mercredi 24 juin 2015

24 juin 2015 : six ans : Le temps s'en va, le temps s'en va, ma Dame...


"Un tête-à-tête éternel", dira-t-il, dans la solitude de sa cellule, "avec le fantôme de celle qui n'était plus". Elle est morte, mais elle reste "la compagne chérie de ses jours et de ses nuits".
(Alain Decaux, Blanqui l'insurgé, Librairie académique Perrin, 1976)


Voilà donc six ans que Claire est partie au pays du grand repos. Je parle toujours souvent d'elle, tant elle est présente dans mon esprit, tant elle est toujours au plus profond de moi. Et sa dernière année est inscrite dans mon cœur, cette année douloureuse, où, à l'instar de la romancière anglaise Jane Austen, "désormais – à l'issue de quels conflits intérieurs secrets ? On en est réduit aux conjectures –, elle avait le calme de ceux qui ont affronté et accepté leur fin imminente" (David Cecil, Un portrait de Jane Austen, trad. Virginie Buhl, Payot, 2009).
Aujourd'hui même, sont au bord de mes lèvres deux chansons que je chante intérieurement : Dis, quand reviendras-tu ? (de Barbara), que vous connaissez tous, et dont je n'ai pas besoin de rappeler les paroles, et Le vieux Jo, cette chanson que j'aimais chanter avec les petits colons quand j'étais moniteur en colonie de vacances ; chanson sans doute inspirée du folklore négro-américain. Peut-être ne la connaissez-vous pas ? Claire aimait et chantait parfois avec moi ces deux chansons.
 
Ils ne sont plus les beaux jours de l'amitié ;
Tous mes amis ont quitté les cotonniers.
Ils sont partis au pays du grand repos.
J'entends leurs douces voix chanter : Eho, vieux Jo !

Me voilà, me voilà ! Tout brisé par les travaux,
J'entends leurs douces voix chanter : Eho, vieux Jo !

 
Pourquoi pleurer quand mon cœur est toujours gai ?
Pourquoi gémir ? Ils ne peuvent revenir.
Depuis longtemps ils sont tous partis là-haut :
J'entends leurs douces voix chanter : Eho, vieux Jo !

Me voilà, me voilà ! Tout brisé par les travaux,
J'entends leurs douces voix chanter : Eho, vieux Jo !


Où sont-ils donc les amis qu'on aimait tant
Et ces enfants qu'on berçait si doucement ?
Ils sont heureux ! Près d'eux je serai bientôt.
J'entends leurs douces voix chanter : Eho, vieux Jo !

Me voilà, me voilà ! Tout brisé par les travaux,
J'entends leurs douces voix chanter : Eho, vieux Jo !

Et je ne résiste pas à vous proposer, en complément, un des textes de mon nouveau manuscrit, La nouvelle Eurydice, qui est un bouquet de poèmes offerts à Claire, qui m'ont tous été inspirés pendant mon voyage en cargo de 2013, et que j'ai longuement retravaillés depuis, et encore révisés lors de mon dernier voyage, cette année, au milieu du Pacifique :

je veux aller plus loin dans la mer des Sargasses
pour élever tes mains sur mon front oublieux
tu m'aideras à porter le fardeau de l'absence
comme au temps des fruits d'or

la lune va jouer dans le ciel du volcan
où nous délivrerons l'essaim de notre ardeur
vois, j'y repense encore
morte, tu vis en moi plus que tous les vivants

image des jours heureux 
(naissance de Lucile)

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