dimanche 8 janvier 2023

8 janvier 2023 : pas de voeux !

 

Bienheureux les pauvres de cœur… Refuser d’user du pouvoir pour dominer, écraser, ou pour s’enrichir, c’est être pauvre de cœur. Mettre tous ses dons au service de la communauté, c’est être pauvre de cœur. Partager tout avec ses compagnons de misère, refuser le luxe et l’accessoire, c’est être pauvre de cœur.

(Guy Gilbert, Des jeunes y entrent, des fauves en sortent, Stock, 1982)


En cette période de vœux, je ne sais plus quoi inventer pour formuler ce que j’ai vraiment envie de souhaiter à celles et ceux qui m’importent vraiment, même si bien sûr, ils auront reçu ou vont recevoir ma missive traditionnelle. Aussi je vais me contenter aujourd’hui de formuler des vœux pour moi-même, en m’aidant d’un texte que je viens de découvrir, le Credo de l’espérance, composé par des handicapés, et qui me convient parfaitement pour me ramener à la modestie, plutôt que de me bercer d’illusions après ces fêtes... et de succomber aux vœux des grands de ce monde, experts en "mensonge éhontés".

 

Voici donc ce Credo de l’Espérance, ce poème valable pour tous les handicapés que nous sommes, et particulièrement les grands de ce monde. Mais valable pour moi aussi, et dont je devrais m'inspirer plus souvent !


J’ai demandé à Dieu la force pour atteindre au succès. Il m’a rendu faible pour que j’apprenne humblement à obéir…

J’ai demandé la Santé pour faire de grandes choses. Il m’a donné l’infirmité pour faire des choses meilleures.

J’ai demandé la Richesse pour être heureux. Il m’a donné la pauvreté pour que je puisse être sage…

J’ai demandé le Pouvoir pour être estimé des hommes. Il m’a donné la faiblesse pour que j’éprouve le besoin de Dieu…

J’ai demandé un compagnon pour la vie. Il m’a donné la solitude pour que je puisse avoir le cœur ouvert à tous mes frères…

J’ai demandé Tout afin de jouir de la vie. Il m’a donné la vie pour que je puisse me réjouir de Tout…

Je n’ai rien eu de ce que j’avais demandé, mais bien tout ce que j’avais espéré.

Puisqu’en dépit de moi-même… mes prières informulées ont été exaucées. Je suis parmi les hommes le plus richement comblé.



Voici qui résonne bien avec le texte de Guy Gilbert cité en exergue, livre trouvé dans une boîte à livres et que j’ai lu dernièrement, et qui est bien un livre d’espérance. Tout comme Tous les chemins mènent à l’autre, livre de Samuel Grzykowski, que m’a prêté tout récemment un ami nouveau que j’ai rencontré à Bordeaux il y a un an.

Alors, si j’ai un vœu à formuler, c’est bien celui-ci : lisons, car comme écrivait le regretté Christian Bobin dans ce livre que je vous recommande, Une petite robe de fête (Gallimard, 1991, on le trouve dans la collection de poche Folio) : "Celui qui est sans argent manque de tout. Celui qui est sans lecture manque du manque" et "C’est difficile d’aller de l’inutile, la lecture, à l’utile, le mensonge" (je crois que les grands de ce monde devraient méditer ce passage) ou encore "À quoi ça sert de lire. À rien ou presque. C'est comme aimer, comme jouer. C'est comme prier. Les livres sont des chapelets d'encre noire, chaque grain roulant entre les doigts, mot après mot. Et c'est quoi, au juste, prier. C'est faire silence. C'est s'éloigner de soi dans le silence". 


Vivent la lecture et le silence !

 

Aucun commentaire: