Il est plus facile de croire en Dieu quand on sait qu’il n’existe pas.
(Arnaldur Indridasson, Le duel, trad. Éric Boury, Métailié, 2014)
Et voici que, depuis le vendredi 4 août, j’ai ma nouvelle Ketty, euh, je veux dire ma nouvelle bicyclette, achetée d’occasion chez Écocycles à Mérignac, comme les deux précédentes. Ce magasin recycle de vieux biclous, notamment ceux qui viennent de groupes, et les remet en bon état. Cette fois, pour éviter un nouveau vol, j’ai acheté un antivol en U qui, j’espère, sera solide. En tout cas, j’en ai déjà fait bon usage, et notamment en profitant des fraîches matinées (je me lève tôt) pour faire des circuits en partant de chez moi pour gagner Bordeaux-Lac, faire le tour du lac et constater qu’ils ont remis en état la piste cyclable…
Je ne sais pas si on peut se passer de Dieu, mais pour ma part, je ne saurai me passer de bicyclette.
(Photo H. Diaz)
Et j’en profite pour ressortir le beau poème de Pablo Neruda (à l’approche du cinquantième anniversaire de sa mort) que j’avais recopié, sur un de mes cahiers de poésie :
Ode à la bicyclette
J’allais sur le chemin crépitant :
le soleil s’égrenait comme maïs ardent
et la terre chaleureuse était un cercle infini
avec un ciel là-haut, azur, inhabité.
Passèrent près de moi les bicyclettes,
les uniques insectes
de cette minute sèche de l’été,
discrètes, véloces, transparentes :
elles m’ont semblé simples mouvements de l’air.
Ouvriers et filles allaient aux usines,
livrant leurs yeux à l’été,
leur tête au ciel, assis
sur les élytres des vertigineuses
bicyclettes qui sifflaient passant
ponts, rosiers, ronces
et midi.
J’ai pensé au soir, quand les jeunes se lavent
chantent, mangent, lèvent un verre de vin
en l’honneur de l’amour et de la vie,
et qu’à la porte attend la bicyclette,
immobile parce que son âme
n’était que de mouvement,
et, tombée là, elle n’est pas
insecte transparent qui parcourt l’été,
mais squelette froid
qui seulement retrouve un corps errant
avec l’urgence et la lumière,
c’est-à-dire avec la
résurrection de chaque jour.
(Pablo Neruda, Troisième livre des odes, Gallimard, 1978)
(Photo H. Diaz)
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