dimanche 17 janvier 2021

17 janvier 2021 : sous haute surveillance

 

flatter son pays n’est pas le servir, et quand ce pays s’appelle la France, ce genre d’encens n’est pas un hommage, c’est une injure.

(Albert Londres, Terre d’ébène, Le Serpent à plumes, 2002)





Nous étions plus de 3000 personnes à manifester hier contre les nouvelles lois scélérates, celle sus la sécurité globale et celle sur le séparatisme. Une ambiance bon enfant, quelques chansons et quelques slogans, et j’avais l’impression de revivre, moi qui n’avais pas manifesté depuis 2019 ! Il y avait des drapeaux de plusieurs syndicats et groupements (CGT, FSU, FO, CNT, Syndicat Français des artistes-interprètes, Solidaires...), de plusieurs partis de gauche et d’extrême gauche (Lutte ouvrière, PCF, NPA, Europe-écologie-les verts), des banderoles de plusieurs associations et groupes (MRAP, France-Palestine, Ligue des droits de l’homme, Gilets jaunes), et sans doute d’autres dans cette joyeuse foule qui faisait plaisir à voir. Et, évidemment, plusieurs centaines de policiers suréquipés et surarmés : nous étions sous haute surveillance !

Fatigué, je n’ai pas suivi la manif jusqu’au bout, mais je me suis aperçu qu’on ne pouvait pas quitter la manif comme on voulait ; certaines rues étaient barrées par un contingent de robocops qui nous empêchait de regagner le centre ville. Nous étions pourtant absolument pacifiques : des jeunes, de nombreux retraités, des femmes, des hommes, dont beaucoup étaient venus à vélo et défilaient avec en le poussant par la main. J’ai pu discuter avec quelques-uns qui semblaient assez remontés contre certains aspects de ces lois. Déjà l’impossibilité d’organiser des réunions depuis des mois leur pesait à tous. La liberté de manifester leur semble menacée, à tort ou à raison. La loi, le droit leur paraissaient ceux des puissants et porteurs d’injustice : on le voit bien avec le nombre de gilets jaunes molestés et mis en prison.

On voit bien aussi que le droit dans un prétendu état de droit se révèle parfois un chiffon de papier. Ainsi le plus vieux prisonnier de France est maintenu indûment en prison par l’état français, sur injonction des USA, ce qui montre la liberté très relative dont notre propre gouvernement dispose et sa lâcheté. Prisonnier politique, libérable selon le droit français depuis 1999, il y croupit depuis vingt-deux ans de plus, en particulier parce qu’il n’a jamais renié ses engagements politiques révolutionnaires. On en a discuté dans les rangs.

À vrai dire, il me paraît plus en sûreté dans la prison de Lannemezan que remis en liberté et renvoyé au Liban. Car là, il serait vraisemblablement victime d’un assassinat ciblé cher à l’état qui se veut la citadelle avancée de la démocratie au Moyen-orient : Israël est un spécialiste en la matière, qui a fait de Gaza une zone d’oppression terrifiante, un immense camp de concentration pour 2 millions de personnes, avec destruction de l’aéroport, bombardements permanents d’écoles, d’hôpitaux, coupures d’eau et d’électricité fréquentes, et où femmes, enfants et vieillards sont fréquemment victimes collatérales ou quelquefois ajustées par la soldatesque quand ils manifestent derrière les barbelés.

 


Mais voilà : personne ne peut critiquer Israël, sous peine d’être taxé de l’adjectif infamant d’antisémite. Pourtant, Israël est un laboratoire des violences policières, des nouvelles armes de guerre, des crimes de guerre même : voir à ce sujet le livre Les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale (CPI) de Christophe Oberlin qui les énonce en détail. La France s’apprête-t-elle à devenir aussi un tel laboratoire ?

 

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