mercredi 25 août 2021

25 août 2021 : la smartphomanie

 

peur et impuissance, peur par impuissance, impuissance par peur… (Jean-Paul Sartre, Situations V, Gallimard, 1964)


Il est certain que la peur du covid est alimentée par les fantasmes ou les infos, notamment internet et la télévision (mais les journaux et la radio ne sont pas en reste), et l’usage intensif du smartphone y contribue aussi. Je préfère ignorer les infos en continu et, pour l’instant, rester à l’écart de la smartphomanie (tout en pensant que je m’y mettrai peut-être un jour, mais le plus tard possible). Pourtant, encore aujourd’hui, au centre de Bordeaux, une majorité de piétons (3 sur 4 environ) se baladaient, leur petite machine à la main, ne levant la tête que de temps en temps. Comme dans les transports en commun, je me demandais : « Mais qu’est-ce donc qui est si important que leurs yeux soient captés quasi en permanence par cet écran ». Même les cyclistes s’y sont mis, se mettant en danger.

J’étais invité hier au soir à un apéritif dînatoire dans un appartement de la tour pour l’anniversaire (deux ans) d’une petite fille. Nous étions huit adultes, des voisins, plus le couple et ses deux enfants (dont le dernier-né (huit mois). J’ai été frappé par l’intrusion du smartphone comme élément perturbateur de la soirée. La petite fille, fort peu intéressée par la fête, jouait avec l’un : elle parle encore très peu (mais lui parle-t-on, lui lit-on des livres, joue-t-on avec elle ?). Je lui ai offert un petit lapin en peluche et deux albums du père Castor, lui promettant de venir les lui lire. Nous fûmes dérangés à plusieurs reprises par des conversations téléphoniques, car le smartphone sert, aussi, à téléphoner. Comme on ne peut pas être tranquilles quand on l’a dans sa poche, j’avais laissé mon portable dans mon appartement.

Je plains les gamins à qui on met dans les mains ces écrans dès le plus jeune âge et qui finissent par sembler ne s’intéresser à rien d’autre. Je plains les professeurs (d’école, de collège, de lycée et même d’université) qui ont affaire à de tels enfants et jeunes gens. Dieu merci, dans mon cinéma (l’Utopia), les spectateurs respectent les consignes de laisser éteints leurs écrans portatifs. On peut y voir des films dont les héros, pourtant jeunes, ne semblent pas accros au sacro-saint doudou d’aujourd’hui.


Ainsi, le film Fragile, un premier film français, met en scène une jeunesse métissée de la bonne ville de Sète, qui découvre l’amitié et l’amour. C’est drôle, c’est très beau, un vrai antidote à la morosité ambiante et une claque contre les clichés sur la jeunesse actuelle.

 

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