dimanche 11 décembre 2022

12 décembre 2022 : Morbihan 2022

 

Je ne m’en fais pas parce que je suis plus près du grand trou que du petit d’où je suis sortie, attention !

(Pierre Bonte, Le bonheur est dans le pré ; témoignage de Marie-Louis Pons, agricultrice, Stock, 1976)





Après Amiens, le Morbihan, toujours aussi pimpant et ensoleillé, où l’amie Christine (on fêtait cette année début octobre le 40ème anniversaire de notre rencontre, sous le soleil de la Guadeloupe), m’attendait à la gare routière. Car la fin de mon périple s’est faite en autocar, que j’apprécie toujours autant : Paris-Vannes puis Vannes-Bordeaux. Elle m’avait concocté un magnifique lot de visites diverses et variées, et je n’oublierai pas non plus ses petite plats somptueux et goûteux.

Honneur aux paysages. Tout d’abord, balades dans le golfe du Morbihan, avec l’île de Berder, accessible seulement à marée basse suivie du chemin côtier permettant de voir celle nommée Sept îles. Dépaysement garanti : arbres gigantesques, troncs d'arbres morts magnifiques, rochers, plages même et courant marin dangereux. Et cueillette de nombrils de Vénus (Umbilicus rupestris), une petite plante sauvage comestible, dont les feuilles arrondies peuvent se manger crues en salade et qui complètent ma panoplie de cuisine sauvage. 

 

                                        les nombrils de Vénus poussent sur les murets ou au bas des troncs

La forêt de Monteneuf, à 30 km au nord, renferme un site reconstitué de pierres droites (menhirs) découvert depuis peu. Occasion peu commune de voir un nombre important de ces pierres droites debout, tandis que beaucoup sont couchées. Non loin de là, un aperçu du Chemin des Chouans.

                                                                            les pierres droites et... couchées
 

Du côté des musées, petite halte au Musée la Cohue de Vannes, où se trouvait une installation nommée l’Orée qui propose une nouvelle lecture de paysages : "les deux artistes, Thomas Daveluy et Guillaume Lepoix, construisent un ensemble d’œuvres où la technologie numérique leur sert de moyen de reproduction du paysage, tout en interrogeant notre manière de percevoir le tangible". C’est assez fascinant. Autre exposition, mais je n’ai pas noté où c’était, dans une bibliothèque proche de Vannes : à base de napperons de dentelles récupérées, trois tisseuses de liens fabriquent de magnfiques objets suspendus.

À Ploërmel, le Musée de sciences naturelles des Frères de l’instruction chrétienne nous dévoile leur goût pour les coquillages, les minéraux, les araignées, les nids d’oiseaux, dénichés au cours de leurs missions d’évangélisation exotiques (Afrique, Asie, Amérique) etc. Juste à côté, le Musée de Jean-Marie de La Mennais, fondateur de l’ordre, évoque sa vie et son œuvre, et nous présente sa magnifique bibliothèque. Et par ricochet, parle aussi de son frère Félicité de Lamennais (orthographe la plus courante), prêtre également, mais finalement dissident, et auteur des célèbres Paroles d’un croyant, ouvrage furieusement romantique, qui lui valut l’admiration des poètes de l’époque.

Juste à côté de ces musées, j’ai découvert l’horloge astronomique (1850-1855), œuvre d’un professeur de mathématiques du lycée voisin, le frère Bernardin. Elle "comporte 200 pignons qui commandent d’une part 10 cadrans et d’autre part le système solaire. […] Elle indique l'heure moyenne, la date, les phases de la Lune, les saisons, l'équation du Temps, les positions de la Lune, de la terre et du Soleil, l'aspect de la voûte céleste pour Ploërmel. Sur le système planétaire, on retrouve la terre, la Lune, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et le Soleil (le système solaire connu à cette époque)". Classée monument historique en 1982, elle est exacte et fonctionne toujours. Un très grand moment de mes visites.

Autre grand moment, le déplacement à Augan où s’est montée en 2021 une librairie coopérative remarquablement bien tenue. Non loin de là, nous avons mangé à la cantine du Champ commun (https://lechampcommun.fr/), un commerce coopératif de proximité, qui comprend une épicerie, une microbrasserie de fabrication de bière locale, un espace culturel de programmation, et ce qu’ils appellent l’essaimage, des rencontres pour se lancer dans des projets du même type destinés à contrebalancer l’économie commerciale habituelle, par la participation des gens du cru.

Enfin je signalerai la visite de l’écomusée du Pays d’Auray qui permet de visiter une ferme d’époque, avec sa chaumière, son étable, son aire à battre, une longère, jardin, cellier, four, avec du mobilier ancien, des outils. Et une magnifique exposition de peinture-témoignage de Lucien Pouëdras : Où vont les les saisons, ouvrir notre regard. Ce peintre décrit le monde rural de son enfance, dont il retrace magnifiquement dans un art naïf très travaillé, aux couleurs superbes.

Au total, un périple qui se termine en amitié et en beauté, belle fin de ces rencontres diverses qui ont duré trois semaines.


                                                                            les tisseuses de lien
 

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