dimanche 21 juin 2015

21 juin 2015 : Aristide Bruant : chantons, que diable !

Elles me disent aussi : « Tu viens ? » Je continue ma route, mais je suis moins malheureux au fond ; quelqu'un m'a enfin aperçu, j'existe pour quelqu'un, je ne suis pas tout à fait seul au monde.
(Henri Calet, Le tout sur le tout, Gallimard, 1948)

Je pense aux nombreuses rencontres que je fais lors de mes déplacements. Et qui, par définition, me font me sentir moins seul que je ne suis tout au fond de moi. Aujourd'hui, fête de la musique, plutôt que d'aller courir les rues - où, pourtant je ferai peut-être des rencontres - et écouter la cacophonie des différents groupes qui se télescopent, trop proches les uns des autres, j'ai mis mon cd des chansons d'Aristide Bruant (1851-1925), que j'ai découvert au temps de l'auberge de jeunesse associative de Trélazé, en 1973, où l'on chantait Les canuts. Et,comme un mien neveu se marie prochainement, j'ai dégoté cette chanson-là, sur le mariage, qui m'a beaucoup fait rire. J'apprécie particulièrement l'adjectif concubinaire... Bruant disait que parfois, il mettait plusieurs mois à peaufiner les textes de ses chansons. Je veux bien le croire. Il était très apprécié de Brassens qui a fait aussi une belle chanson sur le mariage de ses parents...
A écouter : https://www.youtube.com/watch?v=oQHZUtbjkmY
 

portrait par Toulouse-Lautrec


MARIDA

Il faut te marier
Papillon couleur de neige
Il faut te marier
Pas devant le vieux mûrier

À la Mairie, la noce arrive
Le marié saoul comme une grive
S'met à chanter
Gai, gai, marions-nous, mettons-nous la corde au cou

Le maire, bonne gueule républicaine
Disait oui, j'comprends bien tout ça
Mais ram'nez-le la semaine prochaine
J'peux pas l'marier dans c't'état-là

Mais, Monsieur, disait la mariée,
Qui paraissait très contrariée,
Nous sommes ensemble depuis sept ans
Nous avons déjà huit enfants

Et l'maire, bonne gueule républicaine
Disait oui, j'comprends bien tout ça
Mais ram'nez-le la semaine prochaine
J'peux pas l'marier dans c't'état-là

Il faut te marier
Papillon couleur de grève

Huit jours après, la noce rapplique
La marié saoul comme une bourrique
Chantait toujours
Gai, gai, marions-nous, mettons-nous la corde au cou

Le maire, bonne gueule républicaine
Disait non, j'comprends pas tout ça
Il est plus saoul que l'autre semaine
J'peux pas l'marier dans c't'état-là

Mais, Monsieur, disait la mariée,
Qui paraissait très contrariée,
Quand il n'est pas dans c't'état-là
Il dit qu'il se fout du marida
Qu'il veut rester concubinaire
Qu'il n'veut pas se mettre la corde au cou
Bref, vous comprenez, Monsieur le Maire
I'n'veut se marier que quand il est saoul !

Gai, gai, marions-nous, mettons-nous la corde au cou


(Aristide Bruant)


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