lundi 26 août 2024

26 août 2024 : Gaza encore et toujours

 

La vengeance est une donnée primitive, abjecte, et de surcroît dangereuse, c’est ce que déjà les Grecs nous ont appris il y a longtemps.

(Alain Badiou, Notre mal vient de plus loin : penser les tueries du 13 novembre, Fayard, 2018)

 

                         Promis, quand les Israéliens cesseront de détruire Gaza, d'affamer Gaza, de bombarder des habitations, des écoles, des hôpitaux, etc., quand nos grandes puissances occidentales, si vertueuses dès qu'il s'agit de condamner les pays qui leur déplaisent, de programmer des blocus (Cuba, Vénézuela, Iran, etc.), des sanctions contre de nombreux pays, et empêchent toute tentative de paix parce qu'elles sont les premières à alimenter la guerre, inféodées qu'elles sont aux tout-puissants marchands d'armes, je cesserai de parler de Gaza. 

                    En attendant, chaque jour qui passe voit la bande de Gaza livrée à d'incessants bombardements, le reste de la Palestine occupée (Cisjordanie, Jérusalem est) opprimé comme jamais : arrachage d'oliviers, maisons détruites, habitants livrés à la sauvagerie débridée de colons qui pillent, cassent, violentent, blessent, brûlent, assassinent, sous l’œil de l'armée israélienne toute-puissante (la "plus morale du monde", proclament nos mierdas occidentaux), qui fait d'innombrables prisonniers parmi les Palestiniens, car toute résistance est réprimée avec la plus grande violence et la plus grande impunité.  

                    Et je ne peux pas me taire. Tant pis si je passe pour un radoteur. J'ai attendu en vain des sanctions de l'ONU et des instances internationales. Et, comme ma sœur Anne, je ne vois rien venir. Je rougis d'être un Homme. Et quand je vois si peu de gens manifester contre ce génocide, il me prend l'envie de hurler ! Voici un texte de Reporterre que j'ai apprécié :  


 Beyrouth (Liban), correspondance REPORTERRE

SITUATION DE L’AGRICULTURE A GAZA

Terres détruites, départs forcés... L’offensive israélienne a mis à mal l’agriculture à Gaza. Malgré les bombes, certains agriculteurs sont restés, et s’entêtent pour sauver leurs champs.

Entre les gravats et les débris, des plantes poussent encore. Aubergines, tomates, poivrons et concombres s’entêtent à vivre au milieu des explosions d’obus, de phosphore blanc et de drones. C’est un petit miracle qui se déroule à Gaza : des agriculteurs tiennent bon face à l’offensive israélienne, qui a tué plus de 40 000 Gazaouis et contraint 2 millions de civils à l’exode.

Samir Khoder Ibrahim Mansi, lui, est toujours là. Malgré les bombardements et une guerre génocidaire qui ravage le territoire, le jeune agriculteur s’occupe toujours de ses 8 000 m2 de terres, dont 6 000 à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza.

Transmis à Reporterre par notes vocales sur WhatsApp par une militante écologiste gazaouie, son témoignage n’était pas facile à recueillir, faute de connexion stable et d’électricité. « Aucune zone n’est épargnée. Mais Dieu merci, pour nous, c’est mieux que pour d’autres ; ils n’ont détruit que de petites choses et n’ont touché qu’une partie des serres, explique-t-il. Cent de mes oliviers ont été bombardés. Cela pourrait être pire. »

 « Il ne reste rien »

D’après des chiffres récents de l’Organisation des Nations unies (ONU), Israël aurait anéanti 57 % des terres agricoles de la bande de Gaza et rasé plus de 40 % des serres à coup de bombes ou de pelleteuses. La destruction est bien plus importante dans le nord de la bande et pour la ville de Gaza, où presque 90 % des serres ont disparu. 537 granges, 484 élevages de volailles et 397 élevages de moutons ont été détruits, réduisant presqu’à néant l’infrastructure agroalimentaire gazaouie.« Tout ce que nous produisions a disparu »

Des milliers d’agriculteurs ont ainsi perdu leurs terres et leurs fermes, disparues sous les bombes. C’est le cas de Ghifra Ahmad Abdelkhesi, 55 ans, mère de famille et agricultrice. « Depuis trente-cinq ans, l’agriculture était toute ma vie. On travaillait sur nos terres avec mon mari et nos enfants. Tout ce que nous produisions a disparu, tout a été détruit… Notre maison, nos cultures, la ferme de nos animaux, tout », témoigne-t-elle via WhatsApp.

Elle énumère avec fierté les fruits et légumes qui sortaient de ses champs : okras (en forme pyramidale), pastèques jaunes et rouges, tomates, maïs, poivrons, navets, aubergines, mloukhiya (corète potagère) en été ; orge, blé, pois chiches, épinards en hiver. « Il ne reste rien. Nous sommes déplacés à l’hôpital al-Aqsa, à Deir el-Balah, et les animaux que nous avions réussi à sauver sont morts de faim. On a cueilli des mauvaises herbes pour les nourrir, mais cela n’était pas assez. Nous mourons nous-mêmes de faim », se désole-t-elle.

 Génocide par la famine

L’effondrement de l’agriculture à Gaza a une autre conséquence : la famine. En juin, 95 % des Gazaouis, soit 2,15 millions de personnes, souffraient d’insécurité alimentaire élevée. Des dizaines d’enfants sont déjà morts d’épuisement et de faim ; 50 000 en sont menacés. « Nous pensons que ces chiffres sont grandement sous-estimés, puisque le système alimentaire s’est effondré et que 75 % du secteur agricole est détruit », dit Lisa Shahin, responsable de la recherche et de la mobilisation du Groupe arabe pour la protection de la nature (APN), une organisation environnementale palestino-jordanienne de la société civile.

Et d’ajouter : « Avant la guerre, Israël utilisait déjà la faim comme arme contre les Gazaouis afin de les maintenir à un niveau d’épuisement constant, de les subjuguer et de les contrôler. » Avant le 7 octobre, 65 % des Gazaouis souffraient d’insécurité alimentaire, et les agriculteurs étaient limités par le blocus israélien imposé depuis 2007. « Aujourd’hui, on assiste à l’extension logique de cette tactique : le génocide par la famine, la punition collective »

Israël bloque totalement l’importation de matériel agricole. Les agriculteurs doivent se contenter de ce qui a survécu aux bombardements, et à des prix exorbitants. « Nous avions l’habitude d’obtenir 1 000 plants de poivrons avec 100 shekels [24 euros] ; pour nous, c’était déjà cher. Aujourd’hui, cela coûte 500 shekels [121 euros] », explique Samir Khoder Ibrahim Mansi. Ces prix réduisent la viabilité économique de leur métier. « Une récolte coûte très cher, maintenant. S’il fallait dépenser 1 000 dollars avant la guerre, c’est maintenant 4 000 ou 6 000 dollars. »

Dans ce contexte délétère, certaines associations locales tentent d’aider les agriculteurs. L’APN, basé à Amman mais avec des équipes à Gaza, a ainsi lancé la campagne Revive Gaza’s Farmland (« Faire revivre les terres agricoles de Gaza »). « Nous sommes encore en contact avec 500 agriculteurs, et avons réussi à soutenir 162 d’entre eux. Nous leur fournissons des semences, surtout des légumes pour nourrir rapidement le maximum de personnes : concombres, tomates, aubergines, courgettes, poivrons… », explique Lisa Shahin.

L’APN aurait ainsi replanté 500 000 pousses de légumes, 900 kg de graines de mloukhiya, 115 000 graines d’aubergines et de piments, sur un total de 40 hectares sur toute la bande de Gaza, en plus d’un projet de réhabilitation de la pépinière de la ville de Gaza.

L’APN a replanté des pousses de légumes et a fourni des graines aux agriculteurs. © APN

« Mes champs ont été détruits, des puits jusqu’aux cultures. L’APN m’a remis sur pied en m’aidant à replanter des aubergines de zéro, témoigne anonymement un agriculteur de l’est de la bande de Gaza, par peur de représailles israéliennes. Je dois nourrir vingt-deux personnes de ma famille. Je traite mes plantes comme des enfants, j’en prends soin, mais nous sommes entourés de débris et de fragments de missiles. On a besoin d’aide. »

Pour Lisa Shahin, cette aide d’appoint n’est qu’une première étape pour éviter le pire. « Une fois la guerre terminée, nous lancerons deux autres étapes de la campagne : nous aiderons des pêcheurs avec des filets et la réparation de leurs bateaux, nous restaurerons des puits, et planterons des arbres fruitiers pour compenser les 55 000 arbres déracinés par l’occupation dans la ville de Gaza. Puis, nous réhabiliterons les élevages et distribuerons des ruches, comme nous le faisions avanla guerre », dit-elle.

 L’identité agricole de Gaza

En pleine guerre, le travail des associations reste difficile. « J’ai été contraint de fuir deux fois, et nous avons dû déplacer nos bureaux à cause des bombardements », témoigne Mahmoud Alsaqqa, manager de programmes chez Oxfam à Gaza. Les nouveaux bureaux de l’association, déplacés à Deir el-Balah et Rafah, servent aussi de refuge. « Avant la guerre, je travaillais sur un programme pour mettre en valeur la chaîne de production des agriculteurs, améliorer leurs qualité et production, ainsi que leur accès aux marchés externes… Maintenant, on lutte pour leur survie », dit-il au téléphone.

Oxfam distribue ainsi des bons de consommation et de l’argent liquide aux agriculteurs, qu’ils peuvent dépenser en engrais, en graines ou pour se nourrir. « La condition pour qu’ils puissent faire revivre leurs cultures, c’est déjà qu’ils ne meurent pas de faim. Ça leur redonne confiance, envie de se battre », explique-t-il.

Et d’ajouter : « La quasi-entièreté des zones agricoles du nord de Gaza sont détruites. Les champs de Beit Lahya, mondialement connus pour leur production de fraises, ont disparu. C’est une attaque contre notre identité palestinienne, de paysans fellahin, contre notre culture de l’olivier. » Selon lui, « sur les 200 000 agriculteurs qu’il y avait à Gaza, de nombreux sont morts, blessés ou déplacés » et « moins de 10 % d’entre eux arrivent encore à exercer ».

Pourtant, malgré l’ampleur de la destruction, il ne manque pas d’optimisme : « Les Palestiniens sont résilients, on va tenir bon. Ce qu’il nous faut, c’est un cessez-le-feu et la levée du blocus. » Et que les Gazaouis retrouvent leur autosuffisance en légumes. « Je crois fermement qu’on y arrivera de nouveau. Continuer l’agriculture, aujourd’hui, c’est un acte de subsistance, mais aussi de résistance. »

 

 

 

dimanche 25 août 2024

25 août 2024 : le poème du mois

 

J’ai commencé un jeu de cache-cache avec la Dame [la Mort], mais je dois faire attention : la mort est susceptible, un claquement de doigts et elle me transforme en tueur de moi-même. Le crime parfait.

(Paolo Milone, L’art de lier les êtres, tard. Emanuela Schiano de Pepe, Calmann-Lévy, 2023)

 

                Jean-Louis Massot est un poète discret, qui fait souvent dans le poème court : pas de délayage. Je crois qu'il a raison, mes grands amis de Poitiers, Odile et Georges (qui me manquent tant depuis leur décès) me disaient la même chose : "l'art poétique, c'est la suppression de tout mot inutile, car ils font perdre du sens et de la force au poème". Et moi, je ne sais pas faire. Alors, j'admire ceux qui savent. Il y a beaucoup de poèmes très courts au Japon et en Chine. Peut-être qu'en vieillissant comme mes vieux amis, j'y arriverai ?


Où en es-tu

De ta peine

De quelle couleur

Ta peine est à jamais là

Laissée soumise 

Sur ta peau

(Jean-Louis Massot, Faux dire, Éditions du Petit flou, 2024) 


La pudeur de la mer

un matin d'automne.

Un homme

pleure en silence.

(Jean-Louis Massot, Houppées, Éditions du Petit flou, 2023)

 

 

mercredi 21 août 2024

21 août 2024 : les clés

 

Tous les matins tu ouvres les yeux et tu t’étonnes d’être encore là. 

(Paolo Milone, L’art de lier les êtres, tard. Emanuela Schiano de Pepe, Calmann-Lévy, 2023)

 

            J'ai un problème avec mes clés. Depuis des années, je porte mon trousseau sur ma poitrine, attaché autour du cou par un cordon, qui me permet de pas perdre mes clés et surtout de pouvoir rentrer chez moi. Car, par deux fois, sortant de chez moi au début de mes années bordelaises, je me suis retrouvé coincé sur le palier, car ma porte d'entrée n'a pas de poignée extérieure. Heureusement, la première fois, j'avais laissé un double de ma clé chez ma sœur de Bordeaux, et instruit par l'expérience, j'ai maintenant un autre double chez le gardien de mon immeuble, comme d'ailleurs pas mal d'habitants de la Tour Mozart. Car, en notre absence, en cas de fuite d'eau par exemple, il peut venir vérifier si ça ne vient pas de chez nous.

           J'ai déjà dû dire quelque part dans mon blog que j'ai vécu six ans à Auch sans jamais fermer ma porte à clé sauf quand je m'absentais pour le week-end ou des vacances.  Mais mon proprio, qui habitait à côté de chez moi (il avait transformé la grange près son habitation en deux appartements : j'habitais au rez-de-chaussée) avait un double de la clé  au cas où je l'aurais perdue. Ce qui n'est jamais arrivé. Ainsi, mon jeune ami Robert, le berger, quand il est venu me voir en tandem depuis la Drôme avec sa sœur Jacqueline, et qu'ils étaient arrivés avant que je sorte du travail, s'est installé chez moi. Ils ont pu se doucher et se reposer en attendant mon retour du boulot. Je l'avais avisé que je ne fermais pas ma porte à clé.

            Peut-être aussi ai-je dû raconter l'histoire qui m'est arrivée en Pologne en 1974, alors que je participais à une soirée festive d'étudiants assez arrosée : j'ai eu envie d'aller aux vécés pour pisser et dégueuler la vodka qu j'avais dû boire (on m'y a pas repris une deuxième fois !), et j'ai commis l'erreur de fermer à clé derrière moi. Quand j'ai voulu rouvrir, impossible ! Allez faire comprendre à de jeunes Polonai(e)s éméché(e)s que j'étais incapable de sortir ! Heureusement, mon ami Piotr, avec qui je communiquais en anglais, m'a dit de sortir la clé et de la passer sous la porte : on a rouvert de l'extérieur.

            Aussi quand j'ai lu ce très beau livre sur l'univers psychiatrique et sur l'enfermement des patients et du personnel, le passage sur les clés m'a sauté aux yeux. Il m'a rappelé aussi mes lectures en prison ; de la même façon, les gardiens de prison se promènent toujours avec un trousseau de clés. Et ils nous enfermaient seuls avec les détenu(e)s venu(e)s assister à nos lectures. Mais nous n'avons jamais eu peur. D'ailleurs, je pense que la peur, comme l'inquiétude et les regrets, sont nocifs pour notre mental. 

 

Voici donc un extrait de

L’art de lier les êtres de Paolo Milone


            Le Service 77 est un service fermé.

           Quand un nouveau médecin arrive, on lui met un trousseau de clés sous le nez et on lui explique : ceci est le pouvoir.

          Moi-même, quand j'ai eu les clés, j'ai juré de respecter les règles : lorsque j'ouvre une porte, je dois me souvenir de la fermer derrière moi, toujours, je ne dois pas laisser les clés sur les tables et les bureaux, je ne dois pas laisser les clés accrochées aux porte, grave erreur, je ne dois pas perdre les clés, sous peine de déshonneur et de ricanements, je ne dois pas oublier les clés chez moi, je ne dois prêter les clés à personne.

            Étant donné que je suis étourdi, je me trompe toujours, deux ou trois fois par jour, les patients me ramènent les clés que j'ai oubliées je ne sais où : prenez ça, docteur, ils me disent tout bas, à l'abri du regard de mes collègues qui me feraient des reproches.

            Quelle que soit la tension qu'on subit au travail, le léger poids des clés suffit à nous rassurer.

            On passe son temps à caresser la poche où elles reposent.

          Si tu ne sens pas ce poids, tu t'inquiètes, tu n'es pas vraiment en cage, mais les collègues te laissent attendre dix minutes avant d'ouvrir n'importe quelle porte.

           Je prends les clés, j'ouvre la porte. Je passe. Je la referme derrière moi : j'ai oublié quelque chose.

         Je reprends les clés, je rouvre la porte. Je passe. Je la ferme derrière moi : je prends ce que j'avais oublié.

          Je reprends les clés, je rouvre la porte. Je passe. Je la ferme derrière moi : le téléphone sonne dans la pièce.

            Je reprends les clés... Voilà ma journée.

          Je rêve d'un Service 77 sans clés, ou tout simplement avec des portes automatiques.

          En attendant, les patients me disent : vous avez de la chance parce vous avez les clés.

           Oui, j'ai les clés, mais je suis toujours là.

                 

                 

                                

                

                 


 

 

 

samedi 17 août 2024

17 août 2024 : Du vélo à la fraîche (et aussi quand il fait chaud)

 

               Ni les victoires des jeux olympiques, ni celles qu’on remporte dans les batailles, ne rendent l’homme heureux. Les seules qui le rendent heureux, ce sont celles qu’il remporte sur lui-même.

             (Épictète, Entretiens)

 

                Aujourd'hui je parlerai des victoires que l'on remporte sur soi-même. C'est ainsi que dans les années 60, je me suis lancé dans de grandes randonnées cyclistes (d'une seule journée, en 1966, 1967 et 1968, puis de longue durée, 5 à 20 jours, en 1973, 1977, 1980, 1981, 1983,1993, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2014 et 2017), puis dans les courses à pied de longue distance aussi, semi-marathons, marathons, 100 km même, de 1976 à 1989. Mon but était de me battre contre moi-même, de m'étonner (comme disait Jean Cocteau) en me lançant des défis, mais pas de concourir pour une hypothétique victoire ; j'essayais simplement de finir une entreprise que j'avais commencé. Me fixer un but, aller jusqu'au bout d'un marathon ou d'une randonnée d'une à trois semaines que j'avais programmés. Claire y fut associée en 1980 et 1981, à vélo pendant trois semaines et, comme on se disait à l'époque, "faire une telle randonnée à deux et finir sans se disputer et en gardant une entente totale pendant une telle durée, ça vous soude un partenariat", de couple marié en l’occurrence.

                J'ai donc pendant mon excellent séjour de trois jours en Normandie (pour une cousinade) en fin d'après-midi et en soirée, regardé quelques épisodes des Jeux Olympiques (JO). Je n'apprécie que moyennement le sport de compétition. La cérémonie d'ouverture (dont je n'ai vu que quelques extraits sur internet) m'a paru d'un mauvais goût outrancier : faire chanter le "ça ira" par une tête guillotinée de Marie-Antoinette m'a horripilé. Dépenser des fortunes pour ce genré de mascarades, alors qu'hôpitaux et établissements scolaires manquent de tout, montre bien qu'on est tombé bien bas !

 

Mijaín Lopez

                Par ailleurs, j'ai horreur du nationalisme imbécile qui se déploie à cette occasion : il n'est que de voir qu'on a mis au pinacle les médaillés d'or de certains pays, principalement occidentaux. Mais les médias n'ont pas parlé du seul médaillé d'or cubain (Mijaín Lopez), dont c'était pourtant la cinquième fois consécutive qu'il était médaillé en or aux JO depuis 2008 ; ah ! s'il avait été dissident exilé à Miami, il aurait eu les honneurs de la presse occidentale, qui confirme ainsi le terme de "merdias" que je lui confère, et je ne suis pas le seul. Quant au comptage quotidien des médailles, il m'a rappelé le comptage tout aussi quotidien des contaminés, des hospitalisés et des morts pendant le covid. Et pendant ce temps-là, les "merdias" ne disaient plus un mot des bombardements de Gaza et ne comptaient pas les morts !            

                Mais, de temps en temps, les champions, ça peut être beau ! Par exemple le Suédois du saut à la perche, qui a battu le record du monde dans une envol esthétiquement parfait.

               Cette année, à défaut de faire une grande randonnée cycliste, depuis le 17 juillet, et l'arrivée - enfin - de la chaleur, je me lève tous les jours aux environs de 6 heures pour profiter de la fraîche et aller faire un tour à vélo d'une heure à une heure 30 aux environs de Bordeaux ou dans la ville même ! Le pied. D'abord parce qu'il n'y a presque personne, peu de voitures, voire pas quand il a fait une chaleur caniculaire. Ensuite je suis totalement déconnecté aux machins électroniques, plaisir ineffable pour moi. Pendant ces petites randos, je fais parfois des rencontres étonnantes, car il arrive de m'arrêter de temps en temps, surtout quand je vois un(e) autre cycliste en difficulté ou perdu(e). Alors que je n'avais fait que 1550 km du 1er janvier au,17 juillet, en un mois j'en ai fait 1100 de plus ! Je roule dans la sérénité absolue, je regarde les paysages, les arbres, les fleurs, le lac, la Garonne, je réfléchis sur ma vie, et il fait frais.

                Inscrivez-vous au club de ceux qui se lèvent tôt : vous apprécierez l'épaisseur des matinées, à mon avis les meilleurs moments du jour en été.