Ce matin, la pluie s'arrête pour reprendre une demi-heure plus tard, et ainsi de suite. "Les giboulées de mars en juin", me dit Claude, qui a dû rallumer le chauffage : quand il est revenu de Paris, où il a rendu visite à sa fille après le décès de son oncle, il ne faisait plus que 11° dans la maison ! J'avais eu l'intention d'aller à Lembeye à vélo pour explorer le terrain, mais il m'en dissuade. Et c'est en voiture que je rends une première visite à la MARPA (Maison d'Accueil Rurale pour Personnes Agées). La directrice nous reçoit dans la salle commune d'un superbe bâtiment tout en longueur, adossé à la colline, qui comprend vingt appartements de 30 m². Chaque résident apporte ses meubles. La maison n'est pas médicalisée, mais toute une noria d'infirmiers libéraux, de médecins, de kinés, d'auxiliaires de vie, vient chaque jour apporter les soins nécessaires. C'est qu'ici on a plus de 85 ans, et souvent plus de 90. Chacun peut sortir s'il le souhaite, faire ses courses, voir le médecin à l'extérieur, garder un chien aussi, faire sa cuisine dans sa kitchenette. Un vieil ami du village de Claude, à 97 ans, fait tous les jours le tour de Lembeye à pied, et a adopté un petit chien qui le suivait. Il le garde dans sa chambre, où le chien-roi occupe le fauteuil relax, tandis qu'il s'assied lui-même sur la chaise. Enfin, on fait tout ce qu'il faut pour que les pensionnaires se sentent bien, et visiblement, c'est le cas.
14 h : une éclaircie, et même un soleil de plomb ! Adieux à l'homme aux chats, on se reverra... Vite, j'enfourche Rossinante. La longue descente vers Lembeye, sur la route mouillée que j'aborde prudemment, me donne les larmes aux yeux. La montée suit, 2 km seulement, mais avec des ressauts un peu plus raides. En arrivant à la MARPA, je suis trempe de sueur et dois aller m'éponger et me changer aux toilettes. J'installe le vélo en fond de scène dans la salle commune, avec en face de moi le magnifique panorama de la vallée par l'immense baie vitrée, et peu à peu, les résidents arrivent, à pas menus, et viennent me saluer. Les bibliothécaires de Lembeye, qui animent un atelier lecture tous les lundis (car, comme m'a dit la directrice, plusieurs personnes sont atteintes de dégénérescence maculaire et ne peuvent plus lire, elles leur ont ainsi lu récemment Le petit prince en feuilleton), sont là, ainsi que la directrice et une auxiliaire de vie qui amène un résident sur son fauteuil roulant.
C'est la première fois que j'ai affaire à des personnes si âgées, j'ai prévu d'écourter, un programme de 45 minutes, trois récits et trois poèmes seulement, dont deux fables de La Fontaine, pensant que notre fabuliste national rappellera quelques souvenirs. Et je ne me trompe pas, quand je me lance dans Le renard et la cigogne, une vieille dame à ma droite, probablement de plus 90 ans, le dit en même temps que moi. En fin de compte, tout le monde semble ravi, et la directrice n'a plus qu'à servir le goûter : des amandines, spécialité du pâtissier local, et du vin blanc doux. Un grand merci pour l'accueil, je serre toutes les mains, et repars.
C'est nuageux, avec du ciel bleu, et surtout très venté. Tant que je reste sur les coteaux du Vic-Bilh, qui abrite les vignes du Madiran, c'est supportable. Mais quand j'arrive dans la vallée de l'Arcis, qui me conduit jusqu'à Aire-sur-l'Adour, je suis dans un véritable couloir à courants d'air, et, bien sûr, avec le vent de face, puisque je vais dans la direction du nord-ouest. C'est très pénible. La traversée d'Aire est pire encore, mais là, ce sont les voitures qui encombrent les rues sur des kilomètres de bouchons : on dirait une agglomération de 100 000 habitants, alors qu'il n'y en a que 5 ou 6000 ! De gros départs dus à la fête des mères ? J'en suis réduit à rouler sur le trottoir pour avancer malgré tout, car le soir est proche, et je veux être chez Maman avant la nuit. La sortie d'Aire est interminable, les lignes droites des Landes commencent, heureusement le vent est maintenant de côté.
Enfin, je rejoins la route du Houga et reprends la direction de l'ouest, côtes et descentes se succèdent, le vent s'est calmé... Maman m'attend, m'annonce qu'elle a quelques petits pépins de santé - une forte anémie et un déficit en fer - et a failli être hospitalisée le jour même, je compatis, lui trouve en effet le teint jaunâtre, mange, regarde un peu la télévision avec elle, mais une fois au lit, la fatigue et l'inquiétude m'empêchent de m'endormir vite...
14 h : une éclaircie, et même un soleil de plomb ! Adieux à l'homme aux chats, on se reverra... Vite, j'enfourche Rossinante. La longue descente vers Lembeye, sur la route mouillée que j'aborde prudemment, me donne les larmes aux yeux. La montée suit, 2 km seulement, mais avec des ressauts un peu plus raides. En arrivant à la MARPA, je suis trempe de sueur et dois aller m'éponger et me changer aux toilettes. J'installe le vélo en fond de scène dans la salle commune, avec en face de moi le magnifique panorama de la vallée par l'immense baie vitrée, et peu à peu, les résidents arrivent, à pas menus, et viennent me saluer. Les bibliothécaires de Lembeye, qui animent un atelier lecture tous les lundis (car, comme m'a dit la directrice, plusieurs personnes sont atteintes de dégénérescence maculaire et ne peuvent plus lire, elles leur ont ainsi lu récemment Le petit prince en feuilleton), sont là, ainsi que la directrice et une auxiliaire de vie qui amène un résident sur son fauteuil roulant.
C'est la première fois que j'ai affaire à des personnes si âgées, j'ai prévu d'écourter, un programme de 45 minutes, trois récits et trois poèmes seulement, dont deux fables de La Fontaine, pensant que notre fabuliste national rappellera quelques souvenirs. Et je ne me trompe pas, quand je me lance dans Le renard et la cigogne, une vieille dame à ma droite, probablement de plus 90 ans, le dit en même temps que moi. En fin de compte, tout le monde semble ravi, et la directrice n'a plus qu'à servir le goûter : des amandines, spécialité du pâtissier local, et du vin blanc doux. Un grand merci pour l'accueil, je serre toutes les mains, et repars.
C'est nuageux, avec du ciel bleu, et surtout très venté. Tant que je reste sur les coteaux du Vic-Bilh, qui abrite les vignes du Madiran, c'est supportable. Mais quand j'arrive dans la vallée de l'Arcis, qui me conduit jusqu'à Aire-sur-l'Adour, je suis dans un véritable couloir à courants d'air, et, bien sûr, avec le vent de face, puisque je vais dans la direction du nord-ouest. C'est très pénible. La traversée d'Aire est pire encore, mais là, ce sont les voitures qui encombrent les rues sur des kilomètres de bouchons : on dirait une agglomération de 100 000 habitants, alors qu'il n'y en a que 5 ou 6000 ! De gros départs dus à la fête des mères ? J'en suis réduit à rouler sur le trottoir pour avancer malgré tout, car le soir est proche, et je veux être chez Maman avant la nuit. La sortie d'Aire est interminable, les lignes droites des Landes commencent, heureusement le vent est maintenant de côté.
Enfin, je rejoins la route du Houga et reprends la direction de l'ouest, côtes et descentes se succèdent, le vent s'est calmé... Maman m'attend, m'annonce qu'elle a quelques petits pépins de santé - une forte anémie et un déficit en fer - et a failli être hospitalisée le jour même, je compatis, lui trouve en effet le teint jaunâtre, mange, regarde un peu la télévision avec elle, mais une fois au lit, la fatigue et l'inquiétude m'empêchent de m'endormir vite...
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