La lecture est une aide considérable à laquelle trop de personnes n’ont pas recours. Elles se coupent ainsi d’une réalité mentale souvent beaucoup plus importante que ce que l’on nomme « la réalité ».
(Jocelyne François, Car vous ne savez ni le jour, ni l’heure, Journal 2008-2018, Les Moments littéraires, 2022)
Je me suis remis à lire des poètes et à écrire des poèmes : c’est le "Printemps des poètes" ; en ce moment, et avec mon ami Thierry, on a proposé des lectures de poèmes au Centre social du quartier, à deux pas de chez moi et à la Maison protestante de retraite (en fait, un Ehpad, très proche aussi). On a commencé mardi dernier par une lecture pour adultes au Centre social, avant de continuer pour les enfants mercredi prochain, et achever par les personnes âgées le vendredi 22 mars.
Notre succès a été faible (en nombre, l’information a été insuffisante) pour les adultes, mais les rares personnes présentes ont apprécié, et ça a donné lieu à des échanges intéressants. Par contre, pour les enfants, nous aurons un public "captif", ceux qui viennent le mercredi après-midi au Centre social. Là, je crains davantage le trop grand nombre et le chahut potentiel. J’étais hier au vernissage de l’exposition des dessins d’enfants du Centre, suivi d’un petit spectacle de leurs danses, et je dois dire que c’était assez bruyant. Comme la poésie fait un peu peur, on prévoit aussi de lire ou dire des contes.
À la Maison de retraite, on m’a demandé en outre si j’étais partant pour devenir un lecteur particulier pour une vieille dame de 103 ans, aveugle, qui ne peut plus lire, mais souhaite qu’on lui lise des romans qu’elle a lus dans sa jeunesse. Il faut d’abord que je la rencontre, que je vois les titres qu’elle voudrait que je lui lise, et au cas où je ne les aurais jamais lus, que j’en prenne connaissance d’abord. Un nouveau défi pour moi, et un lien à créer avec cette dame.
Parmi les livres de poésie que j’ai récemment lus, il y a celui de Jean-Claude Pirotte que j’ai redécouvert récemment dans mes livres de poètes (comme ceux en prose, ils sont nombreux à ne pas avoir été lus, pourvu que je tienne le coup pour les écluser tous !). Pourtant, j’aime beaucoup celui qui fut un grand ami de Claude Andrzejewski, un de mes jeunes amis, qui lui a consacré un superbe livre : Un ami trop trop grand (cf mon blog du 20 décembre 2022). Je vous propose deux courts poèmes pour vous donner une idée de ce grand poète (et prosateur) belge extraits du recueil Revermont, édité au Temps qu’il fait, l’excellent éditeur de Cognac.
réussirai-je un jour à faire
un hors-d’œuvre de mes dix doigts
j’entends d’ici gronder ma mère
tu ne fais pas ce que tu dois
que ce soit dehors ou dedans
c’est le chef-d’œuvre qu’elle attend
ou peut-être rien c’est plus sage
de me cacher sur son passage
ainsi l’autruche que je suis
ne voit pas ce regard féroce
qui même la nuit me poursuit
et me décharne et me désosse
* * *
je ne connais ni les oiseaux
ni les fleurs ni les arbres
je me connais encore moins
je me cherche dans les décombres
et je me perds dans les chemins
où je ne croise que des ombres
je ne suis qu’un drôle d’oiseau
c’était l’opinion de ma mère
qui connaissait tous les oiseaux
toutes les fleurs et tous les arbres
et qui prédisait les désastres
elle me conduisait au zoo
afin de me montrer les cages
où vivent les enfants sages
Jean-Claude Pirotte
(Revermont, Le Temps qu’il fait, 2008)
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