Chaque classe sociale aurait prêché l'importance des vertus qu'aucun de ses membres n'aurait besoin de pratiquer. Les riches auraient souligné les mérites de l'épargne et les oisifs font assaut d'éloquence sur la dignité du travail.
(Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, trad. Richard Crevier, GF, 1995)
Hier, à l'atelier d'écriture, une des participantes, Isa, a choisi pour thème le bon goût et a composé un texte magnifique sur la manière dont celui-ci est imposé à la société tout entière (il suffit d'écouter la radio et de regarder la télévision, je n'ose plus dire lire le journaux, puisque plus personne, ou presque, n'en lit) par une minorité de privilégiés qui, du haut de leur statut, se permettent de critiquer les masses populaires(les pauvres, les illettrés et les analphabètes, les migrants, les SDF, les anormaux, etc.) tout en les pressurant de toutes les façons.
dessin de Karak
Et, comme écrivait Oscar Wilde, de prêcher les vertus de l'épargne à ceux qui, le matin, ne savent pas encore ce qu'ils vont bien pouvoir manger dans la journée, ni même s'ils sont manger quelque chose, et de prôner l'abstinence à ceux dont la seule consolation se trouve dans une cigarette ou une cannette de bière, et de louer la propreté à ceux qui pas d'autre toit que le ciel, et de célébrer le travail devant ceux qu'ils mettent au chômage, et de glorifier les mérites de l'instruction à ceux qui n'ont pas les codes pour suivre une scolarité normale, etc., etc...
Je lis aussi chez Oscar Wilde : "Il y eut des chrétiens avant le Christ. Nous devrions en éprouver de la gratitude. Le malheur est qu'il n'y en ait plus eu depuis lors. Je ferai une exception pour saint François d'Assise. Mais Dieu lui avait donné à sa naissance l'âme d'un poète, et lui-même, très jeune encore, avait pris, en un mariage mystique, la pauvreté pour épouse. Et, avec l'âme d'un poète et le corps d'un mendiant, il trouva facile le chemin de la perfection. Il comprit le Christ et devint pareil à lui (De profundis, trad. Léo Lack, Le libre de poche, 2000).
Mais, pour un François d'Assise, combien de paradeurs sans états d'âme, combien d'exploiteurs sans vergogne, combien de politicards nés dans des draps de soie et qui prétendent savoir tout, combien de criminels de geurre ui, malheureusement, mènent le monde, et que le menu peuple est prié de ne pas critiquer...
Et j'ai compris Isa d'avoir dévoilé l'hypocrisie de ces gens de la haute qui prétendent vouloir nous guider, nous imposer notre façon de vivre sous la férule de lois iniques et scélérates. Allez voir le magnifique film japonais le mal n'existe pas et son superbe héros Takumi. Sans avoir l'air d'y toucher, cet ermite des bois nous console de la démence du monde.
Et Madame Mimi est décédée le lendemain de ma visite, j'ai retenu sa dernière phrase : "C'est la fin".
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