jeudi 2 août 2018

2 août 2018 : plaisirs de l'amitié, de la lecture, de la musique



La vraie vie, c’est la littérature, la poésie, les poètes. Quel plaisir matériel peut rivaliser avec ceux de l’esprit ? Un poème peut faire rire, pleurer, c’est ça qui est merveilleux. Écoutez, un jeune poète a composé un poème d’un mot, vous entendez, d’un seul mot. Ça s’appelle La Vie, et le texte est : "Filet". Qu’est-ce que vous en dites ? Extraordinaire, non ? Lequel d’entre vous ne vit pas dans un filet ?
(Chi Li, Triste vie, trad. Shao Baoqing, Actes sud, 2005)

"Putain" de clim ! Une nouvelle fois, j’ai rechuté avec mon voyage en train jusqu'à Poitiers, que j’avais pourtant reculé de cinq jours. Mais la clim des trains est frigorifiante et, bien sûr, j’ai dû subir la clim chez Odile, mon hôtesse (clim qui se justifiait peu, on a bénéficié de deux jours presque tempérés). Elle-même est enrhumée : relation de cause à effet ?... Sans compter la clim dans les boutiques et supermarchés, parfois en-deçà du tolérable. Pauvres caissières obligées de mettre des polaires alors que c’est la canicule dehors : du feu, aujourd’hui... Faudra que je pense à me couvrir pour aller à Venise, car bus jusqu’à Lyon + avion, ça peut faire mal : et pas question que je récidive si je veux profiter de mon séjour là-bas ! Surtout que je n’aurai pas avec moi, comme Musset, une George Sand pour me dorloter !

Juan, le corniste heureux

Heureusement, il me reste l’amitié. Odile et Georges à Poitiers, passent finalement un mauvais été (à cause de la chaleur ou/et de leur vieillissement accéléré ?) et m’ont vu venir avec plaisir. Je leur ai raconté la fête des Landes, l’Aveyron, l’arrivée ici-même de Juan Camilo, le jeune Colombien, venu voir son ami français, substitut de "père". On a parlé de ses projets pour les années futures, des miens aussi et peut-être d'un voyage commun. Juan se débrouille bien, il a obtenu un poste de pion à mi-temps dans un lycée depuis 2016, donne des leçons de cor à des enfants dans une école de musique d’une petite ville alsacienne, et participe de temps en temps à des concerts pour lesquels il est rémunéré, tout en continuant ses études de corniste désormais au Conservatoire de Nancy. Il vit en colocation avec un Salvadorien, un Chilien et une Française, fréquente bien évidemment la "colonie" sud-américaine de Strasbourg. Nous avons regardé un soir Tosca (Puccini) sur mon téléviseur, un autre soir joué au scrabble, je l’ai entraîné à l’Utopia voir un film anglais (il connaît ma passion du cinéma), et il m’a montré comment regarder youtube sur ma télé et me faire ainsi des concerts de musique et de chanson ou regarder du théâtre... Car, en technologie actuelle (y compris pour comprendre les possibilités d'un poste de télé connecté), je reconnais que je suis nul.


Et puis, Dieu merci, il reste la littérature. Je viens de découvrir, grâce à Odile, la romancière chinoise Chi Li (citation en exergue) dont j’ai dévoré le court roman Triste vie, une journée dans la vie d’un ouvrier, qui finalement trouve son sort assez bon, en dépit des problèmes de logement, d’une femme acariâtre et d’un petit garçon turbulent qu’il doit emmener ce jour-là au jardin d’enfants et reprendre le soir à son retour. La vie quotidienne dans toute sa simplicité, avec la petite dose de révolte et de rêve dans la tête du héros. C’est très beau. Autre découverte, le romancier québécois Denis Thériault, avec évidemment un roman qui ne pouvait que me plaire : Le facteur émotif. Le héros tombe amoureux par correspondance d’une Guadeloupéenne qui envoie des haïkus par la poste. Il lui répond aussi en haïkus, je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue. Mais on a là un mélange assez rare de quotidienneté réaliste (les relations du facteur avec ses collègues et surtout son ami Robert si terre-à-terre) et de légèreté poétique, assorties en fin de parcours par une percée dans le fantastique. Je l’ai lu d’une traite. Inutile de dire que je vous recommande ces deux livres et leurs auteurs ! Vive la lecture !


Et ce roman m’a redonné envie d’écrire de "vraies lettres, écrites par de vraies personnes qui préféraient à la reptilienne froideur du clavier et à l’instantanéité d’Internet le sensuel acte d’écrire à la main, la délicieuse langueur de l’attente ; des épistoliers dont c’était le choix délibéré et dont on devinait parfois qu’ils agissaient selon une question de principe, une prise de position en faveur d’un mode de vie moins soumis à la course contre le temps et à l’obligation d’être performant" (extrait du livre). D’ailleurs, je reçois pas mal de cartes postales, signe que mon habitude d’en envoyer beaucoup donne ses fruits : des réponses (notamment à mes cartes de Cuba) ! Et utilisant un canal bien démodé, à mille lieues des "nouvelles technologies" triomphantes. Mais qui font d’ouvrir sa boîte à lettres un plaisir inégalé.

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