jeudi 29 novembre 2018

29 novembre 2018 : Madagascar 4 : montagne, brousse, désert et mer


l’idéologie du bonheur exige une croissance de consommation de bien-être en établissant le terrain favorable pour l’éclosion de nouveaux besoins.
(Jacques Ellul, Métamorphose du bourgeois, Calmann-Lévy, 1967)


une rizière le long non loin d'une piste

Nous sommes bien logés à l’hôtel Orchidée de Bekopaka, où nous retrouvons bien des personnes avec qui j’avais noué des liens pendant le convoi, Notamment les Taïwanais, les gens du Nord, les Lithuaniens et les Belges. Au dîner, se fête l’anniversaire d’une des Lithuaniennes, je vais l’embrasser. Le lendemain, on se lève tôt pour aller aux Tsingy de Bemaraha.

les Tsingy vus de notre perchoir

au loin, sur un autre "perchoir", un autre groupe
Les Tsingy, à une heure de piste, sont une formation rocheuse de type karstique constituée de pitons calcaires. Ici, c’est devenu un parc national, ce qui a permis de sauver la faune et la flore locales et de filtrer l’afflux de touristes. Le guide, très sympathique, nous harnache d’un baudrier et de mousquetons, car nous allons suivre un circuit balisé mais assez contraignant, avec passages difficiles le long de parois abruptes, sur une passerelle de planches soutenu par des cordes, et dans des grottes où il faut presque ramper…
un arbre arrive à pousser dans le chaos karstique

notre guide surveille les arrivants

la passerelle au-dessus du vide : le grand frisson

 
Des arbres et des fleurs (euphorbes) poussent miraculeusement au milieu de cet entrelacs de pierrailles et de ce relief étonnant où pointent quasiment des flèches de cathédrales naturelles. On fait une pause sur un des sommets. En repartant, on traverse un bout de forêt presque intacte (rare à Madagascar) où vivent lémuriens, serpents (inoffensifs) et oiseaux.

un lémurien dans les arbres aux abords des tsingy

des fleurs aussi contre la muraille

 Au retour, on mange dans une gargote malgache où les fruits se révèlent excellents. Et à l’hôtel, nous retrouvons Marinette, qui a renoncé à l’expédition, comme moi-même j’avais pensé le faire, tellement j’étais fatigué hier au soir. Mais je ne regrette pas d’avoir fait un peu d’escalade à presque 73 ans, sous une chaleur qui nous a liquéfiés. Lavage de linge et douche furent bienvenus.

la petite gargote
Et le lendemain, descente vers le sud par la piste qui conduit à Belo sur Tsiribihine : on aperçoit des baobabs, des termitières, quelques villages, des brûlis. En approchant de Belo, nous croisons quelques charrettes attelées à des zébus et transportant êtres humains et marchandises. Après manger, nous traversons le fleuve sur un bac : 40 minutes de navigation, car l’autre embarcadère côté sud est bien plus à l’est. Descente sur le bac et sortie du bac sont spectaculaires.

notre 4/4 avec un as pour chauffeur
Au bout d’une nouvelle heure de piste, nous débarquons au Lodge de la Saline, bel éco-hôtel au bord de marais salants, de lagunes, de mangrove. Un guide de l’hôtel nous conduit vers 19 h dans la forêt proche à la recherche des microcèbes (petits lémuriens nocturnes ne dépassant pas 60 gr) ; nos lampes frontales découvre leurs yeux rouges brillant sur les branches des arbres voisins. Le guide nous montre aussi un gros caméléon endormi.

le guide-animalier et ses lémuriens
au bord de la piste, des tombeaux

Le lendemain matin, alors que je préparais mon bagage, un lémurien téméraire est entré dans ma chambre, très familièrement. Nous repartons vers le sud, arrêt dans la parc national de Kirindy, où nous voyons des oiseaux (huppe fasciée, perroquet, tourterelle à à masque de fer…) et des arbres superbes (aroufy, ébène, palissandre, baobab). Un peu plus loin, nous passons devant le baobab sacré. Arrêt un peu plus loin dans la forêt à un restaurant-paillotte où nous retrouvons nos Taïwanais (l’un d’eux est un vrai globe-trotter, il est allé dans plus de 90 pays !). Puis nous arrivons à la fameuse Allée des Baobabs de Morondava, où le spectacle du coucher de soleil est grandiose.

le baobab sacré

l'allée des baobabs vers 17 h

autre aperçu avec des humains à côté

le fruit du baobab, on mange la pulpe, on en fait du jus
            et tout près, gamins et jeunes jouent au foot à leur manière
À Morondova, hôtel Coco Beach, où nous donnons notre linge à laver pour un prix dérisoire (j’ai ajouté un bon pourboire, car on payé le lavage au patron de l’hôtel et qui sait ce qu’a reçu la femme de ménage ?). Surprise au réveil le lendemain matin : Valérien, 29 ans, que Marinette a connu dix ans auparavant, nous rejoint. Il nous propose d’aller sous sa houlette en pirogue à balancier au village de pêcheurs voisin, car il faut traverser un bras de mer. Au moment d’entrer dans la pirogue, alors que nous avons les pieds dans l’eau jusqu’à mi-mollet, je ne lève pas les pieds assez haut et retombe en arrière dans l’eau. Plus de peur que de mal, l’appareil photo que j’avais à mon cou n’est pas mouillé et le sac à peine, car j’ai eu le réflexe de me redresser avant d’être complètement tombé.

nous occupions deux pirogues à balancier 
voici celle du groupe Jean-Michel
Longue balade au village où l’on voit la fabrication de boutres et de pirogues, de balanciers. Maisons traditionnelles en torchis et toit de chaume. Au retour, c’est Bernard qui se casse la figure, heureusement retenu par les autres avant d’être trop mouillé.

un enclos à cochons au village des pêcheurs

une pirogue en construction
en pantalon crème, Valérien

Retour à l’hôtel, construit en bord de mer, et menacé par l’érosion des grandes marées et des tempêtes qui y sont liées. Le propriétaire est un musulman d’origine indo-pakistanaise, on les appelle ici "karana" (prononcé karane, car le a final est élidé). Il parle très bien le français, ce qui est loin d’être généralisé dans cette partie ouest trop éloignée de la capitale.

le Coco beach
Puis on se promène en ville, où nous remarquons deux mosquées imposantes, un marché développé (achat de poivre noir, de curcuma et de miel de baobab). Bon repas du soir au Corail. Et le lendemain, départ vers Bélo-sur-mer. Presque 4 heures pour parcourir les 90 km de pistes, avec traversées de marigots, de zones maritimes salées, dans un paysage de plus en plus proche du désert : végétation rare et rabougrie, cactus et autres plantes épineuses… quelques péages à chaque entrée de village (l’argent n’arrive guère ici, c’est le moyen pour les paysans d’en récupérer un peu).

une mosquée

la piste et la végétation en voie de désertification
À Bélo-sur-Mer, logement à l’hôtel le Dauphin, dans des petits chalets individuels (patron français). Mes voisins sont un couple italo-allemend, elle parle bien français, lui seulement anglais. Douche d’eau froide. Cadre superbe pour une semaine de farniente, repas succulents. Baignade dans le bras de mer juste devant. Derrière un cordon littoral avec quelques cabanes de pêcheurs.

mon chalet

pirogue à balancier

le flamboyant superbe

dans l'expo, fragment de mâchoire d'une baleine échouée l'an passé
Au matin, je discute avec un Croate, ancien légionnaire, qui est avec une jeune Malgache. Je découvre la confiture de jujubes. Visite au chantier de boutres, du village où trône un superbe flamboyant, puis de l’exposition sur la région, ses habitants, la faune et la flore, le corail… L’après-midi, baignade dans la mer au-delà du cordon littoral. Des petites filles me proposaient de très beaux coquillages, mais je n’avais pas d’argent sur moi ! Le soir, langoustes énormes au dîner.

au bistrot du village, le chat fait sa toilette

le marais salant sous le soleil écrasant
le sel, mis en sac, transite par bateau ou camions
Puis, après un arrêt au marais salant, retour à Morondava avec nos deux 4/4 et nos chauffeurs. Changement d’hôtel, balade en ville en pousse-pousse, dîner de nouveau au Corail où Valérien nous a rejoints. Sortie sous la pluie : des vélos-taxis nous ramènent, Patricia offre sa lampe frontale à son conducteur, constatant qu’il n’avait pas de lumière, je fais de même avec le nôtre…

femme avec masque protecteur (cliché M. Vidal)
Au départ, le lendemain matin, Valérien nous présente Anne-Marie, sa fiancée. Et nous quittons les 4/4 pour rejoindre Antsirabé, via Miandrivazao : près de 8 heures de routes souvent défoncées. Nous y retrouvons l’hôtel Le Retrait, où nous arrivons après un orage superbe. Désormais, il pleuvra tous les jours en fin d'après-midi et début de soirée.

village en bord de piste (cliché M. Vidal)
Fin de la cambrousse et des villages ou petites villes.

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