le film commence enfin. J’adore quand les lumières s’éteignent, quand l’écran s’allume. Pour moi, cela a toujours quelque chose de magique. J’ai toujours la chair de poule avant que le générique ne démarre.
(Rémi Giordano, Les premiers plans, T. Magnier, 2021)
Comme toujours avec le cinéma français d’auteur, je me sens en phase. La comédie Tout le monde aime Jeanne m’a fait découvrir Blanche Gardin dans le rôle-titre, une actrice selon mon cœur. Et à la fin du film, je me suis dit moi aussi, j’aime Jeanne. C’est mon double en féminin, du jeune homme que j’étais. À la fois insouciant, un peu dépressif, lunaire, mais aussi solaire, les larmes souvent au coin des yeux, souffrant d’un cruel manque d’amour, et me croyant un peu raté.
Jeanne est une inventeuse qui croit qu’elle va sauver les océans, en lançant une machine qu’elle a conçue, destinée à récupérer les plastiques qui encombrent les mers. Mais, hélas, le lancement du prototype vire à la catastrophe sous l’œil des caméras télévisuelles : la technique ne fonctionne pas, les producteurs retirent leurs billes, et Jeanne est ruinée, surendettée. Elle part en vrille, déprime. Et Jeanne, que tout le monde aime, sombre. Son frère Simon lui suggère de partir à Lisbonne pour mettre en vente l’appartement de sa mère suicidée, de manière à prendre du recul et à récupérer un peu d'argent pour rebondir. Mais Jeanne n’est pas si seule. Elle part avec sa voix intérieure (représentée dans le film par une voix off et des images animées) qui commente ses actions actuelles, mais aussi des réminiscences de discussions, des blessures intimes, des regrets, des fantômes du passé, dont sa mère, ce qui donne au film une couleur surprenante.
Par ailleurs, elle trouve à l’aéroport un ancien camarade de classe, Jean (que, d'ailleurs, elle ne reconnaît pas, et qui lui rappelle qu'au lycée "tous les garçons étaient amoureux d'elle"), qui va aussi à Lisbonne, et qui va se révéler collant, mais aussi attachant. Un dépressif aussi, grandeur nature (joué par Laurent Lafitte), et qui pourtant n’a peur de rien ! Peu à peu, plongés dans une Lisbonne solaire, ils vont s’apprivoiser. Jeanne va-t-elle retrouver la joie, le goût du beau et des petits plaisirs ?
C’est un premier film, et une belle réussite, les séquences d’animation sont là pour ponctuer et commenter le récit : laissez-vous aimer Jeanne, elle le mérite !
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