Tu
la reverras toujours dans tes pensées, belle et inaltérable. […]
C’est ça, le don que Dieu a fait aux hommes : de leur
permettre de se souvenir, de faire revivre le passé devant leurs
yeux.
(Pandelis
Prevelakis, Le
soleil de la mort,
trad. Jacques Lacarrière, Autrement, 1997)
Le
24 juin 2019, il y eut dix ans que Claire avait disparu. Nous avions
commémoré l’événement la veille et l’avant-veille à
Poitiers, mes enfants et moi, mais Mathieu, devant travailler, repartit
à Lyon le soir du dimanche 23 juin, Lucile devait reprendre son
avion pour Londres, le lundi après-midi.
le magnifique roman que j'ai lu à l'hôpital
Ce
même jour, vers 9 heures du matin, ma jambe gauche a refusé pendant
quelques instants, vingt minutes à peu près, de répondre à mon
cerveau. Le SAMU, appelé, m’a conduit au CHU de Poitiers où je
suis resté cinq jours : 1er
jour, scanner de la tête, deuxième jour, écho doppler, et
quatrième jour, IRM (le plus difficile à obtenir, car l’appareil est
très demandé, et je n’étais pas considéré comme un cas
prioritaire). Conclusion, un accident ischémique transitoire (AIT, cf
le bel article sur wikipedia) sans gravité, mais avec un traitement à vie
par kardegic et statine pour l’excès de cholestérol…
Voilà :
ça faisait vint-quatre ans que je n’avais pas séjourné à
l’hôpital. Lucile a pu obtenir de faire du télétravail pour
rester et me rendre visite tous les jours. Quelques amis sont aussi
venus me voir, ainsi que ma sœur et mon beau-frère de Mignaloux.
Ce
qui fait que, sans connexion autre que le téléphone, je n’ai pas
pu célébrer sur ce blog le
dixième anniversaire de
la
disparition de Claire avec le texte que j’avais composé pour
l’occasion. Vous voudrez bien excuser mes inventions langagières
pour les lettres sans verbe. Le voici :
Abécédaire
pour Claire
a : elle
aimait sur la pointe des pieds
b : elle
badait sur la pointe des pieds
c : elle
chantait sur la pointe des pieds
d : elle
dansait sur la pointe des pieds
e : elle
embrassait
sur la pointe des pieds
f : elle
farfouillait sur la pointe des pieds
g : elle
griffonnait sur la pointe des pieds
h : elle
humait sur la pointe des pieds
i : elle
illuminait
sur la pointe des pieds
j : elle
jaillissait
sur la pointe des pieds
k : elle
kermessait
sur la pointe des pieds
l : elle
libérait
sur la pointe des pieds
m : elle
murmurait sur la pointe des pieds
n : elle
narrait
sur la pointe des pieds
o : elle opérait
sur la pointe des pieds
p : elle
pleurait
sur la pointe des pieds
q : elle
quémandait
sur la pointe des pieds
r : elle
rougissait
sur la pointe des pieds
s : elle
souffrait sur la pointe des pieds
t : elle
tournait
sur la pointe des pieds
u : elle
unissait
sur la pointe des pieds
v : elle
vadrouillait
sur la pointe des pieds
w : elle
walkyrisait sur
la pointe des pieds
x : elle
xylophonait
sur la pointe des pieds
y : elle
yoyotait
sur la pointe des pieds
z : elle
zézéyait
sur la pointe des pieds
L'île de San Giorgio Maggiore, que Claire affectionna particulièrement
lors de notre séjour vénitien en 2002
et qu'elle surnomme l'île aux chats
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