lundi 5 septembre 2022

5 septembre 2022 : le poème du mois (d'un inconnu)

Rencontrer quelqu’un, c’est se permettre d’exister à nouveau

(David Foenkinos, Numéro deux, Gallimard, 2021)



               Et voici le poème que m’a envoyé quelqu’un que j’ai rencontré dans la rue lors de mon dernier passage à Poitiers. Je ne sais rien de lui, sinon qu’il écrit des poèmes, on a échangé nos adresses mail, et il m’a envoyé un de ses poèmes qui m’a bien plu, malgré quelques maladresses dues à la rime : "je fus-je", par exemple !



Il y a des parenthèses qui s’ouvrent sur des plans étrangers

Et des cœurs qui s’ouvrent pour ne jamais se refermer


Une première bière

Je suis très fier


Dans les rues de Poitiers

Les spectacles commencent aux coins des rues

Et s’offrent aux passants et à leurs vues

Les places d’armes se chargent par milliers

De poètes et lyriques soldats

Qui déclament en prose et alinéas

Du Molière, et autres auteurs français


Une deuxième vodka

Je suis bien là !


À la nuit tombée, le volume augmente

Pour faire tomber les tours

Dans une ascension de rires et d’amour

Les verres se vident

Comme des barrages qui cèdent

Les sourires deviennent avides

Je crois que j’ai besoin d’aide

Des étrangers deviennent amis

Les langues se délient


Un troisième shooter

Je suis en pleurs


Elles sont des centaines en arabesques

Ces églises à dévoiler leurs fresques

Le quartier devient un refuge

Est-ce bien là que je fus-je

Et la nuit tourne si vite

Sous les lumières fantastiques

De la mairie baignée de rose

Spectatrice des longues proses


Un quatrième verre l’horloge accélère


Aux beaux-arts la folie nous narre

Les facéties d’un clown hagard

Des couleurs, des sons,

Des odeurs et la boisson

Les gris pèsent sous les cieux

Quand vient le moment des adieux

L’encre de tes yeux

Le jais des tes ch’veux


Un dernier spiritueux

Je crois que je tombe amoureux


Alexis Morin

 

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