si chacun pouvait devenir quelqu'un d'autre, nous serions tous le même, vu que chacun voudrait être beau, grand, fort et riche...
(Sylvain Trudel, Vaisseau négrier, in La mer de la tranquillité)
Paris, la ville épuisante, surtout par ce soleil éclatant. Mais en même temps si agréable et chaleureuse, les terrasses de café sont bondées, on ne dirait pas que c'est la crise, il est vrai que les vacances ont commencé, il faut croire que nombreux sont ceux qui partent en vacances... Et voilà, j'y suis un touriste comme les autres, venu chercher mon visa russe, et repartant bredouille, car le site internet de l'ambassade est si mal fait que je n'avais pas imprimé le bon formulaire, n'avais pas vu qu'il me fallait une attestation d'assurance, et après une longue et douloureuse queue (bien qu'arrivé à 8 h 45 devant l'Ambassade, il y avait déjà 50 mètres de queue, et comme ils ne faisaient entrer que par paquets de trente personnes environ, je n'y suis entré qu'à 10 h 35), je me suis aperçu que j'avais attendu pour rien, et que finalement je serai obligé de procéder par correspondance, mais pas avec l'Ambassade, avec une agence spécialisée qui se chargera de tout.
Mais j'étais aussi venu pour revoir des personnes diverses et variées, à commencer par mes cousins chez qui j'ai dormi pour la première fois et qui m'ont quitté ce matin pour aller à Séville ! En une soirée avec eux, j'ai appris à mieux les connaître, – au fond, comme avant j'allais chez leurs parents, désormais décédés, je n'avais jamais passé un long temps avec eux – et surtout le militantisme de C., son désir aussi, maintenant qu'elle est à la retraite, de faire le chemin de Saint-Jacques à pied, départ de Paris (ce qui m'a remis en mémoire le film de Coline Serreau vu il y a quinze jours à la télé chez ma belle-sœur), tandis que F., lui, est plutôt un adepte du vélo : comme je le comprends ! Hier midi, j'avais déjeuné avec S., que j'avais accueillie au mois de septembre dernier chez moi, et qui m'a serré dans ses bras avec chaleur, ce qui m'a rudement fait plaisir. Ce midi, déjeuner avec M., qui me fera participer à une lecture poétique lors de la journée des jardins le samedi 3 juin, d'un jardin public à l'autre dans la commune des Lilas, aux portes de Paris. Comme elle fait partie d'une troupe de théâtre amateur et va jouer sa propre pièce, La complainte de l'obèse, le 1er juin, je compte donc revenir passer quatre ou cinq jours à Paris à ce moment-là. Je vais d'ailleurs l'inviter à venir assister à l'une de nos représentations qui vont débuter le 15 mai.
Et puis cet après-midi, pour me consoler de l'échec russe, je suis allé à la Cité de la musique voir l'exposition Brassens, qui m'a vivement intéressé : beaucoup de documents, photos, manuscrits, dessins de Joann Sfar, qui a illustré les chansons de Brassens ainsi que divers épisodes de sa vie. Exposition interactive ; malheureusement, il y avait du monde, beaucoup de jeunes qui ont monopolisé tous les écouteurs et ordinateurs, j'aurais dû y aller le matin, les jeunes sont encore au lit, surtout en vacances ! Et puis, un auditorium, avec sur grand écran projection du récital de Bobino en 1969, avec quelques chansons marquantes, qui s'achève sur celles célébrant la mort (Le grand chêne, L'ancêtre, Supplique pour être enterré sur la plage de Sète, Bonhomme). J'ai apprécié sa modestie : "Je n'avais pas assez de génie pour être poète. Alors j'ai mis des mots sur ma musique" (cité de mémoire). Je devrais en prendre de la graine, tiens. Il est vrai que je ne me prends pas non plus pour un génie ! Et j'ai résisté à acheter des disques, dvd ou livres !
Et puis, j'ai commencé à lire dans le train le fameux livre L'espèce humaine, de Robert Antelme, que m'a prêté l'amie Odile, et où il nous fait part de son expérience des camps de concentration nazis. Très différent des livres de Imre Kertesz ou de Primo Levi, mais tout aussi remarquable. J'en parlerai dans un prochain blog, de ce livre étonnant. Je rappelle que Robert Antelme, résistant, était alors le mari de Marguerite Duras, qui a raconté son retour à la vie dans le livre également magnifique, La douleur. Il a réussi à rester un homme, d'où le titre du livre, car les SS voulaient absolument rayer les prisonniers de l'espèce humaine.
Ce qui me ramène à mon visa russe : on voit là aussi une partie de l'espèce humaine user de son maigre pouvoir pour ralentir les autres, leur faire perdre du temps ; je m'en foutais, je lisais le livre d'Antelme, et je discutais avec mes voisins, dont un monsieur de plus de soixante ans apparemment à la retraite, mais qui continue à effectuer des missions techniques (il était ingénieur dans les centrales thermiques) à l'étranger : "comme ça, je vois du pays", nous disait-il, "et je n'ai pas trop l'impression de vieillir".
Et j'allais oublier de dire que mon voyage autour du monde commence à se préciser : départ en janvier prochain. Durée, en fin de compte, de 76 jours seulement, car la compagnie que le faisait en 126 jours ne prend plus de passagers. Mais un vrai tour du monde toutefois, par le canal de Suez et le canal de Panama. Je vais en voir du pays, escales aux Émirats arabes unis, Singapour, Hong Kong, Shanghaï, Pusan (Corée), Balboa (canal de Panama), six ports des USA... Je ne sais pas si ça me donnera l'impression de moins vieillir.
Et autre chose encore, je m'inscris, grâce à mes cousins du Languedoc, à un séjour à Venise début septembre au moment de la Mostra (le Festival cinématographique), avec carte d'accréditation. Finalement, je le ferai, ce voyage à Venise...
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