J'ai embrassé l'aube d'été
(Arthur Rimbaud, Illuminations)
Les mornes soulèvent de leurs épaules tièdes des cocotiers solitaires, et, dans l’aube ailée de chants d’oiseaux, j’observe les hérons qui regagnent les champs. Au loin, un voilier se meurt dans des vapeurs de brume marine. D’un œil tenace, j’embrasse les manguiers, les goyaviers, les bananiers, les orangers, les caramboliers, et de mes narines gicle la crête des cendres du volcan.
Oh ! Je sonde le temps dans cette solitude ! Les amis sont partis en week-end à la Désirade ou à la Martinique. Je découvre le temps immémorial scandé de cocoricos et d’aboiements de chiens, et cette insolente impression qu’il y a toujours quelqu'un qui me guette ou m’attend !
Et même le ronron dément du frigidaire me titille, me dit que le monde va et vient, comme le sang qui vibre ou bien le lit qui continue à tanguer… Et, à l’oreille bourdonnant, le vent soulève le tam-tam du gwo-ka qui éclabousse le tympan par éclipses. Le soleil commence son tumulte sur le sol poudreux.
Et je reprends les chemins d’autrefois, j’arpente la patience des arbres à pain, le miracle des cannes à sucre, je sens gémir la terre qui s’entête à vouloir vivre.
Oh ! Je sonde le temps dans cette solitude ! Les amis sont partis en week-end à la Désirade ou à la Martinique. Je découvre le temps immémorial scandé de cocoricos et d’aboiements de chiens, et cette insolente impression qu’il y a toujours quelqu'un qui me guette ou m’attend !
Et même le ronron dément du frigidaire me titille, me dit que le monde va et vient, comme le sang qui vibre ou bien le lit qui continue à tanguer… Et, à l’oreille bourdonnant, le vent soulève le tam-tam du gwo-ka qui éclabousse le tympan par éclipses. Le soleil commence son tumulte sur le sol poudreux.
Et je reprends les chemins d’autrefois, j’arpente la patience des arbres à pain, le miracle des cannes à sucre, je sens gémir la terre qui s’entête à vouloir vivre.
Partir, venir, accompagner, se souvenir : la semence de la vie m’inonde, je plonge dans les épis d’arbres, dans la résistance de la végétation qui m’enserre, qui me couvre, qui me donne sa vertu, comme il y a quelques jours les paroxysmes de l’océan m’ont fait surgir au monde.
Guadeloupe aux nuages roses, aux rêves fruités, mon île du matin inerte et bouillonnante, où je happe la vie en écartant les mains et en frappant le sol, Guadeloupe, sur tes monts gorgés de sèves et de fruits, cathédrales de branches et de lianes, je pénètre tes nefs et fais chanter tes orgues, je bondis de tes porches pour atteindre le Ciel.
Là, l’aventure se profile encore, les marchés rivalisent de couleurs, le désert crie au sommet du volcan, la nuit — fait étrange — est longue comme un jour, les étoiles jouent avec les vagues, les tourments d’amour se savourent…
Il n’y a que la pluie qui conspire à manquer…
1 commentaire:
Je te lis, chaque billet. La douceur de tes mots m'envahit; tes phrases sont belles.
Merci Jean Pierre
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