, les déclassés, les mal-aimés, les opprimés, les exilés, les différents, les malades, les misérables... Je le fais aussi bien que je peux, et tu me manques pour faire encore mieux.

            Et voici le poème que j'ai écrit pour te remercier de tout ça :

             

                je t'aime autant que je t'aimais


je t'aimais, ô ma femme

je modelais l'argile de ton corps

j'écoutais le parfum de ton sein

je respirais au rythme de ton chant


je t'aimais, ô ma femme

je me faisais charrue pour labourer ton corps

et pour faire éclore des étoiles

dans le ciel de tes yeux


je t'aimais, ô ma femme

et la pâte de ton vivant gâteau

je l'enfournais dans le rond de mes bras

et ta chair toute chaude était une eau de feu


je t'aimais, ô ma femme

et le jour je brûlais

les restes de chaque nuit pour que ma peau

garde l'empreinte de la tienne


je t'aime toujours, ô ma femme

tu m'as enraciné

ta sève a fait de mon corps une cathédrale

dont la nef vogue sur l'océan


je t'aime toujours, ô ma femme

et si ton corps maintenant est borne trop lointaine

ton cœur reste le vent ardent

qui réchauffe ma provisoire vie


je t'aime toujours, ô ma femme

tu sèmes dans ma nuit des rêves en couleurs

ils deviennent les fruits de mon jardin intime

et dans ma nudité, j'en fais mes vêtements

 

                            Jean-Pierre 




 

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