vendredi 8 avril 2011

8 avril 2011 : perspectives


Il paraît que soixante-sept ans, ce n'est pas grand-chose, pas de nos jours, et c'est bien l'impression que j'ai, je me sens en forme.
(Per Petterson, Pas facile de voler des chevaux)

Mais de temps en temps, il est bon de faire le point, surtout quand on a un petit pépin de santé. C'est au moment où je me décide enfin de faire le tour du monde, dès l'hiver prochain, avant d'être trop vieux (car "La vie est trop courte, se dit-elle, pour ne pas être belle", pense l'héroïne d'Hanne Ørstavik, dans Amour), que mes vieux disques usés se rappellent à mon bon souvenir.
Je n'avais pas eu mal au dos depuis dix ans. Est-ce dû à ma reprise du footing, à l'usure normale (d'après le radiologue, mâtinée d'un peu d'arthrose), à ma vie trop trépidante ??? Dans un premier temps, je me suis dit que c'était peut-être pas le moment que je déménage, alors que c'est ici que j'ai mes médecins, ni que je continue à faire des voyages que d'aucuns considèrent comme imprudents ou téméraires.
De fait, je peux encore me tracer des perspectives : déménager d'abord, après tout, ma décision est prise. Continuer à vagabonder de par le monde ensuite, parce que c'est dans ma nature de ne pas tenir en place, et que se fixer ne correspond pas à mes goûts. Et que j'ai envie de voir la famille, les amis, les connaissances, voire d'en faire de nouvelles... De découvrir des paysages, des gens, aller dans l'inconnu.
Continuer à lire tant que mes yeux me le permettront, car plus j'avance, plus je découvre l'immensité des continents littéraires, leur variété, l'étonnante richesse des histoires des hommes, de leurs romans, pièces de théâtre, poèmes, essais et écrits de toutes sortes. Et plus j'ai envie de lire et d'aller à la découverte.
Et bien sûr, à écrire aussi, même si dans mes moments de faiblesse, je me dis que ça ne vaut rien, ce que j'écris. C'est de toute façon une thérapie. Une manière de m'en sortir. De survivre, moi qui devrais être mort depuis longtemps déjà (si j'avais vécu au 19ème siècle, je serai mort enfant, avec l'écharde que je m'étais flanquée dans le pied en 1958, j'en serais pas sorti vivant), et de témoigner que tout de même, "c'est beau la vie", comme le chante Jean Ferrat.
Talents Vol.2 =new=
Tiens, on vient de m'offrir deux disques de ce chanteur : mes amis ont devancé mon idée, car j'avais bien l'intention d'acheter une compilation de Ferrat. Reçus hier, je les ai déjà écoutés tous les deux in extenso. Quelle belle voix ! Et quels textes, pas seulement ceux d'Aragon d'ailleurs !
Et le vélo, mon meilleur ami, celui qui ne m'abandonne jamais ? C'est incroyable, quand je suis dessus, je n'ai absolument pas mal au dos, preuve de son amitié véritable, alors qu'en voiture, terrible, du moins en conduisant. En marchant pareil, la station debout est pénible, au bout d'un moment, la douleur – très supportable cependant – irradie dans la fesse et la cuisse droites. Je crois pas que je vais visiter des musées dans l'immédiat. On verra si je suis remis pour visiter ceux de Saint-Petersbourg fin juin ! Si je ne peux pas, j'irai m'allonger sur l'herbe des jardins publics – si c'est autorisé.
Et de voir des films. J'en ai vu des bons, ces derniers temps, Les yeux de sa mère, Jimmy Rivière (sur les gitans, superbe), Les aventures de Philibert (un cape et épée qui m'a rajeuni de cinquante-cinq ans, et m'a donné envie de me relancer dans des lectures d'Alexandre Dumas ou de Michel Zévaco !), Revenge, un film danois magnifique sur l'amitié de deux pré-adolescents.
De rencontrer des écrivains aussi : mercredi prochain, un romancier Américain, Craig Johnson, sera à Poitiers. Ces rencontres sont toujours merveilleuses. Faut que je lise son livre, que je viens d'acheter aujourd'hui, d'ici mercredi.
Et puis, le théâtre : ce sera ma dernière année. Faut que j'en mette un coup, pour apprendre le texte, retenir les indications de metteur en scène, oublier mon mal de dos, tout en faisant des cabrioles sur scène ! C'est excellent pour la mémoire, et je me dis qu'à défaut de théâtre (encore que qui sait, à Bordeaux ???), je vais me mettre à apprendre des poèmes par cœur. J'en sais quelques-uns, mais ça me fera travailler les méninges. Et je rêve de faire un récital de mes propres poèmes, par cœur, quand j'aurai composé un recueil valable ! Ça restera sans doute à l'état de rêve, mais faut bien rêver pour avancer...
En somme, rester encore tant que je le peux, pas tout à fait dans la norme : les gens normaux m'insupportent, avec leur besoin de toujours filer dans un sens, toujours le même, et de vouloir nous couler dans leur moule, ces gens-là que chantait Brel : "Faut vous dire Monsieur / Que chez ces gens-là / On ne vit pas Monsieur / On ne vit pas on triche".
J'ai plus envie de tricher, en somme...


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