Il
est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel
jour, ou quel mois, ou quelle année, sans y trouver, à chaque
ligne, les signes de la perversion humaine la plus épouvantable, en
même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de
bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées
relatives au progrès et à la civilisation ; tout journal, de
la première à la dernière ligne, n'est qu'un tissu d'horreurs...
(Charles
Baudelaire, Mon
cœur mis à nu)
Remplaçons
gazette
par journal télévisé, ligne
par image... Et
pratiquement le texte de Baudelaire peut être reproduit tel quel
aujourd'hui. Signe que, comme je le crois, le monde ne change pas
beaucoup, qu'à la limite, nous n'avons que fort peu évolué depuis
les temps préhistoriques... Ah ! on peut toujours se moquer des
sociétés prétendument retardataires, archaïques, on a beaucoup de
progrès à faire.
Ce
n'est pas qu'il n'y ait pas d'autres nouvelles intéressantes à
annoncer, que l'amour, l'amitié, la bienveillance, l'attention à
autrui, le partage, le dépouillement, l'association, l'intériorité,
l'ascèse, la culture et la création (au sens très large, englobant
la littérature, la musique, l'artisanat, les beaux-arts, les
spectacles, la spiritualité, etc.) soient totalement absents du
panorama de notre vie et de l'actualité. Mais ce n'est pas aussi
spectaculaire que le "tissu
d'horreurs"
que stigmatisait Baudelaire dans son texte publié en 1864. Alors, on
n'en parle pas ou peu.
Est-ce
parce que je vieillis ? Je préfère, au contraire de beaucoup
de mes contemporains, regarder ce qui va bien plutôt que ce qui va
mal. Apprécier les rencontres inédites ou insolites que m'apporte
le couch-surfing (ainsi dernièrement la réunion sous mon toit de
Sergueï le jeune Russe et de Hamlin le jeune Américain),
Hamlin et Sergueï mercredi chez moi
savourer
les retrouvailles récentes ou prochaines avec de nombreux amis et
connaissances et des membres de ma tribu pas vus depuis parfois fort
longtemps, lire la vie de Van Gogh plutôt que celle de DSK,
Dostoïevski plutôt que xxx (mettez n'importe quel nom d'écrivain à
la mode, mais qui sera oublié dès que la mode tournera), aller au
cinéma voir La
part des anges plutôt
que The
amazing Spider man...
C'est-à-dire, au fond, tenter de répondre à "la
grande devinette existentielle : mais enfin, qui crois-tu
être ?"
posée par un personnage de l'écrivain irlandais Joseph O'Connor. Ou
aussi bien m'efforcer de "vivre,
car vivre ne peut se réduire à assurer la continuation physique
d'une existence"
(Henri Perruchot, La
vie de Van Gogh).
Je
pars lundi pour trois semaines de balades et de rencontres dans la
moitié sud de la France et vais donc laisser mon blog en plan. Mais
j'emporte mes carnets, ma bonne humeur... et mon vélo !
Et bon anniversaire, Lulu !
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