Si l'on se penche sur les erres de ce siècle prédateur on peut voir trembler en leur fond des regards par millions, hallucinés de faim, de souffrance et d'effroi...
(Sylvie Germain, Les échos du silence)
Il y a comme un mur
une barrière d'ignorance
une terre confisquée
un peuple introuvable
et l'impossibilité d'aller et de venir
Il y a comme une prison
dans les têtes dans les corps dans les mots
comme si les oiseaux soudain
n'avaient plus d'ailes
comme si les enfants soudain
redevenaient muets
comme si les soleils soudain
n'éclairaient plus rien
Il y a comme un goût d'inachevé
une haine du silence et du mouvement
un hiver éternel où l'on ne dénombre plus les étoiles
un printemps qui ne vient jamais
la liberté devenue simulacre
Il y a comme un mur
qui nous sépare
de nous-mêmes
* * *
Comme je suis en ce moment – et, à vrai dire depuis fort longtemps – particulièrement sensibilisé au problème de la Palestine, de cette occupation qui s'éternise, de cet enfermement de toute une population derrière des murs (et très hauts !), des barbelés, des miradors, des check-points, de ce blocus, punition infligée à tout un peuple qui a "mal voté", du bafouement perpétuel du droit international et des résolutions de l'ONU, je n'ai pas envie de philosopher là-dessus ; de plus avisés que moi, politologues, juristes, historiens, le font. Je me contente donc de vous proposer le poème ci-dessus, et sans aucune animosité.
Mais enfin, s'il me prenait la fantaisie de vouloir aller en Palestine – avec le développement d'internet, je peux bien avoir des connaissances là-bas, non ? – le pourrais-je, en dehors des voyages organisés, labellisés "Terre sainte" ?
Eh bien non, puisque de toutes parts, la Palestine est cadenassée, bâillonnée, que l'aéroport de Gaza qui fut, si je ne me trompe, financé par l'Union européenne, a été détruit par l'occupant, que les frontières avec la Jordanie, la Syrie, le Liban, l'Égypte, sont verrouillées par Israël, que la façade maritime est inaccessible (voir l'aventure de la flottille pour Gaza en 2010, neuf morts et vingt-huit blessés, tout de même) ; force est de constater qu'on doit passer par Israël pour atteindre la Palestine ou les "territoires" occupés : donc je ne peux pas y aller, si je ne veux pas faire allégeance à un état dominateur.
Tout un peuple est otage d'un conflit qui s'éternise (et même deux, car les Israéliens eux-mêmes sont victimes de la situation), d'une colonisation qui ne se cache plus (parmi les plus féroces qui soient : expulsions, destructions de maisons, de vergers, d'oliveraies, tout est bon pour faire partir ceux qui sont là et qui gênent) et qui alimente une haine inextinguible. Aujourd'hui, de toute façon, en cas d'accords, tout cela rendrait l'existence d'un état palestinien (constitué de lambeaux) à peu près non-viable.
Alors, oui, je pense à nos compatriotes emprisonnés actuellement en Israël (avant d'être expulsés) dont le seul tort était de venir apporter un soutien amical aux Palestiniens. Je laisse à la propagande israélienne (et Dieu sait si elle est puissante, et bien relayée en France) le soin des les traiter de "provocateurs".
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